Publicité

AdSense

mardi 29 septembre 2009

Mohamed Younsi, ancien joueur et dirigeant de la JSK : “La JSK ne doit pas être un fonds de commerce”

Il fait partie de la génération qui a offert à la JSK son premier titre de championnat comme joueur, mais il a aussi contribué à d’autres consécrations du club dans le staff technique pendant 15 ans. Mohamed Younsi nous parle aujourd’hui de son passage au club du Djurdjura.

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, présentez-vous à nos lecteurs ?

Mohamed Younsi : Je suis né a Tigzirt-sur-Mer en 1952, mais je suis venu très jeune à Tizi Ouzou, pour rejoindre mon oncle, donc j’ai grandi dans le quartier des Genêts, où j’ai été inscrit à l’école, mais aussi mes débuts dans le football, puisqu’on jouait à l’époque au quartier.

Comment avez-vous intégré la JSK ?

Je vous disais tout à l’heure que j’ai commencé à taper dans le ballon très jeune dans mon quartier, alors en 1968, le défunt Hadj Abtouche est venu me solliciter pour rejoindre les cadets de la JSK. Puis, j’ai rejoint les juniors peu de temps après, et ensuite j’étais promu en seniors alors que je n’avais que 17 ans à peine.

Vous avez rejoint l’équipe seniors très jeune. Avez-vous trouvé des problèmes d’adaptation ?

Au contraire, le point fort de la JSK de l’époque était justement, cet esprit de famille qui y régnait. Pour nous les jeunes, les anciens sont des symboles, car eux aussi nous facilitaient la tâche, en nous donnant des conseils et des orientations. A notre époque, il n’existait pas de clanisme, tous étaient égaux. Il y avait aussi pas mal de joueurs que je connaissais avant, à l’image de Meghrici, Baïleche, Makri… qui ont fait le même lycée que moi. A l’époque, on avait même une grande équipe au sein de notre établissement scolaire.

Vous souvenez-vous de votre premier match en senior ?

Absolument ! Je me souviens qu’il y avait une défection au niveau de l’effectif, donc j’étais convoqué pour jouer un match du championnat contre le Mouloudia d’Alger au stade de Bologhine. Malheureusement, on avait perdu par deux buts à zéro. A l’époque, on était tellement attaché aux couleurs du club que quand on perdait un match, on se sentait abattus. A l’époque, j’étais lycéen au lycée Amirouche de Tizi Ouzou, alors que tous mes camarades sortaient à la récréation de 10 h pour s’amuser, moi, je restais tout seul dans la classe abattu par cette défaite, contrairement à ceux de nos jours, où on voit des joueurs rire quand ils ratent des penaltys.

Votre passage à la JSK coïncide avec le premier titre du club, racontez-nous l’ambiance justement de ce premier titre du championnat ?

C’était une joie indescriptible, non seulement, on a réussi à décrocher le premier titre dans l’histoire du club, mais il y avait aussi cette satisfaction de réussir, car à l’époque, la JSK représentait une identité, et toute la région était derrière nous, en plus de cela, on s’est sacrifiés pour atteindre ce stade, car la JSK était un club à battre. On nous attendait à chaque tournant, c’est justement ce défi à relever qui avait fait notre force. On jouait pour les couleurs du club, d’ailleurs, après chaque match, on sortait avec trois à quatre joueurs blessés, la preuve qu’on se donnait à fond sur le terrain. Sincèrement, on avait vécu des moments exceptionnels.

Malgré toutes les difficultés, vous avez réussi à décrocher le titre devant des grandes équipes de l’époque, à l’image du Mouloudia et du CRB, quels sont les secrets ?

Tout d’abord, il y avait cette rage de vaincre et l’amour des couleurs du club et cela, sans oublier, bien sûr, le grand travail accompli par l’équipe dirigeante. Déjà, dans les années 1970, il y avait des semi-professionnels, c’était justement grâce au bon encadrement de la direction, et à sa tête, le défunt Abdelkader Khalef qui a su jeter les bases de la JSK, mais aussi de l’entourage du club que les gens ont tendance à oublier. Etant témoin de l’époque, je peux citer des hommes qui ont travaillé dans l’ombre et qui ont contribué à notre réussite. Je n’oublierai jamais Boukhalfa Oul Hamouda, Amar Zgrourn, Mouloud Aïnouz, Hacene Hamoutène, Lounès Farradji, Hadj Oumnia, tous ces gens-là, ont fait partie du bureau du défunt Abdelkader Khalef et ils ont beaucoup donné à la JSK. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour leur rendre un grand hommage.

Vous avez vécu beaucoup de bons moments avec la JSK, quels sont ceux qui vous sont restés en mémoire ?

C’est incontestablement le premier doublé remporté en 1977. On a réussi dans des conditions très difficilesbien que l’équipe soit renouvelée. On faisait une osmose entre les anciens et les nouveaux, mais je reviens toujours sur l’esprit familial et surtout les qualités morales des joueurs. La plupart étaient des intellectuels, et quand il y a un bon cadre organisationnel qui vous permettait de vous exprimer, vous réussirez sûrement, donc le premier doublé a été arraché difficilement mais réussi avec le travail et l’honnêteté de tout le monde.

Qui est l’entraîneur qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?

En catégorie de jeunes, il y avait le défunt Hacène Hamoutène, il était comme un père, c’était quelqu’un qui avait beaucoup donné à la JSK, il entraînait toutes le catégories de 8 h à 20h. En seniors, j’étais marqué par Popesco, c’était un grand monsieur. Il était ancien colonel de l’armée en retraite, il nous donnait des conseils comme s’il parlait à ses propres enfants.

Vous avez mis un terme à votre carrière juste après le doublé, bien que vous fussiez jeune et vous puissiez encore donner au club, quelles sont les raisons de ce départ ?

Effectivement, j’ai arrêté de jouer en 1978, soit à l’âge de 26 ans. Mais je ne pouvais plus continuer à cause de la blessure que j’ai contractée au niveau de la rotule, ce qui m’a obligé à rester neuf mois dans le plâtre. Après, j’ai repris un peu, mais, j’ai décidé d’arrêter complètement vers la fin de l’année 1978.

Après votre retraite comme joueur, vous avez entamé directement une carrière d’entraîneur ?

J’ai intégré le staff technique de la JSK dans les catégories jeunes, avec Yousfi et Aimane, juste après avoir terminé ma formation. Un poste que j’avais occupé pendant presque 15 ans, j’étais aussi adjoint de Benzekri en 1992, quand on a remporté la coupe d’Algérie. J’ai mis aussi en place, la structure de fonctionnement des catégories de jeunes avec l’accord de Mahiedine Khalef qui était DTS et Zywotco. Je pouvais servir le club davantage, malheureusement en 1992, je l’ai quitté parce qu’ils ont décidé de m’enlever du staff sans demander mon avis, donc ils m’ont reversé dans mon ancien poste, c'est-à-dire, dans les catégories de jeunes et j’étais DTS en plus d’entraîneur juniors. Alors j’ai quitté le club pour rouler ma bosse un peu partout, à Azzazga, Draâ-Ben-Khedda, les Issers, Zemmouri, Tizi Rached, où j’ai assuré cinq accessions. En 2007, j’ai complètement arrêté la carrière d’entraîneur et actuellement, je suis conseillé pédagogique au niveau de la Direction de la jeunesse et des sports de la wilaya de Tizi Ouzou.

Comment jugez-vous votre passage à la JSK ?

Il ne faut pas que la JSK soit utilisée comme un fonds de commerce. Les gens vous disent que moi, j’ai fait plus que d’autres, ou bien, j’aime la JSK plus que l’autre. Nous, on a eu cette chance de vivre à la JSK. On n’a fait que notre devoir, on a servi le club et on était honnête parce que la JSK était notre deuxième famille. En contrepartie, la JSK nous a donné aussi beaucoup de choses, sur le plan social ou professionnel et personne ne doit le nier, au contraire, c’est grâce à la JSK que nous nous sommes fait des noms aujourd’hui, il ne faut pas être ingrats vis-à-vis du club.

Un dernier mot pour conclure...

Je profite de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à tous les hommes qui ont contribué à faire de la JSK ce qu’elle est devenue aujourd’hui, je souhaite aussi un prompt rétablissement à notre collègue et frère Kamal Aouis qui se trouve actuellement en France pour des soins Je dirais qu’à notre époque, il y avait une communion entre les joueurs, les dirigeants et le public. C’est une chose qui a disparu malheureusement de nos jours. Certes, il y avait un bouleversement dans la société, mais il faut admettre que le football n’est qu’un jeu, il faut justement accepter la culture de l’échec, comme on accepte la victoire. Quant aux supporters de la JSK, je leur dirais qu’ils doivent agir positivement, ils doivent soutenir leur club dans les moments difficiles, car je ne vois pas l’utilité d’un supporter s’il n’est pas là quand son club traverse des moments difficiles.

H. O.

AdSense