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jeudi 22 octobre 2009

Entretien avec Abdelaziz Hammouche : ''Il faut résider dans la capitale pour se faire connaître''

Abdelaziz Hammouche a commencé à apprendre à jouer de la guitare et à chanter en 1979. A cette époque, il avait à peine 20 ans. Dès la fin de l’année 1981, il se sent prêt à se produire sur scène comme chanteur amateur. C’est ainsi qu’il a eu à animer des galas artistiques à El-Kseur et ses environs. Avant d’avoir un répertoire, il fera comme tous les débutants, des reprises de Salah Sadaoui, Ali Yahiatène, Youcef Abjaoui, Hsissen, Dahmane El-Harrachi et, surtout, El-Hasnaoui. Ce dernier est son chanteur préféré au point qu’à El-Kseur, on l’appelle carrément El-Hasnaoui puisqu’il connaît parfaitement tout son répertoire. Quant au style qu’il a fini par adopter pour son répertoire, Abdelaziz Hammouche a choisi le Chaâbi kabyle modernisé. Primé dans plusieurs festivals et concours même s’il ne participe pas beaucoup à ce genre de manifestations culturelles, il se décide enfin à mettre sur le marché un produit. Nous l’avons rencontré à El-Kseur, dans son atelier de couture, un artiste ayant atteint une grande maturité : Il aura 50 ans le 10 novembre 2009.

La Dépêche de Kabylie : Cela fait 30 ans que vous chantez et vous avez même votre propre répertoire. N’avez-vous pas l’intention de produire ?

Abdelaziz Hammouche : Justement, je suis en train d’enregistrer un double-album de 10 chansons.

Mise à part une reprise, les neuf autres chansons datent des années 80, plus exactement entre 1982 et 1984. En fait, pour la reprise, il s’agit d’une musique marocaine à laquelle j’ai écrit mes propres paroles. Elle date de 1991.

 

Avant d’en revenir à votre répertoire, parlez-nous de cette musique marocaine que vous avez reprise.

Je l’ai faite pour moi-même et elle est destinée aux fêtes. Le chanteur marocain qui l’a composée s’appelle si je me souviens bien Mohamed El-Maghrabi.

D’ailleurs, elle a même été reprise par Akli Yahiatène et El-Aouinet. Quant au texte que j’ai écrit, je l’ai composé comme je le ressens.

 

Parlons-en maintenant de votre répertoire. Qu’est-ce qui vous a empêché de produire un album puisque ces chansons datent des années 80 ?

Pour la simple raison qu’à l’époque je ne faisais que chanter sans avoir aucune connaissance en musique. Je n’étais pas sûr de moi.

Ce n’est que depuis une dizaine d’années que mon ami Boubekeur Terki, que je considère comme étant mon maître, m’initia au solfège, aux genres et à l’histoire de la musique, et cela, après avoir étudié à l’ITE de Bouzaréah d’où il est sorti professeur de musique.

C'est-à-dire que, déjà à l’époque, vous étiez conscient que la musique est une science en plus de son côté artistique.

Exactement. Aujourd’hui, je suis capable de dire dans quelle gamme je chante par exemple. J‘ai beaucoup appris depuis dix ans.

 

A part les connaissances que vous avez acquises, que vous ont apporté ces années de perfectionnement ?

Avant de parler de perfectionnement, je vais essayer de vous résumer brièvement ma carrière. J’ai donc commencé en 1979 avec des reprises avant de créer mon propre répertoire à partir de 1982. Ensuite, il y a eu le service militaire de 1983 à 1985. A ma sortie, j’ai été occupé par la construction de ma maison sans oublier les problèmes familiaux et le travail. Il y a eu aussi mon mariage et les obligations que cela entraîne. Durant cette période, il m’est arrivé de ne pas toucher à mon instrument durant plus de six mois. Donc, il m’était impossible de me perfectionner à cette époque. C’est ainsi que ce n’est que depuis 1991 que je me suis remis sérieusement à la musique avec l’aide, comme je vous l’ai dit, de mon maître, Boubekeur Terki, que je connais depuis 1977. A l’époque déjà, nous jouions ensemble. Par la suite, il a étudié la musique à l’ITE de Bouzaréah.  La suite, vous pouvez la deviner facilement. Ce qui m’a comblé et je le tiens à vous le dire, c’est que lorsque j’ai appris les gammes et acquis une base, je me suis rendu compte que, quand même, durant les années 80, je chantais juste.  Toutefois, il y a un point que j’aimerais souligner car il me tient vraiment à cœur depuis longtemps : il faut reconnaître que mis à part les chanteurs engagés, il faut résider dans la capitale pour se faire connaître.

 

Est-ce une question de moyens, d’opportunités ou de public ?

A Alger, même avec peu de moyens, on peut faire une bonne carrière puisque tout se trouve là-bas : L’ENTV, les Radios et les écoles. Il suffit d’un dinar pour se rendre par exemple à la Chaîne 2, ce qui n’est le cas pour nous car il nous faudra beaucoup de dépenses. Constatez-le vous-même, toutes les grandes vedettes résident à Alger. Et cela n’est pas valable uniquement pour la musique. Par exemple, étant tailleur de métier et faisant de la haute couture, si je résidais à Alger, je ne peux même pas vous dire où est-ce que j’en serais aujourd’hui.

 

Vous venez de parlez d’une réalité...

Encore une fois, faites le constat vous-même. D’El-Anka à Mohamed Allaoua, toutes les grandes vedettes ont habité Alger : El-Anka, Ezzahi, Chaou… J’irai même jusqu’à prétendre que Chérif Kheddam en personne ne serait pas devenu une célébrité s’il n’était pas à Alger. Les exemples ne manquent pas.

 

Revenons-en au double album que vous êtes en train d’enregistrer. Pouvez-vous nous parlez de son contenu ?

Il y a donc les chansons que j’ai composées entre 1982 et 1983, puis celles que j’ai écrites lorsque j’étais sous les drapeaux. Ce sera donc le premier album. Le deuxième suivra quelques mois plus tard. Bon, pour les thèmes, ils sont toujours d’actualité puisqu’ils traitent de l’amour et du social. Bien entendu, il y a aussi une chanson qui traite des conditions difficiles dans lesquelles les militaires appelés passent leur service national. Maintenant pour les arrangements, mon ami et mon maître, Boubekeur Terki s’en occupe avec l’aide des musiciens qui ont une grande expérience dans ce domaine. En tout cas, je veux que cela soit un bon produit. De plus, je tiens beaucoup à ce que le premier album sorte le 10 novembre 2009 car, ce jour-là, j‘aurai 50 ans.

 

A part la musique, que faites-vous dans la vie ?

Je suis tailleur et je fais même de la haute couture. J’ai des clients qui viennent même d’Alger et de Boufarik. C’est pour cela que je vous ai dit tout à l’heure que si je résidais à Alger, je ne sais pas où est-ce que j’en serai aujourd’hui. A El-Kseur, c’est grâce au bouche à oreille que cela marche sans oublier aussi les fêtes. En effet, je fais également les robes de fiançailles et de mariages. Toutefois, je suis tailleur pour hommes et femmes. Avant d’être tailleur et jusqu’à 1987, j’étais dans l’enseignement à El-Kseur.

 

Le mot de la fin ?

Je garde un très bon souvenir du passage de Médjahed Hamid à El-Kseur en 1981. Je suis donc passé à la Chaîne 2 en interprétant une chanson d’El-Anka et "A tir El-Qefs" de Hsissen. Sinon, je ne participe pas beaucoup aux festivals. Enfin, je tiens à remercier les associations, le C-RA et l’APC de Seddouk qui m’invitent chaque année.

Propos recueillis par Amastan S.

Entretien avec Mohamed Benbaba, commissaire du festival : ''Il y aura beaucoup de surprises''


La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu du 3 au 8 décembre 2009 à la Maison de la culture Taos Amrouche de Bgayet. C’est ce que nous a déclaré Mohamed Benbaba, directeur de cet établissement qui a été nommé commissaire du festival après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Nous nous sommes rapprochés du nouveau commissaire du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles pour en savoir plus sur cette deuxième édition.

La Dépêche de Kabylie : La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu en décembre et vous avez été nommé commissaire de cette manifestation après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Pourquoi ce retard ?

Mohamed Benbaba : Effectivement, Ahmed Aici ne peut plus s’occuper de ce festival puisqu’il a d’autres tâches et un emploi du temps très chargé à la Maison de la culture de Mostaganem. Quant à moi, j’ai été nommé à sa place, par Mme la ministre de la culture,  tout récemment et vu l’importance de cette grande manifestation, les passations de consignes ont pris beaucoup de temps. Toutefois, j’estime que la date du 3 au 8 décembre 2009 est idéale puisque, juste après, le Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes sera organisé à Tamanrasset du 19 au 25 décembre 2009. En effet,  nos artistes, qui représenteront la Kabylie, seront encore frais pour le national et auront la même bravoure à Tamanrasset.

 

En dehors du concours, que comptez-vous faire durant cette deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles ?

Personnellement, j’ai mon idée et ma vision. Ce sera un grand festival. Le jour de l’ouverture, il y aura un grand défilé de la place Gueydon à la Maison de la culture avec des artistes qui vont porter des masques de grandes figures de la chanson kabyle. C’est ainsi que la population de Bgayet verra, par exemple, un Slimane Azem marcher durant ce défilé et entrer à la Maison de la culture. Nous allons confectionner une vingtaine de masques pour les artistes qui ont beaucoup donné à la chanson kabyle. De plus, la façade de la Maison de la culture sera relookée. Ce sera une citadelle. A l’intérieur, nous souhaitons également exposer l’histoire de la musique de l’époque grecque à nos jours… etc. En tout cas, il y aura beaucoup de surprises. J’ai un autre objectif qui consiste à faire participer la population à ce festival, pas uniquement en tant que spectatrice.

 

Cela est vraiment nouveau. Vous venez de parlez des grandes figures de la chanson kabyles. Justement, comptez-vous inviter celles qui sont encore vivantes, comme Kamal Hamadi, Chérif Kheddam, Ferhat Mehenni, Malika Domrane, Idir… etc. ?

Nous allons inviter tout le monde. Ce sera à eux d’accepter ou de décliner l’invitation. Personnellement, j’aimerais bien que les artistes kabyles qui sont à l’étranger reviennent au bercail.

 

Il y a aussi le colloque qui a eu lieu durant la première édition du Festival en partenariat avec le commissariat du film amazigh. Sera-t-il maintenu ?

Non seulement il sera maintenu, mais il y aura aussi des ateliers pour les artistes. Cette deuxième édition verra également la présence de grands musicologues, de docteurs et d’académiciens qui donneront des conférences. Je vous le répète encore, il y aura beaucoup de surprises.

 

Et côté moyens, est-ce que le ministère de la Culture et la wilaya de Bgayet se sont impliqués comme cela ce fut le cas l’année passée ?

Oui. Ils attachent beaucoup d’importance à ce festival. Ils ont toujours été à nos côtés durant toutes les manifestations culturelles importantes.

 

Le mois de décembre n’est pas loin. Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Nous avons déjà élaboré un programme provisoire et nous continuons à contacter ceux que nous voulons ramener pour animer ce festival. Donc, en plus des docteurs en musicologie et académiciens qui auront à animer les conférences, le jury sera aussi composé de spécialistes de cette trempe car il faut donner plus de crédibilité à ce festival.

 

Pour conclure ?

J’aimerais bien faire participer la population de Bgayet, pas uniquement comme spectatrice mais aussi comme actrice. Quant au programme, je n’ai pas voulu le divulguer entièrement car je tiens à réserver au public de grosses surprises lors de l’ouverture et la clôture du festival.

 

Entretien réalisé par Amastan S.

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