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dimanche 6 septembre 2009

Aïn El Hammam : L’euro fait vivre de nombreuses familles


Sans l’apport des pensions de retraite ou des aides des émigrés, la misère aurait frappé une bonne partie de la population de Aïn El Hammam, une région touchée de plein fouet par le chômage

Chaque matin que Dieu fait, des dizaines de personnes, tous sexes confondus, se présentent “aux acheteurs des devises” pour s’enquérir du cours du jour.

“Douze-dix (12,10%) pour l’espèce, douze (12%) pour le chèque”, annonce laconiquement l’un d’eux. Parfois, il se confond en explications du genre “pour cent euros, je vous remets un million et dix mille (centimes, cela s’entend)”.

La majorité des clients est composée de personnes âgées. Ce sont soit des retraités ayant fait leur carrière de l’autre côté de la Méditerranée ou, moins nombreux, des parents d’émigrés qui envoient mensuellement quelques billets au patriarche. Souvent, on vient échanger quelques centaines d’euros pour les dépenses courantes.

Les détenteurs de grosses sommes sont rares. Ils se manifestent discrètement, après moult précautions de peur d’être agressés. Ils balbutient quelques mots avant de procéder à l’opération. Les jeunes enfants sont aussi initiés à ce genre de marché.

Ils viennent directement prendre la contrepartie d’un billet (généralement de vingt euros) dont les ont gratifiés leurs parents de là bas, ils exhibent fièrement leur argent comme si cette monnaie leur donnait une sorte de pouvoir magique.

Le marche, parallèle bien que considéré comme illégale represente tout de même une rente non négligeable pour beaucoup de familles.

Sans cet apport, peu de maisons auraient vu le jour, le long des sentiers escarpés de la montagne. Si les conséquences du chômage ne sont pas visibles entièrement et la pauvreté moins présente, c’est grâce à ces “douze pour cent” qui contribuent beaucoup à la survie de la région. Ceux qui en profitent ne s’en cachent pas.

“J’ai travaillé dur pendant trente-cinq ans. Sans le change parallèle, ma pension suffirait juste à assurer le pain quotidien”, raconte un ancien mineur.

Un retraité rencontré à la poste, nous dit fièrement qu’avec ses cinq années d’exercice en France, il perçoit une pension plusieurs fois supérieure à celle qu’on lui octroie pour vingt-cinq ans de travail dans une entreprise nationale. Les démunis fascinés par le pouvoir de l’euro n’aspirent qu’à une seule chose : partir, eux aussi. Ils sont rares, les jeunes de Michelet qui n’ont pas postulé, un jour ou l’autre au départ. Et lorsqu’ils traversent la Méditerranée, c’est pour ne plus revenir.

A. O. T.

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