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dimanche 1 novembre 2009

FARID FERRAGUI : «Je n’ai jamais triché avec mon public»

A partir du 22 novembre prochain, Farid Ferragui entame une tournée qui le conduira dans plusieurs villes. Après un silence de trois ans, il rebondit sans être vraiment parti. En plus de la série de spectacles qu’il prévoit, Farid Ferragui annonce la sortie de son prochain album.
Comme toujours, le thème de l’amour aura la part du lion. Mais d’autres sujets liés à l’actualité sociale et politique figureront aussi dans ce nouveau produit. Farid Ferragui a marqué plusieurs générations par ses chansons mélancoliques et sa voix triste.
Même s’il fait pleurer ses fans, ces derniers ne cessent de se ressourcer à travers ses chansons éternelles. Ecouter Farid Ferragui est toujours d’actualité même si les thèmes qu’il aborde et la manière d’aimer de l’époque n’existent peut-être plus. Sauf pour les plus nostalgiques.

L’Expression: Vous vous êtes éclipsé de la scène depuis trois ans. A quoi est dû ce long silence?
Farid Ferragui: Effective-ment, ma dernière tournée a eu lieu début 2007. Mon dernier album est aussi sorti durant la même année. Depuis mes premiers pas dans la chanson, je ne me suis jamais efforcé de faire les choses. Quand l’inspiration est là, je compose et j’écris, sinon je mène tranquillement ma vie de famille.
Quand je ne suis pas poussé par les événements, je ne compose pas. Ce sont les événements que je vis quotidiennement qui constituent la matière de mes chansons. Je reçois ces événements douloureux en plein dans ma chair puis, avec le recul, je les traduis en poèmes et en mélodies.
Je ne vis pas la chanson comme un métier. C’est plus une maladie qui s’aggrave en la soignant. Je pense que mon public s’est habitué à ma méthode de travail. Mes fans savent comment je fonctionne.
Je me suis déjà absenté de la scène pendant dix ans et à mon retour, en 2000, j’ai été agréablement surpris que le public ne m’a point oublié.
Mon public est un ami, ce n’est pas la fréquence des rencontres qui mesure une amitié mais c’est plutôt la fidélité et la sincérité. Et je pense que là-dessus, aucun problème ne se pose entre mes fans et moi.
Je préfère conserver le silence pendant deux à trois années pour offrir à mon public des chansons dans les règles de l’art et aussi, afin d’éviter la redondance.
Même si mon public m’oublie, je crois que je l’ai marqué à travers de longues années que nous avons partagées. C’est une passion que j’ai vécue avec lui.

Vous revenez à partir du 22 novembre prochain avec une nouvelle tournée. Pouvez-vous nous en parler?
Est-ce qu’on peut l’appeler tournée? J’ai essayé d’apporter une méthode de travail dans l’organisation de spectacles qui répond aux critères du professionnalisme moderne. Malheureusement, plusieurs obstacles empêchent cette démarche de s’inscrire dans la durée.
En l’absence de véritables boîtes d’organisation de spectacles, cette méthode de travail est vouée à l’échec. Il faut qu’on soit réalistes.
Dans mes spectacles précédents, j’ai été le financier principal et je me suis occupé personnellement de tous les détails de l’organisation jusqu’aux sandwichs à partager avec mes musiciens. C’était un rythme infernal que je ne pourrais plus assumer. Cette fois-ci, je me limiterai à ma mission, celle de chanter.

Revenons à votre tournée, si vous permettez.
Il s’agira d’une tournée négociée et limitée. J’ai un premier récital à l’espace Reuily de Paris pour le 22 novembre. Puis, deux à trois spectacles à la Maison de la culture de Tizi Ouzou à partir du 16 décembre prochain. Je me produirai aussi dans les villes habituelles: Béjaïa, Bordj Bou Arréridj, Alger et probablement Oran. J’essayerai d’y être. Je reste ouvert à toutes les propositions.
Mais ce n’est plus à moi d’organiser comme je le faisais dans le passé. S’il y avait des boîtes privées professionnelles, j’aurais préféré, travailler avec elles. Ça aurait été mieux. En France aussi, j’ai reçu pas mal de propositions. Les dates de tous les spectacles seront communiquées en temps opportun.

Votre nouvel album sortira-t-il à l’occasion de cette tournée?
L’album est presque fini. Mais dans ma méthode de travail, je peux tout remettre en cause et redémarrer à zéro. Si tout va bien, le CD sortira en mars ou avril. Je n’ai pas de problème de producteur. J’étais bousculé par les problèmes de la vie.
C’est ce qui a engendré ce retard. Il y a aussi le souci de perfection qui me rend les choses plus difficiles: Pour cet album, je dois encore prendre un peu de temps pour mieux revoir les choses.

Qu’en est-il des thèmes abordés dans ce nouveau produit?
Une partie est réservée aux chansons d’amour comme d’habitude. Il y en aura trois. D’autres chansons sociales et politiques y figureront. Le titre de l’album est extrait de l’une des chansons.
C’est toujours une expression, qui sort de l’ordinaire et qui n’a pas été employée, qui sert d’intitulé à mes albums, comme c’est le cas de l’album de 2007: Le Fleuve de la vie.

Vous chantez toujours avec le même style, ne pensez-vous pas au changement, surtout que certains de vos admirateurs ne cessent de vous interpeller à ce sujet?
Je crois sincèrement que si quelqu’un change de style, il change lui-même. Changer de style signifie qu’on n’a jamais été soi-même.
Ce que je dis là peut paraître sévère mais c’est ma propre conviction. Personnellement, je ne songe pas à changer de style. Si un jour mon public cessait de m’écouter, j’arrêterai tout simplement de chanter.
Je reste dans la chanson mélancolique. Chaque artiste détient son propre style et chaque mélomane aime un genre donné. Il ne faudrait pas chercher à imposer des styles au détriment de la diversité. C’est vrai que certains de mes fans n’arrêtent pas de me le demander.
Je respecte beaucoup leur choix. Pour leur faire plaisir, j’essayerai un jour de mettre plus d’instruments dans une ou deux chansons, je verrai ce que cela donnerait comme effet.

Vous êtes connu pour avoir comme compagnon fidèle votre luth.
Quand j’ai commencé mon parcours, en 1981, je chantais avec une guitare. J’ai utilisé le luth uniquement dans les chansons rythmées comme Tamghart et Yehfa u Dariw.
Ce n’est que dans les années quatre-vingt-dix que j’ai opté carrément pour le luth. Depuis ces années, je n’ai plus touché à la guitare. Mon instrument fétiche est le luth.

Quel regard portez-vous sur la situation déplorable de la chanson kabyle actuellement? Que pensez-vous de l’absence de relève et du terrain accaparé par les chanteurs connus sous le nom «non-stop»?
Les chansons pour se défouler doivent exister. C’est tout à fait normal. Ce qui est regrettable, en revanche, c’est l’absence de création. Se limiter aux reprises et tomber dans le réchauffé ne fera pas avancer la chanson kabyle d’un iota. De cette manière, il ne peut pas y avoir de relève.
Ceci dit, il ne faut pas s’alarmer non plus. Les chansons classiques et thématiques sont immortelles. Elles auront toujours ceux qui les écouteront. J’insiste que les médias jouent un rôle très important dans le domaine de la promotion de la chanson de qualité.
Toutefois, ce phénomène n’est pas spécifique à l’Algérie. A l’étranger aussi, une multitude de groupes aspirent à quelque chose. Le temps finit par faire le reste. En France, par exemple, les constances musicales restent Brel, Piaf, Moustaki et les autres chanteurs de même stature.

Revenons à vous. En 2011, vous allez commémorer vos trente ans de carrière. Faites-nous un bilan du chemin parcouru.
J’ai donné ce que je peux. Je n’ai jamais triché avec mon public. Même quand je m’absente, c’est dans le souci de ne pas le décevoir.
Mes fans sont conscients de cela. Sur le plan de la production, je suis satisfait mais j’aurais souhaité donner plus sur scène.
Le peu de spectacles que j’ai animés, c’était des galas de qualité. Je n’ai pas lésiné sur les moyens ni sur les efforts afin de pouvoir tout le temps être à la hauteur. La presse m’a beaucoup encouragé et aidé.
Les journalistes ont donné une autre dimension à ce que je faisais. Je regrette énormément l’absence d’infrastructures culturelles dans des villes de Kabylie.
Autrement, j’aurais pu chanter sans interruption pendant une quinzaine de jours en faisant toutes les régions. C’est bien d’organiser des festivals, mais ce serait beaucoup mieux d’investir dans des projets culturels durables.

N’avez-vous pas l’intention d`enregistrer, de nouveau, vos belles chansons, comme Agouni n tayri, Ayid, Xa hemlaghk?
Depuis longtemps, cette idée existe dans ma tête. C’est une question de temps. Je le ferai. J’insiste qu’il faille que je fasse du bon travail. Et pour pouvoir y parvenir, il faut éviter de bâcler. Il faudrait que toutes les conditions soient rassemblées pour ce faire.

Qu’en est-il des produits audiovisuels?
C’est le même problème. Pour réaliser un travail de qualité, il faut une conjugaison d’efforts entre plusieurs professionnels. II faut aussi prendre du temps afin de pouvoir aboutir à des clips de qualité. Pour l’instant, nous sommes en train d’apporter les dernières retouches, avec mon producteur «Ifri-Music» à l’enregistrement des spectacles de 2007.
Je revoie régulièrement les enregistrements. En principe, leur sortie en CD ne saurait tarder.

Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI

Entretien avec Tassadit Yacine : “Jean Amrouche est présent au Sila, c’est bien, mais maintenant, c’est au public de l’honorer”

La Dépêche de Kabylie : Le journal de Jean El-Mouhoub Amrouche que vous avez édité est présent dans ce Sila.


Tassadit Yacine : Je suis d’abord heureuse d’être là. Je suis très contente que Jean Amrouche soit présent dans ce salon, donc dans son pays d’origine. Ce livre sort chez Alpha et j’espère simplement qu’il sera lu et largement diffusé.


Concernant son prix de vente, Alpha le propose durant ce salon pour 1 000 DA. Peut-on dire que vu son volume, son contenu et son importance, ce journal est accessible à tout le monde ?


Je ne connais pas le prix moyen du livre. C‘est vrai que c’est un gros livre, c’est vrai que c’est un gros travail et que le prix de 1 000 n’est pas trop cher. Mais, si on pouvait baisser encore un peu plus le prix, ce serait encore mieux, car le contenu de ce livre est indispensable à une diffusion la plus large possible.


Comment avez-vous fait pour ramasser tout ce trésor inestimable ?


Cela fait quand même longtemps que j’ai commencé à y travailler, une bonne quinzaine d’années. En fait, j’ai commencé par éditer Chants Berbères de Kabylie puisque la famille Amrouche m’avait remis les textes en Kabyle qu’il a fallu transcrire également en Français. C’est donc à cette époque que Pierre Amrouche m’a remis donc ce journal dans l’espoir de l’éditer un jour. C’est un manuscrit de 1000 pages qui nécessitait donc un travail énorme. Mais, dès le départ, nous avions décidé que le journal suivrait après Chants Berbères de Kabylie.


C‘était, en quelque sorte une manière de compléter ce que nous savons de Jean Amrouche.


Pensez-vous que la présence de Jean El Mouhoub Amrouche dans un salon officiel et institutionnalisé ouvrira la voie à sa réhabilitation ? Par exemple, la maison de la culture de Bgayet porte bien le nom de Taos Amrouche sans pour autant que cela soit officiel.

Je vais vous dire une chose : Il faut être positif car quand on fait un premier pas vers l’ouverture et la reconnaissance, je trouve que c’est bien car c’était un tabou qui est déjà levé que ce soit de manière officielle ou autre. Bon, concernant ce salon, la porte n’a pas été ouverte uniquement pour Jean Amrouche. En ce qui le concerne, il est présent et c’est bien comme ça, mais maintenant, c’est au public de l’honorer.


A propos de public, le journal de Jean El Mouhoub Amrouche est très attendu à Bgayet et vous êtes même demandé pour refaire un café littéraire et une vente-dédicace spécialement pour cela.


Je prends rendez-vous dès maintenant. J’aimerais bien venir à Bgayet avant la mi-décembre pourvu que l’on se mette d’accord à l’avance, c’est tout. En tout cas, si on arrive à faire une vente-dédicace à Bgayet, je serais très contente parce que j’aurai beaucoup de temps et cela me permettra même d’en parler avec des étudiants et universitaires aussi. Car il faut savoir qu’ici au SILA, il y a tellement de monde, de conférences et un programme très chargé et je n’ai pas assez de temps car le temps est limité.


Laissons donc le public découvrir Le Journal de Jean El-Mouhoub Amrouche. En attendant, avez-vous un message à transmettre aux Kabyles ?


Un message ? Oui : Il faut honorer la culture. Jean El Mouhoub Amrouche en fait partie et c’est tout un monde qu’il faut visiter.


Propos recueillis par A. S.

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