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dimanche 27 décembre 2009

Jeddi Menguelet, cheikh Mohand, sidi Bahloul et les autres...

Les mausolées, les tombeaux et autres lieux saints de la Kabylie renouent aujourd’hui avec l’ambiance des grands jours à l’occasion de la célébration de la fête de l’Achoura, à l’instar des autres régions du pays.

Plusieurs festivités sont annoncées, en effet, ici et là, à travers les villes et villages de la région qui comptent perpétuer la tradition de fêter cet événement religieux. La Kabylie a ses propres us qu’elle a hérités de génération en génération pour marquer cette fête. On peut affirmer sans risque de nous tromper qu’elle prendra des couleurs à l’occasion.

Jeddi Menguelet, cheikh Mohand à Aïn El Hammam, sidi Hend Awanou à Larbaâ Nath Irathen, Jeddi Bahloul dans la commune d’Azazga, Akkal Abarkane du côté de Beni Douala... pour ne citer que ceux-là seront le théâtre, comme le veut la tradition, de production des troupes folkloriques (Idhebalen) qui se déploieront pendant toute la journée. Des waâda, constituées de couscous, seront également servis.

Il est à indiquer que des bœufs seront sacrifiés pour la circonstance. Les différents lieux sacrés, si l’on se réfère aux précédentes célébrations, seront certainement trop exigus pour contenir les grandes foules qui les envahiront. Jadis, pareille occasion constituait une opportunité pour les jeunes pour l’âme-sœur. Ainsi, plusieurs mariages et liens familiaux ont pris naissance à partir de ces mausolées avec leur bénédiction. Certes, les temps ont changé avec l’apparition de l’Internet, du téléphone portable, de l’évolution de la technologie, mais ces endroits demeurent des lieux de pélérinage pour des milliers de Kabyles à l’occasion de l’Achoura.

Certains n’hésitent d’ailleurs, pas à faire le déplacement des autres wilayas où ils se sont établis pour des raisons professionnelles ou autres, rien que pour visiter l’un de ces lieux.

C’est un rituel conçu comme étant sacré en Kabylie qu’on doit effectuer, et qu’on ne doit rater sous aucun prétexte.

Ainsi, des vieux, vieilles, jeunes et moins jeunes convergent à l’occasion vers ces endroits.

Qu’il vente, ou qu’il pleuve, ces pèlerins accomplissent le rituel en prenant d’assaut dès les premières lueurs du jour les lieux.

C’est dire que la Kabylie vivra aujourd’hui une journée exceptionnelle. Hier, la fête de l’Achoura a été célébrée “en famille” en Kabylie qui tient mordicus à ses traditions.

En effet, des dîners spéciaux, constitués de couscous et de viandes salées auront certainement garnies les tables des familles de la région, comme le veut la coutume.

M. O. B.

dimanche 15 novembre 2009

LA DERNIÈRE CIGARETTE DE ALI BERKENOU : Une fiction sur le marasme de la jeunesse

«Qui aurait le courage de mettre son argent dans un domaine gangrené par le piratage?»

Son deuxième film, entièrement en langue amazighe, intitulé La Dernière cigarette, n’est pas du tout passé inaperçu. Le public a apprécié cette production qui vient combler un vide en la matière. Ali Berkenou, rencontré à Tizi Ouzou, avoue que la réalisation de son film n’a pas du tout été une sinécure. Il a travaillé dans des conditions très difficiles et avec des moyens financiers plus que dérisoires. «Quand nous avons donné le premier coup de manivelle, nous disposions de 30.000 DA», révèle-t-il. Mais là où l’argent manque, la volonté peut parfois le remplacer. C’est donc la volonté conjuguée du réalisateur et de tous les comédiens qui a permis au film La Dernière cigarette de voir le jour. Le film de 66 minutes a nécessité deux années entières de travail. Le film raconte le marasme de la jeunesse dans le milieu rural kabyle. L’auteur du scénario a voulu mettre en exergue les facteurs qui incitent les jeunes au suicide, entre autres l’absence de communication dans nos familles. Amar, le personnage principal décide de se suicider pour des tas de raisons. A chaque fois qu’il est contrarié, il fume une cigarette qui le rapproche de plus en plus du geste fatidique. Le long métrage a été tourné au village Ikharbane, dans la région de Maâtkas, wilaya de Tizi Ouzou. C’est un ancien comédien et notaire, à savoir Abderrahmane Kamel qui a financé la location de la caméra. Ce dernier a joué le rôle de Menache dans la Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh, adapté du roman de Mouloud Mammeri. D’autres scènes du film ont été jouées à Djemâa Saharidj et dans la ville de Tizi Ouzou, précise le réalisateur, qui ajoute qu’une fois visionné, le film était parfait sauf en matière de prise de son. Des lacunes y avaient été relevées. C’est difficilement qu’il a été possible de corriger ce problème qui aurait pu faire évaporer un travail de si longue haleine. Finalement, la bande a pu être récupérée et retravaillée. A la sortie du film, les cinéphiles ont salué les efforts du réalisateur et des comédiens qui ont pu produire un tel travail avec si peu de moyens. Ali Berkenou nous confie, que certains spectateurs lui ont reproché la faiblesse des dialogues. Il répond que c’est la trame du film qui a exigé un tel scénario. Le personnage principal est un candidat au suicide, autiste de son état. Il était de ce fait introverti et peu communicatif. En outre, le cinéma est plus un langage de l’image. Ce film a participé à l’édition 2008 de Sétif du Festival du film amazigh. Le problème du piratage a également touché Le Dernière cigarette. A peine a-t-il été produit en DVD qu’il a fait l’objet de piratage. Le film s’est vendu et se vend encore à 80 DA sur les trottoirs. Le réalisateur déplore ces actes et dit qu’il aurait souhaité récupérer un peu d’argent afin de récompenser les comédiens qui ont travaillé sans contrepartie. Ali Berkenou a déjà produit une première fiction ayant été primée en 2002 lors du Festival du film amazigh d’Oran. Le film est intitulé D awal kan. C’est ce film qui lui a permis d’ouvrir une brèche vers le cinéma amazigh. Ali Berkenou est actuellement sur un nouveau projet de film, intitulé Le chant des cigales. Il avoue que le film, dans notre pays, n’est pas rentable du tout. «Il n’existe pas de producteurs et c’est tout à fait normal. Qui aurait le courage de mettre son argent dans un domaine gangrené par le piratage? Nous exerçons ce métier beaucoup plus par passion et par amour», conclut Ali Berkenou.

Aomar MOHELLEBI

jeudi 5 novembre 2009

Entretien avec Dr Mohamed Mansouri, directeur général du CHU de Mohamed-Nedir (Tizi-Ouzou)

A la tête de l’une des structures hospitalières les plus importantes du centre du payas, M. Mansouri, s’est investi, depuis son arrivée à Tizi-Ouzou dans le renforcement des capacités du CHU Mohamed-Nedir, tout en se lançant le défi d’ouvrir de nouveaux services pour de nouvelles spécialités. Dans cet entretien, il revient sur la très palpable mutation qu’a conne l’hôpital, que ce soit en matière de capacité d’accueil, d’utilisation de technologie de pointe dans la chirurgie, de la relance de la recherche spécifiée et appliquée, ainsi que des embûches (très nombreuses) qui contraignent la structure et l’empêche de se développer comme voulu et programmé par la direction.

La Dépêche de Kabylie : D’emblée, pouvez-vous nous faire la présentation du CHU Mohamed-Nedir, ses capacités d’accueil, les différents services, ses effectifs.

Le centre hospitalo-universitaire de Tizi-Ouzou est un établissement à vocation régionale englobant les wilayas limitrophes par un bassin de population avoisinant 3,2 millions d’habitants et couvrant certaines disciplines comme la cardiologie, l’oncologie, la sérologie avec prise en charge de malades émanant de nombreuses autres wilaya du pays.

Avec 890 lits techniques, il est passé à 1100 lits organisés et de 31 services à 42 services englobant ainsi l’ensemble des disciplines médico-chirurgicales de biologie, de radiologie et autres explorations.

Le personnel exerçant au niveau de l’établissement avoisine les 250 travailleurs avec 16 professeurs, 120 maîtres assistants, 140 médecins spécialistes, 280 résidants et 870 paramédicaux, sans tenir compte des recrutements prévus pour l’année 2009. L’établissement offre des soins hautement spécialisés, il assure la formation d’environ 250 médecins généralistes par une centaine de spécialistes.

On croit savoir, et c’est de l’avis de beaucoup d’observateurs, que le CHU est sorti des sentiers battus des années passées depuis votre prise en main. Quelles ont été les mesures urgentes prises et ou se situaient les blocages ?


Il est vrai que la dynamique mise en place accompagnée par une volonté de bien faire de l’établissement (médicaux, paramédicaux, technique, administratif et corps commun) a permis d’impulser les changements nécessaires. En effet, dévoyée de ses véritables missions, l’établissement avait subi toutes les dérives, avec toutes les conséquences que vous connaissez. De ce fait, notre premier souci était de rétablir ses véritables missions : il s’agissait de remettre en place une organisation des différents responsables de l’établissement, avec leurs tâches, missions et objectifs ; de mettre en place de projets de services, et d’un projet d’établissement qui constituerait le tableau de bord voire le plan direction de l’établissement avec recensement des différentes insuffisances, moyens, structures et ressources humaines (audit) ; de rétablir la confiance auprès de la population (accueil, information, lutte contre les évacuations abusives, le racket des malades... Cette opération a débuté dès mon arrivée, fin 2003, et obéi a des orientations fixé par la réforme hospitalière.

La première étape a consisté en une mise à niveau de la structure en constituant deux unités (Nédir et Belloua), d’une unité de consultations et d’une clinique dentaire de 50 fauteuils qui a abouti en 3 ans à une remise à niveau de l’ensemble des services sur le plan infrastructure.

La deuxième étape a consisté a mettre en place des équipements nécessaires à une concrétisation des objectifs diagnostique, thérapeutique et de formation par l’acquisition d’équipements de dernière génération, en concentrant le maximum d’efforts sur les urgences médico-chirurgicales qui constituaient le talon d’Achille de l’activité de l’établissement. De toutes ces dernières, elle n’a pas bien sûr était facile, car la résistance au changement a été notre lot quotidien pour les blocages. Il s’agit d’une résistance au changement basé sur la rigueur, la discipline, le respect d’horaires, la lutte contre la dilapidation, et le détournement de malades, l’évaluation de l’activité, l’écoute du citoyen, et la prise en charge de ses doléances.

Peut-on connaître approximative le nombre de malades qui se présentent au CHU ? et de quelles pathologies souffrent-ils en dominance ?

En matière de statistiques, je peux vous assurer qu’aujourd’hui le CHU de Tizi-Ouzou a une activité très intense. L’amélioration de la prestation de soins, le développement de nouvelles activités, la présence de nombreuses compétences ont fait qu’aujourd’hui le taux d’occupation des lits avoisine les 100% pour l’ensemble des services, taux qui était de 55% en 2004. A titre d’exemple, l’établissement a pris en charge en 2009 environ 1200 malades pour le seul service d’oncologie médicale, 300 pace-maker ont été placés en cardiologie, 150 actes de cardiologie interventionnelle. La table n’a été installée qu’en juillet 2009. 140 cancers du sein opérés, 20 implants cochléaire mis en place, 10 malades porteurs du cancer du larynx, 140 cas de sclérose en plaque, toute la chirurgie du rachis traumatique et la chirurgie réparatrice osseuse, 2000 interventions de chirurgie infantile dont une grande partie réparatrice. L’établissement réalise chaque année 18 à 20 greffes rénales, et ce, depuis l’année 2006, 30 greffes de cornée par an. 180 insuffisants rénaux sont pris en charge, toute la neuro-traumatologie des quatre wilayas avec un service de réanimation chirurgicale et de réanimation médicale, et de toxicologie. 300 urgences par jour. L’activité d’urologie présente aujourd’hui une grande place dans la prise en charge de certains cancers de la vessie, de la prostate et a permis avec l’apport de nouvelles techniques acquises par l’équipe d’arriver à des techniques non invasives et à des résultats très appréciables. Ainsi la plupart des services bénéficient aujourd’hui de la présence de compétences qui leur ont permis de développer des activités hautement spécialisées.

C’est le cas de la cardiologie qui a actuellement mis en place toutes les techniques non invasives de traitement des pathologies lourdes (troubles du rythme, coronaropathie…). Beaucoup d’autres services se penchent actuellement sur les pathologies émergentes et les conséquences de beaucoup d’autres maladies dites du développement : AVC, cancérologie, diabète, HTA…

De ce fait, le service de neurologie à mis en place une organisation pour la prise en charge des AVC, de la maladie d’Alzheimer. Quant à la pathologie la plus dominante, les données restent celles de l’ensemble du pays ; toutefois, il y a lieu de préciser que certaines données épidémiologiques font ressortir certains chiffres. Pour le cancer du sein, le cancer du colo-rectal, le diabète sont en deça des données nationales.

A ce titre, le CHU dispose d’un service de sénologie (120 cancers du sein sont opérés chaque année).

Quelles sont les nouveautés apportées au CHU en matière d’équipements modernes, afin de faire face aux urgences et besoins médicaux ?

En réalité, il s’agissait de faire remplir à l’établissement ses missions de centre de référence destiné à assurer les soins hautement spécialisés, une formation de qualité et d’impulser la recherche pour les les services existants. La mise à niveau a été un impératif suivie de la mise en place d’un projet de service et d’objectifs tracé avec les chefs de service concernés.

Pour les services qui n’existaient pas, leur création à vu le jour en 2007-2008 et 2009. Il s’agit de la chirurgie cancérologique gynécologique, l’oncologie médicale, la cytogénétique, la transplantation, la cardiologie interventionnelle, la gastro-entérologie et prochainement la chirurgie thoracique. Il y a lieu de préciser que pas moins de 110 milliards de centimes ont été investis dans l’achat d’équipements dont 40 milliards uniquement pour les équipements d’imagerie médicale (scanner, IRM, tables de radiologie spécialisée, table de cathétérisme, echodoppler…). L’ensemble des blocs opératoires a été refait avec mise en place d’équipements neufs et de dernière génération. Le plateau de biologie a lui aussi bénéficié d’un apport considérable en moyens. L’ORL et l’ophtalmologie ont bénéficié d’équipements modernes permettant toutes les techniques.

La cardiologie a bénéficié d’une table de cathétérisme qui permet aujourd’hui le diagnostic et le traitement de pathologies lourdes de manière non invasive.

Peut-en connaître l’enveloppe budgétaire annuelle allouée au fonctionnement du CHU et sa répartition aux services et des pathologies signalées ?

L’enveloppe budgétaire de l’établissement est assez conséquente et en une progression qui a permis à ce jour à l’établissement de remplir ses missions. A titre d’exemple : uniquement dans le médicament, la consommation de l’établissement est de 140 milliards de centimes ; pour les équipements, pas moins de 20 milliards de centimes sont consommés chaque année. De même, les moyens ont suivi pour la concrétisation de toutes les instructions relatives à l’amélioration des conditions d’hospitalisation et de restauration du malade.

La répartition de l’enveloppe obéit à des chapitres de la nomenclature budgétaire et qui tient compte du nombre de lits et de l’activité. Toutefois, le développement d’activités et la mise en place d’objectifs autour des affectations spécifiques sont bien suivis. Les programmes de réduction de transfert à l’étranger et la prise en charge des maladies orphelines ont bénéficié d’affectation budgétaire conséquente. A titre d’exemple : 40 milliards sont consentis uniquement pour les produits de chimiothérapie pour le traitement des différents cancers.

Qu’en est-il du projet de l’hôpital régional à la wilaya de Tizi-Ouzou ?

Certes, le CHU devient exigu, mais la wilaya a bénéficié de nombreux projets d’appoint tels que le centre de désintoxication et d’un hôpital de jour.

Pourquoi des malades, sont, quelquefois déviés pour des interventions chirurgicales vers des cliniques privées ?

Beaucoup a été fait pour lutter contre ces dérives et les résultats sont aujourd’hui palpables.

Je peux vous assurer que le personnel est aujourd’hui convaincu de sa mission qu’il assure avec sérieux, honnêteté et abnégation. Il reste que quelque rares cas continuent à entacher la noble mission, notamment dans certaines activités d’exploration et de chirurgie. Des mesures coercitive ont été mises en place et ont abouti à sanctionner certains. Ce serait mentir que de vous dire que les dérives ont totalement disparu, mais elles restent aujourd’hui minimes et isolées. Les concernés sont connus, ce sont eux qui tentent d’entraver le changement. Ce qu’il faut faire ? Les textes sont clairs, les lois de la République sont claires. Elles s’appliqueront à chaque fois que de tels cas seront constatés.

Votre avis sur la réforme de la politique hospitalière ?

La réforme hospitalière comme la réforme du système de santé constituent des préalables indispensables à l’amélioration de la qualité de soins. On a beau dire, les résultats sont là. Regardez les incidences des maladies transmissibles, les programmes de prévention, l’espérance de vie des Algériens qui a atteint aujourd’hui 79 ans. Donc une nette amélioration de la santé.

Ces réformes nécessitent la participation de tous. L’objectif étant un système de soins équitable, accessible à tous et de qualité

Entretien réalisé par Khaled Zahem

mardi 3 novembre 2009

UN COMMERÇANT KIDNAPPÉ PAR DES TERRORISTES PUIS RELÂCHÉ GRÂCE À LA MOBILISATION DES HOMMES DE SON VILLAGE

Le terrorisme islamiste prospère aussi à l’ombre de nos lâchetés. Il déguerpit et bat traîtreusement en retraite là où se signalent les résistances citoyennes. Les villageois d’Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, qui viennent de libérer l’un des leurs fait otage depuis vendredi par le GSPC, en apportent, une fois de plus, la preuve.

Sofiane Aït-Iflis Alger (Le Soir)- Les villageois d’Iflissen conjuguent au présent la bravoure légendaire de leurs aieux. L’honneur est sauf. En se mobilisant comme un seul homme pour la libération de T. Abdallah, hôtelier à Issenadjène, enlevé vendredi dernier par un groupe de terroristes, ils redonnent ses titres de noblesse à la résistance citoyenne contre le terrorisme. Il était temps.

Les sbires du sinistre Droukdel commençaient dangereusement à avoir pignon sur montagne, écumant les maquis, tuant, enlevant et rançonnant en toute impunité. Que de victimes ont été enlevées et exécutées, d’autres faites otages plusieurs jours durant avant d’être libérées contre paiement de rançons, dans l’indifférence citoyenne ! Partout, en Kabylie et ailleurs, la vigilance et la résistance étaient gagnées par la flétrissure, sommées qu’elles étaient de s’éteindre pour ne pas gêner la réconciliation nationale. Il était temps que quelques bravoures rallument la flamme de la résistance, tant la politique de la main tendue a raté de faire revenir la paix.

C’est fait désormais avec cette leçon de mobilisation des villageois d’Iflissen après l’enlèvement d’un des leurs. T. Abdallah a regagné son foyer et les siens sain et sauf et sans verser la caution de 700 millions de centimes réclamée par ses ravisseurs. Il ne doit rien à la réconciliation nationale. Son salut, il le doit aux villageois qui exigèrent sa libération immédiate et sans condition. Il le doit aux 2 000 mobilisés qui passèrent au peigne fin les maquis environnants. C’est grâce à cette mobilisation, que la peur a changé de camp. Qui ne se souvient de cet automne 1994 où la Kabylie s’est soulevée pour exiger la libération du chanteur et militant identitaire Matoub Lounès.

Enlevé par le GIA dans la nuit du 25 septembre, dans un bar à Takhoukht, Matoub Lounès a été relâché le 10 octobre de la même année, soit après 16 jours de captivité. La résistance citoyenne a été à l’époque salutaire pour Matoub Lounès. Elle l’a été également ces jours-ci pour ce citoyen d’Issenadjène. Combien d’autres vies auraient été sauvées si le credo de la résistance avait était maintenu tel qu’il a été suggéré et enseigné par les habitants d’Igoudjdal qui, durant la nuit du 31 juillet 1994, défendèrent vaillamment leur village contre un groupe de terroristes ? Beaucoup, pour sûr.

Car, là où essaiment les résistances populaires, le terrorisme fuit, abdique et se love dans sa lâcheté. Si la résistance n’avait pas faibli, bousculée par la réconciliation nationale, qui, il faut le dire, a démoralisé, pour ne pas dire désarmé les patriotes, peut-être que l’Algérie se serait déjà sortie définitivement de l’enfer terroriste.

S. A. I.

DES MILLIERS DE PERSONNES LIBÈRENT SANS CONDITIONS UN OTAGE

La leçon citoyenne des Iflissen

Les citoyens n’ont pas cédé au chantage

Les faits interviennent au moment même où l’Algérie lance une initiative au plan international en appelant les Occidentaux à ne pas payer de rançons aux terroristes. Quelle belle leçon des Iflissen!

Quelques heures après la réunion qui a regroupé les représentants du arch des Iflissen, les ravisseurs d’un propriétaire du bar-restaurant ont cédé et relâché leur victime sans payer aucune rançon. Il a été récupéré aux alentours de son village lssennajen dans la nuit de dimanche à lundi, vers 22h, sain et sauf et en bonne santé. En effet, la mobilisation des villageois a vite eu l’effet boule de neige dès le lendemain matin de l’enlèvement. Tôt dans la matinée, les représentants des villages de la commune d’Iflissen se sont réunis pour apporter leur soutien à la victime et sa famille.

La décision de ne pas se soumettre au diktat des ravisseurs a été prise dans l’après-midi et la mobilisation s’est spontanément transformée en une action de recherche dans la forêt. Des citoyens se sont, par milliers, rendus dans le massif forestier situé entre Tigzirt et Azeffoun en vue de récupérer la victime par tous les moyens. Dans la soirée, d’autres villages sont venus de Tigzirt pour se joindre à l’action du arch des Iflissen déjà en cours.
La tension était à son comble dans la nuit. Les villageois ne laissaient transparaître aucune volonté de se laisser faire ou de céder à la pression. Selon nos sources, les représentants du village ont clairement signifié aux ravisseurs leur refus de payer la rançon demandée et qui s’élevait à 700 millions de centimes. Vers 20h, la nouvelle de la libération du propriétaire du bar-restaurant est tombée. Il sera récupéré vers 22h par des membres de sa famille non loin de son village sans avoir versé une quelconque somme d’argent.

Toutefois, l’heureuse fin de cet enlèvement met clairement à l’avant-plan le rôle encore important de la mobilisation citoyenne que certains n’ont pas cessé de qualifier d’archaïque. Après s’être soulevé face à la hogra durant les événements du Printemps noir 2001, la même mobilisation se dresse encore une fois devant l’insécurité qui règne dans la région.
C’est en effet dans cette situation de chaos sécuritaire que les habitants de la région viennent démontrer qu’ils sont porteurs d’une citoyenneté prête à se défendre et pourquoi pas à s’organiser et s’insérer sans complexe aucun dans la modernité.

De toute évidence, la même organisation peut aussi venir à bout de beaucoup de situations conflictuelles en ces temps où la tension apparaît dans tous les domaines.

L’importance de cette mobilisation, qui a toujours existé pour défendre les individus, apparaît au vu de l’actualité. Des villages ont refusé de payer une rançon au moment même où l’Etat algérien vient de lancer une initiative au plan international en appelant notamment les pays occidentaux de ne pas payer les rançons demandées par des terroristes en contrepartie de la libération de leurs compatriotes. Notons également que la mobilisation des villageois à If1isen n’est pas unique.

Bien avant, des villages aux Ouadhias ont donné la même réponse aux ravisseurs. Un rassemblement et un sit-in s’étaient spontanément tenus le lendemain de l’enlèvement devant le domicile du citoyen de la région. Les représentants affirmaient ce jour-là que d’autres actions étaient prévues pour la libération de la victime.

A Aït Toudert dans la région des Ouacifs, les villageois d’Izerrouken ont tenu un sit-in et une marche populaire pour dénoncer l’insécurité qui paralyse leur localité. Ils demanderont des armes pour se défendre.

Cette action est venue au lendemain du kidnapping d’un commerçant qui sera libéré quelques jours plus tard. Ainsi, le message était on ne peut plus clair à savoir que les villageois ne peuvent se laisser faire indéfiniment face au diktat de quelque groupe qui soit. Semer la terreur parmi la population peut faire émerger des réflexes de self-défense capables de renverser bien des situations.

La mobilisation citoyenne est un signal que la société civile peut s’organiser et même se défendre en cas de danger suprême. N’est-ce pas que c’est dans le village d’Igoujdal dans la commune d’Azzeffoun que le premier groupe d’autodéfense est né en 1994 quand le terrorisme bombait le torse?

Cette initiative a été ensuite reprise à travers tout le territoire national pour aboutir à la constitution des gardes communaux.

Kamel BOUDJADI

LE FŒHN DE MOULOUD MAMERI ADAPTÉ AU THÉÂTRE À BÉJAÏA

Un nouvel hommage à celui qui fut l’un des fils les plus érudits de la littérature algérienne

C’est une manière comme une autre de faire lire Mammeri.

L’âme de Amusnaw continue à planer sur la vie culturelle du pays telle une fée bienfaitrice. Cette fois-ci, c’est le Le Foehn qui souffle, comme l’indique son nom, comme un vent chaud, réchauffant les planches du théâtre de Béjaïa, avec cette sortie fracassante et réussie, du metteur en scène Djamel Abdelli, et ce, au regard de l’accueil enthousiaste que lui a réservé le public, embarqué du tout début jusqu’à la fin. C’est une manière comme une autre de faire lire Mammeri, qui a pris au fil des années les allures d’un véritable rite, et, pour beaucoup, un moment très attendu pour rendre un nouvel hommage à celui qui fut l’un des fils les plus érudits de la littérature algérienne.

Nouée autour de la thématique de la guerre d’indépendance et soutenue par une superbe interprétation des comédiens, qui tout en étant facétieux ont su rendre la gravité du contexte historique, la chronique a captivé et ému.

L’histoire se déroule en plein bataille d’Alger et met en scène un jeune résistant, arrêté au moment même où il s’apprêtait à commettre un attentat contre un officier de l’armée coloniale. Emprisonné, torturé, humilié, il finit «ses épreuves» auprès de sa cible manquée qui l’interrogera vainement afin de lui soutirer des aveux. Peine perdue. Tarik tint bon, bien que se sachant voué au peloton d’exécution.

De guerre lasse, et au terme d’une parodie de procès, son captif finit en effet par donner l’ordre de le passer par les armes. La trame fort émouvante a surtout valu par la qualité du discours livré et par le truchement duquel autant Mouloud Mammeri que Djamel Abdelli interroge non seulement l’histoire mais aborde l’aspect manichéen voire philosophique de la vie. Déclamés, alternativement en kabyle et en français, les dialogues sont passés avec une fluidité étonnante et ont restitué, dans un décor pourtant loin de l’ambiance des tranchées ou des casernes, toute l’ampleur et la force du drame qui se jouait.

En fait, face à l’amplitude de la révolution qui a soufflé comme un foehn, ce vent du sud qui sévit principalement dans les alpes en Suisse, le colonialisme a perdu le sens de la mesure. Il en est devenu fou à l’image du procès mis en place pour juger Tarik et de la fin à laquelle a eu droit son bourreau...il en a tout simplement perdu la tête.

Le foehn a été écrit dans sa première version en 1957, mais a été réécrit par l’auteur ultérieurement pendant son exil en 1958. C’est seulement en 1967, que la pièce a été montée, en français, pour la première fois au TNA, dans une mise en scène conduite par Jean-Marie Boeglin, et dans laquelle furent distribués entre autres Sid-Ahmed Agoumi et Keltoum.

La question du manque de scénario se pose souvent. Mais hélas, elle se pose dans des situations particulières. Pour le meilleur ou pour le pire. Il y a plusieurs écrivains algériens, qui ont prouvé leur talent, dont les oeuvres sont interprétées par une de ces lignées humaines qui se sont construites, ici même, en Algérie. Il y a des auteurs qui sont construits de ça, qui construisent de ça et pour ça. Alors pourquoi ne pas mettre en valeur leurs oeuvres adaptables pour le cinéma et le théâtre?...

Idir AMMOUR

dimanche 1 novembre 2009

FARID FERRAGUI : «Je n’ai jamais triché avec mon public»

A partir du 22 novembre prochain, Farid Ferragui entame une tournée qui le conduira dans plusieurs villes. Après un silence de trois ans, il rebondit sans être vraiment parti. En plus de la série de spectacles qu’il prévoit, Farid Ferragui annonce la sortie de son prochain album.
Comme toujours, le thème de l’amour aura la part du lion. Mais d’autres sujets liés à l’actualité sociale et politique figureront aussi dans ce nouveau produit. Farid Ferragui a marqué plusieurs générations par ses chansons mélancoliques et sa voix triste.
Même s’il fait pleurer ses fans, ces derniers ne cessent de se ressourcer à travers ses chansons éternelles. Ecouter Farid Ferragui est toujours d’actualité même si les thèmes qu’il aborde et la manière d’aimer de l’époque n’existent peut-être plus. Sauf pour les plus nostalgiques.

L’Expression: Vous vous êtes éclipsé de la scène depuis trois ans. A quoi est dû ce long silence?
Farid Ferragui: Effective-ment, ma dernière tournée a eu lieu début 2007. Mon dernier album est aussi sorti durant la même année. Depuis mes premiers pas dans la chanson, je ne me suis jamais efforcé de faire les choses. Quand l’inspiration est là, je compose et j’écris, sinon je mène tranquillement ma vie de famille.
Quand je ne suis pas poussé par les événements, je ne compose pas. Ce sont les événements que je vis quotidiennement qui constituent la matière de mes chansons. Je reçois ces événements douloureux en plein dans ma chair puis, avec le recul, je les traduis en poèmes et en mélodies.
Je ne vis pas la chanson comme un métier. C’est plus une maladie qui s’aggrave en la soignant. Je pense que mon public s’est habitué à ma méthode de travail. Mes fans savent comment je fonctionne.
Je me suis déjà absenté de la scène pendant dix ans et à mon retour, en 2000, j’ai été agréablement surpris que le public ne m’a point oublié.
Mon public est un ami, ce n’est pas la fréquence des rencontres qui mesure une amitié mais c’est plutôt la fidélité et la sincérité. Et je pense que là-dessus, aucun problème ne se pose entre mes fans et moi.
Je préfère conserver le silence pendant deux à trois années pour offrir à mon public des chansons dans les règles de l’art et aussi, afin d’éviter la redondance.
Même si mon public m’oublie, je crois que je l’ai marqué à travers de longues années que nous avons partagées. C’est une passion que j’ai vécue avec lui.

Vous revenez à partir du 22 novembre prochain avec une nouvelle tournée. Pouvez-vous nous en parler?
Est-ce qu’on peut l’appeler tournée? J’ai essayé d’apporter une méthode de travail dans l’organisation de spectacles qui répond aux critères du professionnalisme moderne. Malheureusement, plusieurs obstacles empêchent cette démarche de s’inscrire dans la durée.
En l’absence de véritables boîtes d’organisation de spectacles, cette méthode de travail est vouée à l’échec. Il faut qu’on soit réalistes.
Dans mes spectacles précédents, j’ai été le financier principal et je me suis occupé personnellement de tous les détails de l’organisation jusqu’aux sandwichs à partager avec mes musiciens. C’était un rythme infernal que je ne pourrais plus assumer. Cette fois-ci, je me limiterai à ma mission, celle de chanter.

Revenons à votre tournée, si vous permettez.
Il s’agira d’une tournée négociée et limitée. J’ai un premier récital à l’espace Reuily de Paris pour le 22 novembre. Puis, deux à trois spectacles à la Maison de la culture de Tizi Ouzou à partir du 16 décembre prochain. Je me produirai aussi dans les villes habituelles: Béjaïa, Bordj Bou Arréridj, Alger et probablement Oran. J’essayerai d’y être. Je reste ouvert à toutes les propositions.
Mais ce n’est plus à moi d’organiser comme je le faisais dans le passé. S’il y avait des boîtes privées professionnelles, j’aurais préféré, travailler avec elles. Ça aurait été mieux. En France aussi, j’ai reçu pas mal de propositions. Les dates de tous les spectacles seront communiquées en temps opportun.

Votre nouvel album sortira-t-il à l’occasion de cette tournée?
L’album est presque fini. Mais dans ma méthode de travail, je peux tout remettre en cause et redémarrer à zéro. Si tout va bien, le CD sortira en mars ou avril. Je n’ai pas de problème de producteur. J’étais bousculé par les problèmes de la vie.
C’est ce qui a engendré ce retard. Il y a aussi le souci de perfection qui me rend les choses plus difficiles: Pour cet album, je dois encore prendre un peu de temps pour mieux revoir les choses.

Qu’en est-il des thèmes abordés dans ce nouveau produit?
Une partie est réservée aux chansons d’amour comme d’habitude. Il y en aura trois. D’autres chansons sociales et politiques y figureront. Le titre de l’album est extrait de l’une des chansons.
C’est toujours une expression, qui sort de l’ordinaire et qui n’a pas été employée, qui sert d’intitulé à mes albums, comme c’est le cas de l’album de 2007: Le Fleuve de la vie.

Vous chantez toujours avec le même style, ne pensez-vous pas au changement, surtout que certains de vos admirateurs ne cessent de vous interpeller à ce sujet?
Je crois sincèrement que si quelqu’un change de style, il change lui-même. Changer de style signifie qu’on n’a jamais été soi-même.
Ce que je dis là peut paraître sévère mais c’est ma propre conviction. Personnellement, je ne songe pas à changer de style. Si un jour mon public cessait de m’écouter, j’arrêterai tout simplement de chanter.
Je reste dans la chanson mélancolique. Chaque artiste détient son propre style et chaque mélomane aime un genre donné. Il ne faudrait pas chercher à imposer des styles au détriment de la diversité. C’est vrai que certains de mes fans n’arrêtent pas de me le demander.
Je respecte beaucoup leur choix. Pour leur faire plaisir, j’essayerai un jour de mettre plus d’instruments dans une ou deux chansons, je verrai ce que cela donnerait comme effet.

Vous êtes connu pour avoir comme compagnon fidèle votre luth.
Quand j’ai commencé mon parcours, en 1981, je chantais avec une guitare. J’ai utilisé le luth uniquement dans les chansons rythmées comme Tamghart et Yehfa u Dariw.
Ce n’est que dans les années quatre-vingt-dix que j’ai opté carrément pour le luth. Depuis ces années, je n’ai plus touché à la guitare. Mon instrument fétiche est le luth.

Quel regard portez-vous sur la situation déplorable de la chanson kabyle actuellement? Que pensez-vous de l’absence de relève et du terrain accaparé par les chanteurs connus sous le nom «non-stop»?
Les chansons pour se défouler doivent exister. C’est tout à fait normal. Ce qui est regrettable, en revanche, c’est l’absence de création. Se limiter aux reprises et tomber dans le réchauffé ne fera pas avancer la chanson kabyle d’un iota. De cette manière, il ne peut pas y avoir de relève.
Ceci dit, il ne faut pas s’alarmer non plus. Les chansons classiques et thématiques sont immortelles. Elles auront toujours ceux qui les écouteront. J’insiste que les médias jouent un rôle très important dans le domaine de la promotion de la chanson de qualité.
Toutefois, ce phénomène n’est pas spécifique à l’Algérie. A l’étranger aussi, une multitude de groupes aspirent à quelque chose. Le temps finit par faire le reste. En France, par exemple, les constances musicales restent Brel, Piaf, Moustaki et les autres chanteurs de même stature.

Revenons à vous. En 2011, vous allez commémorer vos trente ans de carrière. Faites-nous un bilan du chemin parcouru.
J’ai donné ce que je peux. Je n’ai jamais triché avec mon public. Même quand je m’absente, c’est dans le souci de ne pas le décevoir.
Mes fans sont conscients de cela. Sur le plan de la production, je suis satisfait mais j’aurais souhaité donner plus sur scène.
Le peu de spectacles que j’ai animés, c’était des galas de qualité. Je n’ai pas lésiné sur les moyens ni sur les efforts afin de pouvoir tout le temps être à la hauteur. La presse m’a beaucoup encouragé et aidé.
Les journalistes ont donné une autre dimension à ce que je faisais. Je regrette énormément l’absence d’infrastructures culturelles dans des villes de Kabylie.
Autrement, j’aurais pu chanter sans interruption pendant une quinzaine de jours en faisant toutes les régions. C’est bien d’organiser des festivals, mais ce serait beaucoup mieux d’investir dans des projets culturels durables.

N’avez-vous pas l’intention d`enregistrer, de nouveau, vos belles chansons, comme Agouni n tayri, Ayid, Xa hemlaghk?
Depuis longtemps, cette idée existe dans ma tête. C’est une question de temps. Je le ferai. J’insiste qu’il faille que je fasse du bon travail. Et pour pouvoir y parvenir, il faut éviter de bâcler. Il faudrait que toutes les conditions soient rassemblées pour ce faire.

Qu’en est-il des produits audiovisuels?
C’est le même problème. Pour réaliser un travail de qualité, il faut une conjugaison d’efforts entre plusieurs professionnels. II faut aussi prendre du temps afin de pouvoir aboutir à des clips de qualité. Pour l’instant, nous sommes en train d’apporter les dernières retouches, avec mon producteur «Ifri-Music» à l’enregistrement des spectacles de 2007.
Je revoie régulièrement les enregistrements. En principe, leur sortie en CD ne saurait tarder.

Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI

Entretien avec Tassadit Yacine : “Jean Amrouche est présent au Sila, c’est bien, mais maintenant, c’est au public de l’honorer”

La Dépêche de Kabylie : Le journal de Jean El-Mouhoub Amrouche que vous avez édité est présent dans ce Sila.


Tassadit Yacine : Je suis d’abord heureuse d’être là. Je suis très contente que Jean Amrouche soit présent dans ce salon, donc dans son pays d’origine. Ce livre sort chez Alpha et j’espère simplement qu’il sera lu et largement diffusé.


Concernant son prix de vente, Alpha le propose durant ce salon pour 1 000 DA. Peut-on dire que vu son volume, son contenu et son importance, ce journal est accessible à tout le monde ?


Je ne connais pas le prix moyen du livre. C‘est vrai que c’est un gros livre, c’est vrai que c’est un gros travail et que le prix de 1 000 n’est pas trop cher. Mais, si on pouvait baisser encore un peu plus le prix, ce serait encore mieux, car le contenu de ce livre est indispensable à une diffusion la plus large possible.


Comment avez-vous fait pour ramasser tout ce trésor inestimable ?


Cela fait quand même longtemps que j’ai commencé à y travailler, une bonne quinzaine d’années. En fait, j’ai commencé par éditer Chants Berbères de Kabylie puisque la famille Amrouche m’avait remis les textes en Kabyle qu’il a fallu transcrire également en Français. C’est donc à cette époque que Pierre Amrouche m’a remis donc ce journal dans l’espoir de l’éditer un jour. C’est un manuscrit de 1000 pages qui nécessitait donc un travail énorme. Mais, dès le départ, nous avions décidé que le journal suivrait après Chants Berbères de Kabylie.


C‘était, en quelque sorte une manière de compléter ce que nous savons de Jean Amrouche.


Pensez-vous que la présence de Jean El Mouhoub Amrouche dans un salon officiel et institutionnalisé ouvrira la voie à sa réhabilitation ? Par exemple, la maison de la culture de Bgayet porte bien le nom de Taos Amrouche sans pour autant que cela soit officiel.

Je vais vous dire une chose : Il faut être positif car quand on fait un premier pas vers l’ouverture et la reconnaissance, je trouve que c’est bien car c’était un tabou qui est déjà levé que ce soit de manière officielle ou autre. Bon, concernant ce salon, la porte n’a pas été ouverte uniquement pour Jean Amrouche. En ce qui le concerne, il est présent et c’est bien comme ça, mais maintenant, c’est au public de l’honorer.


A propos de public, le journal de Jean El Mouhoub Amrouche est très attendu à Bgayet et vous êtes même demandé pour refaire un café littéraire et une vente-dédicace spécialement pour cela.


Je prends rendez-vous dès maintenant. J’aimerais bien venir à Bgayet avant la mi-décembre pourvu que l’on se mette d’accord à l’avance, c’est tout. En tout cas, si on arrive à faire une vente-dédicace à Bgayet, je serais très contente parce que j’aurai beaucoup de temps et cela me permettra même d’en parler avec des étudiants et universitaires aussi. Car il faut savoir qu’ici au SILA, il y a tellement de monde, de conférences et un programme très chargé et je n’ai pas assez de temps car le temps est limité.


Laissons donc le public découvrir Le Journal de Jean El-Mouhoub Amrouche. En attendant, avez-vous un message à transmettre aux Kabyles ?


Un message ? Oui : Il faut honorer la culture. Jean El Mouhoub Amrouche en fait partie et c’est tout un monde qu’il faut visiter.


Propos recueillis par A. S.

samedi 31 octobre 2009

Meksa : 21 ans déjà !

Cette fois, le travail est plus modernisé avec l’introduction du piano, de la guitare basse et de la batterie. Avant de s’arrêtr, l’enfant de Mira produira, en 1982, “Amnekcham” et se consacrera à son travail d’information. Il décidera, par la suite, de revenir en registrant l’album qu’il n’aura pas le temps mettre, de son vivant, sur le marché puisque le destin en décidera autrement. En effet, Abdelkader Meksa enregistrera “Amaghar Azemni” contenant, entre autres, “Ayelli” et “Tamila” en juillet 1988, quelques mois à peine avant sa disparition tragique...

Sinistre fut le 31 octobre 1988 pour la culture kabyle, et pour cause ! Abdelkader Meksa disparaissait, en effet, dans un tragique accident de la circulation en France alors qu’il n’avait que 34 ans et qu’il venait d’enregistrer son 4e album “Amghar Azemni” signant ainsi son retour sur la scène artistique après un silence qui a duré depuis la sortie de son album “Amnekcham” en 1982.

L’enfant de Mira (Ath Djennad) commence sa carrière comme comédien à la Radio Chaîne II avant de se lancer dans la chanson. D’ailleurs, la première, Loundja, eut tout de suite un grand succès : c’était en 1973. Deux ans plus tard, Abdelkader Meksa Bouclera son premier album qui contient, justement, Loundja et d’autres titres qui ont eu énormément de succès tels que Assif Assif, Anzar et Tafsut : en tout, cet album contient huit chansons.

Deux années plus tard, Meksa reviendra avec un deuxième album, intitulé “Messinissa” et contenant également Zelgoum, Tagrawla, Arzaz t-tzizwa et Tafunast Igujilen. Cette fois, le travail est plus modernisé avec l’introductin du piano, de la guitare basse et de la batterie. Avant de s’arrêtr, l’enfant de Mira produira, en 1982, “Amnekcham” et se consacrera à son travail d’information.

Il décidera, par la suite, de revenir en registrant l’album qu’il n’aura pas le temps mettre, de son vivant, sur le marché puisque le destin en décidera autrement. En effet, Abdelkader Meksa enregistrera “Amaghar Azemni” contenant, entre autres, “Ayelli” et “Tamila” en juillet 1988, quelques mois à peine avant sa disparition tragique... D’ailleurs, à propos de sa mort, sa famille parle plutôt d’assassinat raciste.

En attendant, depuis la disparition de Meksa, l’ENTV n’a jamais daigné passer ses enregistrements pourtant diffusés de son vivant : Pourquoi ? Pire encore, à sa mort, seules les revues Actualités de l’émigration et Révolution africaine lui ont rendu hommage en novembre 1988.

Amastan S.

mardi 27 octobre 2009

Hommage à Medjahed Hamid : “Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons”

Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée que Medjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporelles sont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical, chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées.

L’hommage rendu hier à l’artiste polyvalent Medjahed Hamid était exemplaire. Une sympathique réception a été organisée en son honneur, au cours de laquelle, l’artiste a rencontré ses amis qu’il n’a pas revu depuis une dizaine années. La cérémonie a été marquée par une présence remarquable des différentes figures artistiques algériennes. Qu’ils soient, chanteurs, musiciens ou comédiens, ils étaient tous présent pour dire un seul mot à Medjahed Hamid «Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons». L’association «El Marhada» de Aïn Benian qui a concocté cet hommage, a accueilli pour sa part, des chanteurs pour puiser à cette occasion dans le répertoire du chantre de l’amazighité. La commémoration était certes organisée par l’association «El Marhaba», et a été parrainée par l’Office national des droits d’auteurs (ONDA).

Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée que Medjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporelles sont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical, chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées. De nombreux chanteurs de renom se succéderont sur scène, venus spécialement pour participer à l’événement. L’hommage aura ainsi ciblé une musique amazighe dans sa richesse et sa variété. Le coup d’envoi de cette célébration a été donné par le chanteur Izoran, en chantant l’une de ses meilleures chansons. Suivi par les autres chanteurs et chanteuses, parmi eux, on peut citer Louiza, Nouara, ldjida thamchtouht, Ahcene Abassi, Farid Faragui, ….et d’autres «voir les impressions ». L’ambiance était familiale et conviviale en même temps. Très ému, Medjahed Hamid n’a pas cessé, tout au long de la soirée, d’exprimer ses remerciements à ses invités et aux organisateurs de cet événement. Avec les invités et ses amis qu’il a reçus dans cette salle de fête, il s’est remémoré le long parcours, riche en bons… et en moins bons souvenirs. Une demi-journée consacrée à cet homme de la chanson Kabyle n’était pas suffisante pour remémorer dans ses moult détails une nostalgie commune, gravée dans la mémoire de cette famille artistique.

Akli Slimani

Medjahed Hamid : “Ma joie est immense”

La Dépêche de Kabylie : Après quarante ans de chansons, un humble hommage vous a été rendu aujourd’hui. Un hommage qui a regroupé la famille artistique dans cette salle a Aïn Benian, quelle est votre première impression ?

Medjahed Hamid : J’ai un sentiment de fierté, et c’est un double hommage parce que celui-ci me permet de revoir des amis que je n’ai pas vu depuis plus de vingt ans.

Et je suis fier d’être honoré par l’association «El Marhaba » de Aïn Benaïn, qui ont essayé de me contacter depuis plus d’une année, pour préparer cet hommage, et c’est plein d’émotion que je suis là, à la rencontre des amis artistes, comédiens musiciens que j ai invités.

Donc, j’ai invité pour cette occasion certains chanteurs que chacun chante une chanson. Parmi eux, les jeunes de la nouvelle génération, et les anciens bien évidemment.

Pour l’occasion, certains chanteurs qui ont passé dans votre émission radiophonique «Igneyen Uzeka» sont bien présents aujourd’hui, pour assister à votre hommage. Que pourriez-vous dire à ce sujet ?

Et ben voilà, c’est une occasion pour eux de se faire connaître parmi les anciens chanteurs. Je pense que c’est une bonne chose pour eux.

Apres ce long parcours dans la chanson Kabyle, comme animateur d’une émission qui a beaucoup contribué à la découverte de nouvelles voix. Quel sentiment ressentez-vous aujourd’hui ?

Comblé tout simplement, et je peux dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et mon plaisir est deux fois plus immense, et deux fois plus grand, car une association de Ain Benian a pensé à moi.

Leur geste est vraiment émouvant. Normalement, il y a d’autres organismes d’Etat, et d’autres institutions qui ont les capacités pour le faire, mais la chance n’a pas été avec moi, ce sont toujours de petites gens qui se souviennent de leur semblables. Et c’est avec plaisir, que j’ai répondu favorablement à cet événement.

Vous venez de reprendre, il y a quelques mois votre émission à la radio chaîne II, et qui s’intitule Ithran, est ce que l’objectif est resté le même, c'est-à-dire à la recherche de nouvelles voix ?

Bien sûr, j’ai repris l’émission depuis une année, d’où ont émergé deux chanteuses et huit chanteurs, dommage q’une chanteuse s’est absentée pour empêchements familiaux. Pourtant, elle chante bien, car c’est une aubaine pour elle de se faire connaître par tous les artistes. Donc, ces chanteurs savent ce qu’ils ont gagné.

Propos recueillis par A. S.

Hamid Medjahed : Le parcours d’un précurseur

Il est aussi difficile de parler d’un artiste polyvalent qui a réussi à marquer de son empreinte la chanson kabyle surtout lorsqu’on parle d’un grand chanteur tel Hamid Medjahed, né en 1949 à la Casbah (Alger). Originaire d’Ichelladhen, à Akbou, ou il n’a jamais coupé les liens. L’enfant de la Casbah s’intéressa depuis son très jeune âgée à la musique, notamment le Châabi, le style le plus répandu à cette époque. Après une longue durée d’essai, il tenta son premier passage à la radio algérienne Chaîne II en juin 1969. L’émission où il a été programmé s’intitule "le Music-hall dhi Mejdahed Radio" animée par Mehenni et Acherouf Idir, et réalisé par Kamel Hamadi. Une entrée bien annoncée pour Hamid Mejdahed. Il a réussi à enregistrer à la chaîne II, sa première chanson en décembre 1969 qui s’intitule "Ayghar Lakhdaa" (pourquoi la trahison). L’enregistrement était assuré par un orchestre dirigé à cette époque par Maâti Bachir. Par la suite, le chanteur à poursuivit son chemin d’artiste, avec les différents chefs d’orchestre de la Radio. Son répertoire est composé aujourd’hui d’une quarantaine de chansons toutes enregistrées à la radio. Les chefs d’orchestres ayant travaillé avec Medjahed Hamid sont nombreux. Citons parmi eux : Maati Bachir, Teyssir Aklah, Alaine Touhami, Ammari Maamar, Abdallah Kerriou, Mohamed Guechoud, Mohamed Mokhtari, Chérif Kortebi, Mahmoud Aziz ….et d’autres. Il a composé également plusieurs opérettes dont "Assegas Aachrine" de Meziane Rachid et une autre opérette. "Génération après génération", animée par Ben Mokhtar. Le parcours de Medjahed Hamid est ainsi marqué par l’aide qu’il a constamment apporté aux chanteurs et chanteuses kabyles. Il a composé plusieurs chansons aux chanteurs et chanteuses qui l’ont sollicité. Certains d’entre eux ont pu réussir au fil des ans à s’imposer dans la scène artistique. La liste est longue mais on peut citer à l’occasion Nouara, Djida, Mouloud Habib, Aït Meslayen, Abdelkader Meksa, Méziane Rachid, Tawès…etc.

Il a participé bénévolement en qualité de musicien dans les studios d’enregistrement, Il a guidé et orienté un grand nombre de chanteurs. Ces derniers vautraient ses qualités en tant qu’artiste. Ses œuvres témoigneront de ce qu’il est. Medjhed Hamid n’a jamais voulu éditer ses chansons sur le marché, partant sur le fait que c’est aux éditeurs de le solliciter et non le contraire. Ce n’est que 38 ans plus tard et sur l’insistance de son public qu’il a enfin accepté d’éditer trois volumes englobant une vingtaine des ses meilleurs chansons. Actuellement, il prépare l’édition du quatrième volume qui sera composé de plusieurs chansons inédites.

Hormis le chanteur, Hamid Medjhed a également et surtout était un animateur. Il a produit plusieurs émissions radiophoniques à la Chaîne II, dont la fameuse émission “Ighneyen Uzeka" les chanteurs de demain. La particularité de cette émission comme le témoignent certains chanteurs était la franchise de Medjahed Hamid. L’animateur était d’un franc-parler devant ses invités. Il s’exprime en toute franchise sur le produit présenté par les hôtes de son émission. Cette émission remonte déjà à une vingtaine d’années, d’où ont émergé plusieurs chanteurs amateurs devenus actuellement des vedettes incontournables. Aussi, il exerce son rôle de conseiller à l’égard des nouveaux chanteurs qui passent lors des différentes émissions diffusées à l’écran de la télévision algérienne. A présent, Medjahed Hamid continue sans cesse de défendre farouchement l’art pour l’art. Par sa franchise, il considère toujours que l’art ne fait vivre que celui qui le pratique.

Akli Slimani

Réactions :

Ldjida Thamachtohth, chanteuse : "On a travaillé ensemble, Il m’a fait des compositions "

“Hamid Medjahed est un grand chanteur, c'est notre frère, je lui souhaite longue vie et beaucoup de réussite dans son parcours qui est encore long. Il a beaucoup donné à la chanson kabyle, on a travaillé ensemble, il m’a fait des compositions. Je lui souhaite bonne santé et réussite, car c'est ce qui compte dans la vie.”

Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité : ''Hamid, on a encore besoin de tes chansons''

“La mémoire des hommes est oublieuse, on a tendance à oublier rapidement ceux qui ont servi l'Algérie, quel que soit le domaine d'activité. Je tiens donc à remercier l’association qui a pris cette initiative. Hamid n’a pas fait la chanson pour de l'argent, c'est de l'art pour l'art. Il a formé beaucoup de jeunes talents. Quand on écoute ses chansons, on a l'impression qu'il s'adresse directement à nous, ce qui n'est pas le cas pour d'autres chanteurs, surtout de la nouvelle vague que j'appelle des chanteurs fast-food, car ils utilisent l’électronique, pas comme Hamid, Aït Menguelet, Matoub Lounès, Akli Yahiyaten, Farid Ferragui, Si Moh... Hamid, on a encore besoin de tes chansons. Elles ont bercé ma jeunesse, notamment la chanson Kem".

Abdelmadjid Meskoud, chanteur : ''Hamid est un vrai moudjahid, je le lui dit aujourd'hui''

“C'est avec un grand plaisir que j'assiste, à cet hommage, rendu à ce grand chanteur. Hamid Medjahed m’a invité. Je suis là aujourd'hui pour lui, il mérite plus que cela. Car il a beaucoup chanté, et c'est un vrai régisseur à la télévision. Hamid est un vrai moudjahid. Je le lui dit aujourd'hui, toutes mes félicitations. Je te souhaite une longue vie.”

Lani Rabah, chanteur : “Il a tracé le chemin de différents chanteurs”

“Da Hamid est un grand chanteur et un bon conseiller. Il a réalisé beaucoup d'émissions radiophoniques, bien que ces dernières années il ait pris du recul. Da Hamid a tracé le chemin de différents chanteurs, c'est un honneur pour moi. J'ai les larmes aux yeux, parce que Da Hamid mérite un vibrant hommage. Le mérite revient à ces associations qui déterrent les grands chanteurs, parce que généralement, l’hommage se fait après le décès de la personne. C'est un témoignage et une façon de l’honorer. Aujourd'hui, nous sommes très heureux d’assister à cet hommage, et je tiens à remercier cette association qui a pensé à Da Hamid. Da Hamid, je te présente toutes mes sincères félicitations, je te souhaite longue vie, que Dieu te protège ainsi que ta famille.”

Ferhat Medrouh, chanteur : "Durant 40 ans de carrière, il n’a fait que du propre"

"Je remercie La Dépêche de Kabylie qui répond toujours présente en ces occasions et qui est venu couvrir l'évènement, tout comme je remercie cette association qui a organisé cet hommage. En ce grand jour, il mérite l’honneur de 40 ans de carrière, il n’a fait que du propre, espèrons qu'il y aura d'autres hommages pour les grands artistes qui sont si nombreux. Hamid longue vie."

Wardia Aïssaoui, chanteuse : "C’est grâce à lui que j'ai appris la chanson kabyle"

“Je suis déjà une grande fan de ce grand chanteur, avant même que je ne rentre dans le monde de la chanson, j'ai appris par coeur toutes ses chansons, c'est grâce à lui et à ses chansons que j'ai appris la chanson kabyle. Hamid je te remercie pour tout ce que tu as fait, personne ne peut oublier tous ces jeunes chanteurs qui sont passés dans ton émission. Ils se sont fait un nom grâce a toi. Je n’ai pas eu la chance de passer dans l'émission de Hamid, car, quand j'ai commencé la chanson, il a arrêté son émission Ighanayen ouzaka. Merci Hamid, longue vie et mille fois encore merci.”

Meziane Izourane : "Il faut qu'il fasse beaucoup de compositions"

“Cet hommage est quelque chose de bien, je remercie l’association Marhaba de Aïn Banian. Hamid Medjahed est parmi les grands et anciens artistes kabyles, il a beaucoup donné pour la chanson kabyle, comme il a aidé cette nouvelle génération, depuis l'émission Ighanayen ouzeka, c'est un grand monsieur qui a beucoup donné pour la chanson kabyle. A chaque fois qu'il s’agit d’un chanteur kabyle, on s'unit afin que la chanson kabyle ne meure jamais. Je lui dis bon anniversaire. On t'aime très fort, il est toujours en bonne santé et peut encore donner pour la chanson kabyle, il faut qu'il fasse beaucoup de compositions.”

Salima labidi, comédien : "Il mérite beaucoup plus"

“Il mérite beaucoup plus, car il a consacré sa vie pour la chanson kabyle et la musique kabyle. Hamid, je te souhaite longue vie, que Dieu te donne une bonne santé pour que tu puisses continuer ton parcours dans le monde de la chanson.”

Nouara, chanteuse : ''Hamid est un grand et il le restera pour toujours''

“J’espère que tous nos jours seront des fêtes, et inch’Allah, beaucoup de chanteurs seront honorés. Hamid est un grand et il le restera pour toujours car il le mérite bien. Toutes mes félicitations, Je te souhaite longue vie et une bonne santé.

dimanche 25 octobre 2009

BOUALEM RABIA (ÉCRIVAIN) : «Le roman amazigh doit prendre de l’essor»

La sortie d’un roman en langue amazighe est l’événement culturel le moins fréquent dans notre pays. Les romans écrits en tamazight se comptent sur des doigts d’une seule main. Le dernier roman en tamazight a été édité il y a plus de trois ans. La sortie du roman de Boualem Rabia, Nnig Usennan (éditions l’Odyssée) ne peut pas passer inaperçue. Dans cet entretien, l’auteur, qui a déjà publié un premier livre chez le même éditeur, intitulé Florilège de poésie kabyle, parle de son livre mais donne aussi sa vision de la littérature d’expression berbère.

L’Expression: Votre premier roman est écrit en tamazight. On se serait plutôt attendu à un roman en français, compte tenu de votre longue expérience professionnelle. Pourquoi le choix de tamazight?
Boualem Rabia: Si j’ai opté pour tamazight, c’est indéniablement parce que cette langue, qui est la nôtre, a plus que jamais besoin de produire par elle et pour elle, d’avoir sa propre création scripturale. C’est pourquoi j’ai décidé ainsi et brûlé mes vaisseaux. Ce que disait Robert Randau dans la phrase suivante, est à juste titre valable pour l’expression amazighe: «Il doit y avoir une littérature nord-africaine, parce qu’un peuple qui possède sa vie propre doit posséder aussi une langue et une littérature à lui.»
Si nous voulons que notre langue ait sa place au soleil, il faut absolument qu’elle cesse d’être à la botte des autres langues dont nous usons pour nous dire, dire notre société, notre vérité d’être...Pour vivre notre culture de l’intérieur, disons-la aussi et surtout dans la beauté de notre propre langue. Certes, il y a toute une pléthore de recueils de poèmes (certains sont extraordinaires et de portée universelle) mais cela reste très insuffisant: il faut que le roman (entre autres genres) prenne de l’essor. L’épanouissement de notre culture doit tenir compte de l’incontournable création littéraire dans toute sa diversité. Pourquoi le choix de tamazight? Parce que «le Printemps berbère» et «le Printemps noir» doivent être maintenant justifiés et honorés par un réel épanouissement de notre langue, de notre culture. Question idoine pour me rappeler la célèbre sentence de Kateb Yacine: «On ne sort pas d’une révolution pour fermer sa gueule!»

Le titre de votre roman, Nnig Usennan est saisissant. Que symbolise-t-il pour vous?
Nnig Usennan (Au-dessus de l’épine) est un titre tiré d’un proverbe kabyle (tamegra nnig usennan) qui, en substance, veut dire que nulle moisson n’est acquise, si l’on n’a pas prêté ses mains et ses bras aux épines du chardon et du pa-nicaut. Un titre qui symbolise pour moi le sacrifice, l’abnégation et le désintéressement dans toute lutte pour une cause juste...Ici, il m’appartient de dire que la «question amazighe» est utilisée par beaucoup de faux militants comme un cheval de Troie. Et c’est là aussi que gît une part du problème de tamazight.

Pouvez-vous résumer la trame de votre roman?
Une trame faite de rêves parfois impraticables et de réalités amères. Comme dans toute oeuvreromanesque, l’auteur a beau le nier, même inconsciemment, il s’y reflète. Il y met sa douleur et son espoir, son amour et ses dédains, ses doutes et ses certitudes...A travers les personnages (Ba Zemni, Sedda, Wecci...) aucune pensée, aucun comportement n’est invraisemblable ou fortuit. Symboliquement, la saga d’une tribu (At Nubel) transplantée, que le doyen, le patriarche (Ba Zemni, le dépositaire de la mémoire ancestrale) tente, avant sa mort, de ramener à la source, à l’identité première.

On n’écrit pas un roman sans avoir beaucoup lu et sans avoir été influencé, voire profondément marqué par certains auteurs. Quels sont vos écrivains préférés et pourquoi?
Effectivement, je lis énormément et depuis toujours. Influencé...naturellement, je le suis par Mammeri, Kateb Yacine, Zola, Kafka, Baudelaire...Enfin, comme dirait l’autre, en citer c’est en oublier. Pourquoi? Tout sottement, peut-être, en chacun, dès ma prime jeunesse, j’ai trouvé l’outil essentiel pour sculpter une facette de mon monde intérieur.

Souvent, on présente l’écriture romanesque comme une forme de thérapie. On écrit pour ne pas subir. Etes-vous d’accord avec cette définition?
Tout à fait d’accord! J’ai toujours écrit, traduit, peint, chanté des mélopées anciennes, fait partie du fameux groupe musical des années 70-80: Yougourthen, en vue d’exorciser la solitude, l’oubli des belles choses essentielles que l’absurdité tente de dénaturer, dévitaliser, voire annihiler.

Les écrivains écrivent aussi par nostalgie. On écrit parce que les temps révolus ne pourront plus revenir et qu’on pense que le bon temps est toujours derrière nous. Ce qui n’est pas toujours le cas. Quel est votre avis?
J’écris pour refuser le désenchantement d’un environnement de plus en plus déshumanisé, quedéserte progressivement toute poésie. Oui, dans le plus clair des cas, j’écris par nostalgie. D’ailleurs, ma muse s’appelle Nostalgie.

La production romanesque en tamazight se limite à moins d’une vingtaine de romans plus ou moins sérieux. A quoi est due, d’après vous, cette faiblesse?
Triste réalité. A mon humble avis, cette carence résulte du fait que la langue amazighe est fraîche émoulue de l’oralité. Elle n’est enseignée que depuis une date très récente. Une langue multimillénaire marginalisée, frappée d’interdit sur son propre territoire! Si elle est encore parlée par des millions de Maghrébins, très peu savent l’écrire. Toutefois, s’il y a une réelle volonté des Etats concernés de promouvoir cette langue (cette culture, que l’on aurait plutôt tendance à folkloriser), ils doivent prendre des initiatives conséquentes, sincères, allant dans le sens de cette promotion, en y mettant les moyens adéquats et en visant un public plus vaste, au lieu de la cantonner dans des régions bien définies...Inutile de s’étaler là-dessus! Sinon, même si le roman est le genre littéraire qui tarde le plus à se consolider dans le domaine amazigh, l’espoir ne fait pas défaut: il existe de jeunes talents qu’il suffit d’encourager. L’effort et la volonté des écrivains amazighophones, qui écrivent dans d’autres langues, seraient d’un apport considérable dans l’usage cultivé de leur langue maternelle, pour le panorama littéraire amazigh.

Parlez-nous de votre expérience dans le domaine de la traduction. Il est très difficile de traduire du tamazight vers le français, surtout s’agissant de poésie. Comment vous vous y prenez?
C’est toujours par amour pour cette langue que j’écris ou traduis (du kabyle au français ou inversement). «Traduire, c’est trahir», dit-on. Ce n’est pas toujours faux. Mais au moins, quand on veut éviter les coups de Trafalgar dans ce domaine (poésie), l’on doit se sentir à l’aise dans les deux langues, l’on doit sentir que le souffle poétique n’est pas uniquement dans la rime, encore moins dans la traduction littérale du vers. Il faut une certaine relation charnelle avec le verbe, l’âme du verbe. C’est tout comme en musique: la chose se sent mais ne s’explique point.

Qu’en est-il de votre expérience dans les scénarios de l’audiovisuel?
Une expérience édifiante. En tout, six ou sept productions depuis les dialogues et les décors de La Montagne de Baya de A.Meddour jusqu’à H’nifa, une vie brûlée de S.Allam et R.Iftini. Il me reste quelque part un goût de déconvenue, quant aux dialogues kabyles.
Par la force des choses, on a souvent «charcuté», rendu insipide telle ou telle phrase, tel ou tel passage dans ma version kabyle, qui tente de réhabiliter un mot, une expression...Et étant perfectionniste, quant à l’expression dense mais exhaustive, c’est là toute la beauté du verbe kabyle, j’ai dû assez souvent essuyer des convenues sur le plateau ou à la sortie du film. Mais les quelques films amazighs culturellement valables ont, en dépit de tout, le mérite d’exister. Pour le reste, l’on est en train de reproduire l’hécatombe qu’a déjà subie la chanson.

Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI

jeudi 22 octobre 2009

Entretien avec Abdelaziz Hammouche : ''Il faut résider dans la capitale pour se faire connaître''

Abdelaziz Hammouche a commencé à apprendre à jouer de la guitare et à chanter en 1979. A cette époque, il avait à peine 20 ans. Dès la fin de l’année 1981, il se sent prêt à se produire sur scène comme chanteur amateur. C’est ainsi qu’il a eu à animer des galas artistiques à El-Kseur et ses environs. Avant d’avoir un répertoire, il fera comme tous les débutants, des reprises de Salah Sadaoui, Ali Yahiatène, Youcef Abjaoui, Hsissen, Dahmane El-Harrachi et, surtout, El-Hasnaoui. Ce dernier est son chanteur préféré au point qu’à El-Kseur, on l’appelle carrément El-Hasnaoui puisqu’il connaît parfaitement tout son répertoire. Quant au style qu’il a fini par adopter pour son répertoire, Abdelaziz Hammouche a choisi le Chaâbi kabyle modernisé. Primé dans plusieurs festivals et concours même s’il ne participe pas beaucoup à ce genre de manifestations culturelles, il se décide enfin à mettre sur le marché un produit. Nous l’avons rencontré à El-Kseur, dans son atelier de couture, un artiste ayant atteint une grande maturité : Il aura 50 ans le 10 novembre 2009.

La Dépêche de Kabylie : Cela fait 30 ans que vous chantez et vous avez même votre propre répertoire. N’avez-vous pas l’intention de produire ?

Abdelaziz Hammouche : Justement, je suis en train d’enregistrer un double-album de 10 chansons.

Mise à part une reprise, les neuf autres chansons datent des années 80, plus exactement entre 1982 et 1984. En fait, pour la reprise, il s’agit d’une musique marocaine à laquelle j’ai écrit mes propres paroles. Elle date de 1991.

 

Avant d’en revenir à votre répertoire, parlez-nous de cette musique marocaine que vous avez reprise.

Je l’ai faite pour moi-même et elle est destinée aux fêtes. Le chanteur marocain qui l’a composée s’appelle si je me souviens bien Mohamed El-Maghrabi.

D’ailleurs, elle a même été reprise par Akli Yahiatène et El-Aouinet. Quant au texte que j’ai écrit, je l’ai composé comme je le ressens.

 

Parlons-en maintenant de votre répertoire. Qu’est-ce qui vous a empêché de produire un album puisque ces chansons datent des années 80 ?

Pour la simple raison qu’à l’époque je ne faisais que chanter sans avoir aucune connaissance en musique. Je n’étais pas sûr de moi.

Ce n’est que depuis une dizaine d’années que mon ami Boubekeur Terki, que je considère comme étant mon maître, m’initia au solfège, aux genres et à l’histoire de la musique, et cela, après avoir étudié à l’ITE de Bouzaréah d’où il est sorti professeur de musique.

C'est-à-dire que, déjà à l’époque, vous étiez conscient que la musique est une science en plus de son côté artistique.

Exactement. Aujourd’hui, je suis capable de dire dans quelle gamme je chante par exemple. J‘ai beaucoup appris depuis dix ans.

 

A part les connaissances que vous avez acquises, que vous ont apporté ces années de perfectionnement ?

Avant de parler de perfectionnement, je vais essayer de vous résumer brièvement ma carrière. J’ai donc commencé en 1979 avec des reprises avant de créer mon propre répertoire à partir de 1982. Ensuite, il y a eu le service militaire de 1983 à 1985. A ma sortie, j’ai été occupé par la construction de ma maison sans oublier les problèmes familiaux et le travail. Il y a eu aussi mon mariage et les obligations que cela entraîne. Durant cette période, il m’est arrivé de ne pas toucher à mon instrument durant plus de six mois. Donc, il m’était impossible de me perfectionner à cette époque. C’est ainsi que ce n’est que depuis 1991 que je me suis remis sérieusement à la musique avec l’aide, comme je vous l’ai dit, de mon maître, Boubekeur Terki, que je connais depuis 1977. A l’époque déjà, nous jouions ensemble. Par la suite, il a étudié la musique à l’ITE de Bouzaréah.  La suite, vous pouvez la deviner facilement. Ce qui m’a comblé et je le tiens à vous le dire, c’est que lorsque j’ai appris les gammes et acquis une base, je me suis rendu compte que, quand même, durant les années 80, je chantais juste.  Toutefois, il y a un point que j’aimerais souligner car il me tient vraiment à cœur depuis longtemps : il faut reconnaître que mis à part les chanteurs engagés, il faut résider dans la capitale pour se faire connaître.

 

Est-ce une question de moyens, d’opportunités ou de public ?

A Alger, même avec peu de moyens, on peut faire une bonne carrière puisque tout se trouve là-bas : L’ENTV, les Radios et les écoles. Il suffit d’un dinar pour se rendre par exemple à la Chaîne 2, ce qui n’est le cas pour nous car il nous faudra beaucoup de dépenses. Constatez-le vous-même, toutes les grandes vedettes résident à Alger. Et cela n’est pas valable uniquement pour la musique. Par exemple, étant tailleur de métier et faisant de la haute couture, si je résidais à Alger, je ne peux même pas vous dire où est-ce que j’en serais aujourd’hui.

 

Vous venez de parlez d’une réalité...

Encore une fois, faites le constat vous-même. D’El-Anka à Mohamed Allaoua, toutes les grandes vedettes ont habité Alger : El-Anka, Ezzahi, Chaou… J’irai même jusqu’à prétendre que Chérif Kheddam en personne ne serait pas devenu une célébrité s’il n’était pas à Alger. Les exemples ne manquent pas.

 

Revenons-en au double album que vous êtes en train d’enregistrer. Pouvez-vous nous parlez de son contenu ?

Il y a donc les chansons que j’ai composées entre 1982 et 1983, puis celles que j’ai écrites lorsque j’étais sous les drapeaux. Ce sera donc le premier album. Le deuxième suivra quelques mois plus tard. Bon, pour les thèmes, ils sont toujours d’actualité puisqu’ils traitent de l’amour et du social. Bien entendu, il y a aussi une chanson qui traite des conditions difficiles dans lesquelles les militaires appelés passent leur service national. Maintenant pour les arrangements, mon ami et mon maître, Boubekeur Terki s’en occupe avec l’aide des musiciens qui ont une grande expérience dans ce domaine. En tout cas, je veux que cela soit un bon produit. De plus, je tiens beaucoup à ce que le premier album sorte le 10 novembre 2009 car, ce jour-là, j‘aurai 50 ans.

 

A part la musique, que faites-vous dans la vie ?

Je suis tailleur et je fais même de la haute couture. J’ai des clients qui viennent même d’Alger et de Boufarik. C’est pour cela que je vous ai dit tout à l’heure que si je résidais à Alger, je ne sais pas où est-ce que j’en serai aujourd’hui. A El-Kseur, c’est grâce au bouche à oreille que cela marche sans oublier aussi les fêtes. En effet, je fais également les robes de fiançailles et de mariages. Toutefois, je suis tailleur pour hommes et femmes. Avant d’être tailleur et jusqu’à 1987, j’étais dans l’enseignement à El-Kseur.

 

Le mot de la fin ?

Je garde un très bon souvenir du passage de Médjahed Hamid à El-Kseur en 1981. Je suis donc passé à la Chaîne 2 en interprétant une chanson d’El-Anka et "A tir El-Qefs" de Hsissen. Sinon, je ne participe pas beaucoup aux festivals. Enfin, je tiens à remercier les associations, le C-RA et l’APC de Seddouk qui m’invitent chaque année.

Propos recueillis par Amastan S.

Entretien avec Mohamed Benbaba, commissaire du festival : ''Il y aura beaucoup de surprises''


La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu du 3 au 8 décembre 2009 à la Maison de la culture Taos Amrouche de Bgayet. C’est ce que nous a déclaré Mohamed Benbaba, directeur de cet établissement qui a été nommé commissaire du festival après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Nous nous sommes rapprochés du nouveau commissaire du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles pour en savoir plus sur cette deuxième édition.

La Dépêche de Kabylie : La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu en décembre et vous avez été nommé commissaire de cette manifestation après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Pourquoi ce retard ?

Mohamed Benbaba : Effectivement, Ahmed Aici ne peut plus s’occuper de ce festival puisqu’il a d’autres tâches et un emploi du temps très chargé à la Maison de la culture de Mostaganem. Quant à moi, j’ai été nommé à sa place, par Mme la ministre de la culture,  tout récemment et vu l’importance de cette grande manifestation, les passations de consignes ont pris beaucoup de temps. Toutefois, j’estime que la date du 3 au 8 décembre 2009 est idéale puisque, juste après, le Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes sera organisé à Tamanrasset du 19 au 25 décembre 2009. En effet,  nos artistes, qui représenteront la Kabylie, seront encore frais pour le national et auront la même bravoure à Tamanrasset.

 

En dehors du concours, que comptez-vous faire durant cette deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles ?

Personnellement, j’ai mon idée et ma vision. Ce sera un grand festival. Le jour de l’ouverture, il y aura un grand défilé de la place Gueydon à la Maison de la culture avec des artistes qui vont porter des masques de grandes figures de la chanson kabyle. C’est ainsi que la population de Bgayet verra, par exemple, un Slimane Azem marcher durant ce défilé et entrer à la Maison de la culture. Nous allons confectionner une vingtaine de masques pour les artistes qui ont beaucoup donné à la chanson kabyle. De plus, la façade de la Maison de la culture sera relookée. Ce sera une citadelle. A l’intérieur, nous souhaitons également exposer l’histoire de la musique de l’époque grecque à nos jours… etc. En tout cas, il y aura beaucoup de surprises. J’ai un autre objectif qui consiste à faire participer la population à ce festival, pas uniquement en tant que spectatrice.

 

Cela est vraiment nouveau. Vous venez de parlez des grandes figures de la chanson kabyles. Justement, comptez-vous inviter celles qui sont encore vivantes, comme Kamal Hamadi, Chérif Kheddam, Ferhat Mehenni, Malika Domrane, Idir… etc. ?

Nous allons inviter tout le monde. Ce sera à eux d’accepter ou de décliner l’invitation. Personnellement, j’aimerais bien que les artistes kabyles qui sont à l’étranger reviennent au bercail.

 

Il y a aussi le colloque qui a eu lieu durant la première édition du Festival en partenariat avec le commissariat du film amazigh. Sera-t-il maintenu ?

Non seulement il sera maintenu, mais il y aura aussi des ateliers pour les artistes. Cette deuxième édition verra également la présence de grands musicologues, de docteurs et d’académiciens qui donneront des conférences. Je vous le répète encore, il y aura beaucoup de surprises.

 

Et côté moyens, est-ce que le ministère de la Culture et la wilaya de Bgayet se sont impliqués comme cela ce fut le cas l’année passée ?

Oui. Ils attachent beaucoup d’importance à ce festival. Ils ont toujours été à nos côtés durant toutes les manifestations culturelles importantes.

 

Le mois de décembre n’est pas loin. Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Nous avons déjà élaboré un programme provisoire et nous continuons à contacter ceux que nous voulons ramener pour animer ce festival. Donc, en plus des docteurs en musicologie et académiciens qui auront à animer les conférences, le jury sera aussi composé de spécialistes de cette trempe car il faut donner plus de crédibilité à ce festival.

 

Pour conclure ?

J’aimerais bien faire participer la population de Bgayet, pas uniquement comme spectatrice mais aussi comme actrice. Quant au programme, je n’ai pas voulu le divulguer entièrement car je tiens à réserver au public de grosses surprises lors de l’ouverture et la clôture du festival.

 

Entretien réalisé par Amastan S.

mardi 20 octobre 2009

Boudjima (Tizi Ouzou) : La commune oubliée


En été comme en hiver, les citoyens de Boudjima ont développé une patience très particulière, celle de vivre sans eau !? Malgré que cette municipalité se trouve à 30 km, seulement, du fameux barrage de Taksebt, l’alimentation en eau potable reste son problème fondamental. Tenez-vous bien, la population n’est desservie, généralement, qu’une fois par semaine.

Or, les gens ont payé les compteurs, contre près de 3000 DA et reçoivent les factures régulièrement de l’ADE. Ainsi l’Algérienne des eaux réclame à ses abonnés « d’office », 300 DA d’abonnement chaque mois pour une eau qu’il n’auront pas eu. Toutefois, l’eau se fait vraiment précieuse. Les robinets sont oxydés à force de l’absence de ce liquide inestimable. En outre, la plupart des conduites sont anciennes et les fuites surviennent d’une manière régulière. En attendant de résoudre l’embarras de l’eau définitivement, les citoyens refusent de payer leurs factures. « Tant que je n’aurai pas de l’eau quotidiennement à domicile, je ne payerai pas un sou », déclare un habitant, en colère. Outre la défaillance dans la dotation de l’eau, ladite commune se débat dans des problèmes qu’on n’arrive guère à dénouer. Juste après ce problème majeur, les campagnards se plaignent des coupures d’électricité et des chutes de tension répétées. D’ailleurs, ils accusent la Sonelgaz de délestage durant la saison de la grande chaleur. Un quinquagénaire souligne : « Ils font exprès de nous couper l’électricité pour permettre aux grandes villes de l’avoir, c’est toujours nous, les montagnards, qui payons la mal-gérance dans ce pays. » Pour régler ce problème, les autorités locales ont alerté la Sonelgaz.

Depuis, la situation s’est améliorée. Néanmoins on signale souvent des coupures de courant de courte durée et des chutes de tension. Les clients de cette société nationale la mettent en garde contre une situation semblable durant l’hiver prochain. Dans le même sillage, la localité de Boudjima est privée de l’une des commodités les plus élémentaires, à savoir l’alimentation en gaz de ville. Pour cela, les foyers utilisent le gaz butane. La bouteille est cédée contre 220 DA par les dépôts et les stations Naftal existants dans la commune. Ce qui fait un fardeau de plus sur les bourses moyennes et modestes, très nombreuses, dans cette contrée. En plus, la bouteille du butane fait l’objet de spéculations à chaque saison hivernale. Le raccordement au réseau de gaz de ville reste le rêve. Aucune personne dans cette circonscription ne songe à voir un tel projet se réaliser dans les quelques années à venir. « Du gaz de ville à Boudjima ? Même pas dans les rêves ! », s’exclame un jeune étudiant. Paradoxalement, la canalisation, conçue pour alimenter la commune limitrophe de Ouaguenoun, est fin prête.

Chômage galopant

Le réseau routier est également dans un mauvais état. Les routes dépourvues de fossés et de caniveaux deviennent impraticables durant certaines périodes de l’année. De plus, on note l’inexistence complète des trottoirs dans toutes les routes, même au chef-lieu de cette localité. Quoique plusieurs pistes aient bénéficié des projets communaux de revêtement, plusieurs quartiers s’indignent de la façon dont la mairie a désigné les priorités des pistes à bitumer. « C’est irresponsable de la part de l’APC de ne pas permettre le bitumage du chemin reliant notre quartier à Ldjamaâ Oumzug et Tighiltarkisth. Pourtant, ce projet une fois réalisé, permettra de désenclaver tout un village, sinistré a chaque fois que quelques gouttes tombent du ciel. Il permettra aussi, à certains propriétaires de garages de les transformer en locaux commerciaux fleurissants, une activité presque absente dans le village. Des fonctionnaires de l’urbanisme sont venus plusieurs fois pour prendre les mesures mais sans donner une suite jusqu’à maintenant », s’agace un habitant du quartier Thissiraydou.

Sur un autre volet, des grands villages tels qu’Assekren, Afir et Tarihant réclament l’achèvement de la ligne téléphonique limitée, depuis des années, au chef-lieu de la commune et ses environs. Malgré la couverture excellente des réseaux de la téléphonie mobile, les jeunes de ces villages veulent bénéficier des services qu’offre la téléphonie fixe dans notre pays. Particulièrement, ils désirent s’abonner à Internet, l’ADSL de préférence. « Étant accro à l’Internet, je suis obligé de me déplacer chaque jour au chef-lieu de la commune pour me connecter dans un cybercafé. Sans oublier que ceci me coûte, aussi, une petite fortune », explique Madjid, un jeune passionné de la toile virtuelle. Ce service des télécommunications est devenu le seul refuge pour les jeunes et les chômeurs, en l’absence d’infrastructures culturelles et sportives et la persistance du chômage.

Ce fléau généré par une exclusion sociale pousse de plus en plus les jeunes, vers les zones urbaines (Tigzirt, Tizi Ouzou et Alger). Ils cherchent d’autres alternatives, quasi inexistantes dans leur localité, pour un cadre de vie meilleur. Un retraité de la fonction publique rétorque : « Tout le monde veut quitter cette misère. Les étudiants n’attendent que leurs diplômes pour partir ailleurs, très loin d’ici. Les autres se débrouillent n’importe comment pour avoir un visa qui leur permettra de rallier l’occident. Si ça continue comme ça, il ne restera que les vieux et les enfants dans notre commune. » Quelques jeunes artisans et commerçants dénoncent, également, le laxisme et le laisser-aller des responsables concernant le projet des « locaux du président ». Ils n’ont eu aucune trace de ladite formule depuis que le président de la République l’a annoncée. On note aussi que les bénéficiaires des logements ruraux qualifient d’« une lenteur exagérée » les procédures pour l’octroi de l’aide à l’auto-construction. En matière d’éducation, les citoyens réclament le transport scolaire pour leurs enfants et le chauffage dans les salles de classes. Les parents espèrent aussi, dans le moyen terme, avoir un nouveau lycée. Le lycée de Boudjima est, en fait, un ensemble de chalets préfabriqués dépassés par le temps. La moindre petite neige ou goutte d’eau renvoit les lycéens chez eux. Le secteur de la santé, quant à lui, est en état de latence. Bien qu’il y ait un dispensaire, les malades souffrent le martyre. Pour une simple urgence, une radiographie médicale, une prise sanguine ou simplement pour avoir une carte de groupage, il faut se déplacer vers Tikoubaïne, le secteur sanitaire le plus proche.

Un minimum de commodités

Concernant le domaine du siècle, l’environnement, les habitants des frontières forestières de Sahel crient : « Halte au génocide contre la nature verte et pure de Yaffadjen. » Cette petite mechta, « la porte des oliviers », est réduite à une simple décharge publique. Jour après jour, les images de cette belle nature vont disparaître et la chance de boire de l’eau pure dans un petit lac, de la forêt de Sahel, se volatilisera dans l’air, tout pourri, tout pollué. Plus grave encore, on a pensé même à l’élargir pour qu’elle puisse recevoir les ordures de toute la région !? Pourtant Sahel comme Cheriâa au nord peuvent devenir un grand pôle du développement rural générateur de plusieurs postes de travail. Les responsables ont négligé leurs capacités touristiques ; les magnifiques scènes de Cheriâa et les sites paradisiaques de Sahel. En exploitant correctement toutes leurs richesses, Sahel et Cheriâa ont les moyens de se transformer en joyaux touristiques et agricoles qui pourraient, à eux seuls, éradiquer le chômage et tout ce qui s’en suit. Dans ce sens, l’APC a initié une vaine campagne de mise en valeur, gratuite, des terres agricoles de la région.

Néanmoins, c’est une bonne voie pour tenter de réanimer l’agriculture locale qui était très forte avec ses terres fertiles et son oliveraie. En attendant que la politique du bricolage s’arrête et qu’on se mette au travail sérieux, les citoyens de Boudjima exigent des autorités locales plus d’attention pour leurs carences. « Nous ne demandons pas un miracle, juste le minimum de commodités pour un cadre de vie décent et faire revivre, dans nos cœurs, l’esprit de la citoyenneté et la fierté de l’appartenance à un pays libre et si riche », soutient un moudjahid de la région. De la sorte, Les gens retrouveront, peut-être, le sourire perdu, il y a longtemps. Ils étaient jusque-là inquiets par le règne de l’insécurité. Plusieurs quartiers sont devenus le fief des agressions, la consommation de la drogue et la vente illicite des boissons alcoolisées. Certes, cette situation s’est compliquée davantage depuis les événements de Kabylie de 2001. Toutefois, elle est le résultat logique de l’état d’une population désespérée et agacée par la dégradation incessante du cadre de vie sociale. Mais elle est, surtout, l’œuvre d’une jeunesse effrayée par un avenir sombre.

Par Samir Ghezlaoui

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