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mardi 3 novembre 2009

UN COMMERÇANT KIDNAPPÉ PAR DES TERRORISTES PUIS RELÂCHÉ GRÂCE À LA MOBILISATION DES HOMMES DE SON VILLAGE

Le terrorisme islamiste prospère aussi à l’ombre de nos lâchetés. Il déguerpit et bat traîtreusement en retraite là où se signalent les résistances citoyennes. Les villageois d’Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, qui viennent de libérer l’un des leurs fait otage depuis vendredi par le GSPC, en apportent, une fois de plus, la preuve.

Sofiane Aït-Iflis Alger (Le Soir)- Les villageois d’Iflissen conjuguent au présent la bravoure légendaire de leurs aieux. L’honneur est sauf. En se mobilisant comme un seul homme pour la libération de T. Abdallah, hôtelier à Issenadjène, enlevé vendredi dernier par un groupe de terroristes, ils redonnent ses titres de noblesse à la résistance citoyenne contre le terrorisme. Il était temps.

Les sbires du sinistre Droukdel commençaient dangereusement à avoir pignon sur montagne, écumant les maquis, tuant, enlevant et rançonnant en toute impunité. Que de victimes ont été enlevées et exécutées, d’autres faites otages plusieurs jours durant avant d’être libérées contre paiement de rançons, dans l’indifférence citoyenne ! Partout, en Kabylie et ailleurs, la vigilance et la résistance étaient gagnées par la flétrissure, sommées qu’elles étaient de s’éteindre pour ne pas gêner la réconciliation nationale. Il était temps que quelques bravoures rallument la flamme de la résistance, tant la politique de la main tendue a raté de faire revenir la paix.

C’est fait désormais avec cette leçon de mobilisation des villageois d’Iflissen après l’enlèvement d’un des leurs. T. Abdallah a regagné son foyer et les siens sain et sauf et sans verser la caution de 700 millions de centimes réclamée par ses ravisseurs. Il ne doit rien à la réconciliation nationale. Son salut, il le doit aux villageois qui exigèrent sa libération immédiate et sans condition. Il le doit aux 2 000 mobilisés qui passèrent au peigne fin les maquis environnants. C’est grâce à cette mobilisation, que la peur a changé de camp. Qui ne se souvient de cet automne 1994 où la Kabylie s’est soulevée pour exiger la libération du chanteur et militant identitaire Matoub Lounès.

Enlevé par le GIA dans la nuit du 25 septembre, dans un bar à Takhoukht, Matoub Lounès a été relâché le 10 octobre de la même année, soit après 16 jours de captivité. La résistance citoyenne a été à l’époque salutaire pour Matoub Lounès. Elle l’a été également ces jours-ci pour ce citoyen d’Issenadjène. Combien d’autres vies auraient été sauvées si le credo de la résistance avait était maintenu tel qu’il a été suggéré et enseigné par les habitants d’Igoudjdal qui, durant la nuit du 31 juillet 1994, défendèrent vaillamment leur village contre un groupe de terroristes ? Beaucoup, pour sûr.

Car, là où essaiment les résistances populaires, le terrorisme fuit, abdique et se love dans sa lâcheté. Si la résistance n’avait pas faibli, bousculée par la réconciliation nationale, qui, il faut le dire, a démoralisé, pour ne pas dire désarmé les patriotes, peut-être que l’Algérie se serait déjà sortie définitivement de l’enfer terroriste.

S. A. I.

DES MILLIERS DE PERSONNES LIBÈRENT SANS CONDITIONS UN OTAGE

La leçon citoyenne des Iflissen

Les citoyens n’ont pas cédé au chantage

Les faits interviennent au moment même où l’Algérie lance une initiative au plan international en appelant les Occidentaux à ne pas payer de rançons aux terroristes. Quelle belle leçon des Iflissen!

Quelques heures après la réunion qui a regroupé les représentants du arch des Iflissen, les ravisseurs d’un propriétaire du bar-restaurant ont cédé et relâché leur victime sans payer aucune rançon. Il a été récupéré aux alentours de son village lssennajen dans la nuit de dimanche à lundi, vers 22h, sain et sauf et en bonne santé. En effet, la mobilisation des villageois a vite eu l’effet boule de neige dès le lendemain matin de l’enlèvement. Tôt dans la matinée, les représentants des villages de la commune d’Iflissen se sont réunis pour apporter leur soutien à la victime et sa famille.

La décision de ne pas se soumettre au diktat des ravisseurs a été prise dans l’après-midi et la mobilisation s’est spontanément transformée en une action de recherche dans la forêt. Des citoyens se sont, par milliers, rendus dans le massif forestier situé entre Tigzirt et Azeffoun en vue de récupérer la victime par tous les moyens. Dans la soirée, d’autres villages sont venus de Tigzirt pour se joindre à l’action du arch des Iflissen déjà en cours.
La tension était à son comble dans la nuit. Les villageois ne laissaient transparaître aucune volonté de se laisser faire ou de céder à la pression. Selon nos sources, les représentants du village ont clairement signifié aux ravisseurs leur refus de payer la rançon demandée et qui s’élevait à 700 millions de centimes. Vers 20h, la nouvelle de la libération du propriétaire du bar-restaurant est tombée. Il sera récupéré vers 22h par des membres de sa famille non loin de son village sans avoir versé une quelconque somme d’argent.

Toutefois, l’heureuse fin de cet enlèvement met clairement à l’avant-plan le rôle encore important de la mobilisation citoyenne que certains n’ont pas cessé de qualifier d’archaïque. Après s’être soulevé face à la hogra durant les événements du Printemps noir 2001, la même mobilisation se dresse encore une fois devant l’insécurité qui règne dans la région.
C’est en effet dans cette situation de chaos sécuritaire que les habitants de la région viennent démontrer qu’ils sont porteurs d’une citoyenneté prête à se défendre et pourquoi pas à s’organiser et s’insérer sans complexe aucun dans la modernité.

De toute évidence, la même organisation peut aussi venir à bout de beaucoup de situations conflictuelles en ces temps où la tension apparaît dans tous les domaines.

L’importance de cette mobilisation, qui a toujours existé pour défendre les individus, apparaît au vu de l’actualité. Des villages ont refusé de payer une rançon au moment même où l’Etat algérien vient de lancer une initiative au plan international en appelant notamment les pays occidentaux de ne pas payer les rançons demandées par des terroristes en contrepartie de la libération de leurs compatriotes. Notons également que la mobilisation des villageois à If1isen n’est pas unique.

Bien avant, des villages aux Ouadhias ont donné la même réponse aux ravisseurs. Un rassemblement et un sit-in s’étaient spontanément tenus le lendemain de l’enlèvement devant le domicile du citoyen de la région. Les représentants affirmaient ce jour-là que d’autres actions étaient prévues pour la libération de la victime.

A Aït Toudert dans la région des Ouacifs, les villageois d’Izerrouken ont tenu un sit-in et une marche populaire pour dénoncer l’insécurité qui paralyse leur localité. Ils demanderont des armes pour se défendre.

Cette action est venue au lendemain du kidnapping d’un commerçant qui sera libéré quelques jours plus tard. Ainsi, le message était on ne peut plus clair à savoir que les villageois ne peuvent se laisser faire indéfiniment face au diktat de quelque groupe qui soit. Semer la terreur parmi la population peut faire émerger des réflexes de self-défense capables de renverser bien des situations.

La mobilisation citoyenne est un signal que la société civile peut s’organiser et même se défendre en cas de danger suprême. N’est-ce pas que c’est dans le village d’Igoujdal dans la commune d’Azzeffoun que le premier groupe d’autodéfense est né en 1994 quand le terrorisme bombait le torse?

Cette initiative a été ensuite reprise à travers tout le territoire national pour aboutir à la constitution des gardes communaux.

Kamel BOUDJADI

LE FŒHN DE MOULOUD MAMERI ADAPTÉ AU THÉÂTRE À BÉJAÏA

Un nouvel hommage à celui qui fut l’un des fils les plus érudits de la littérature algérienne

C’est une manière comme une autre de faire lire Mammeri.

L’âme de Amusnaw continue à planer sur la vie culturelle du pays telle une fée bienfaitrice. Cette fois-ci, c’est le Le Foehn qui souffle, comme l’indique son nom, comme un vent chaud, réchauffant les planches du théâtre de Béjaïa, avec cette sortie fracassante et réussie, du metteur en scène Djamel Abdelli, et ce, au regard de l’accueil enthousiaste que lui a réservé le public, embarqué du tout début jusqu’à la fin. C’est une manière comme une autre de faire lire Mammeri, qui a pris au fil des années les allures d’un véritable rite, et, pour beaucoup, un moment très attendu pour rendre un nouvel hommage à celui qui fut l’un des fils les plus érudits de la littérature algérienne.

Nouée autour de la thématique de la guerre d’indépendance et soutenue par une superbe interprétation des comédiens, qui tout en étant facétieux ont su rendre la gravité du contexte historique, la chronique a captivé et ému.

L’histoire se déroule en plein bataille d’Alger et met en scène un jeune résistant, arrêté au moment même où il s’apprêtait à commettre un attentat contre un officier de l’armée coloniale. Emprisonné, torturé, humilié, il finit «ses épreuves» auprès de sa cible manquée qui l’interrogera vainement afin de lui soutirer des aveux. Peine perdue. Tarik tint bon, bien que se sachant voué au peloton d’exécution.

De guerre lasse, et au terme d’une parodie de procès, son captif finit en effet par donner l’ordre de le passer par les armes. La trame fort émouvante a surtout valu par la qualité du discours livré et par le truchement duquel autant Mouloud Mammeri que Djamel Abdelli interroge non seulement l’histoire mais aborde l’aspect manichéen voire philosophique de la vie. Déclamés, alternativement en kabyle et en français, les dialogues sont passés avec une fluidité étonnante et ont restitué, dans un décor pourtant loin de l’ambiance des tranchées ou des casernes, toute l’ampleur et la force du drame qui se jouait.

En fait, face à l’amplitude de la révolution qui a soufflé comme un foehn, ce vent du sud qui sévit principalement dans les alpes en Suisse, le colonialisme a perdu le sens de la mesure. Il en est devenu fou à l’image du procès mis en place pour juger Tarik et de la fin à laquelle a eu droit son bourreau...il en a tout simplement perdu la tête.

Le foehn a été écrit dans sa première version en 1957, mais a été réécrit par l’auteur ultérieurement pendant son exil en 1958. C’est seulement en 1967, que la pièce a été montée, en français, pour la première fois au TNA, dans une mise en scène conduite par Jean-Marie Boeglin, et dans laquelle furent distribués entre autres Sid-Ahmed Agoumi et Keltoum.

La question du manque de scénario se pose souvent. Mais hélas, elle se pose dans des situations particulières. Pour le meilleur ou pour le pire. Il y a plusieurs écrivains algériens, qui ont prouvé leur talent, dont les oeuvres sont interprétées par une de ces lignées humaines qui se sont construites, ici même, en Algérie. Il y a des auteurs qui sont construits de ça, qui construisent de ça et pour ça. Alors pourquoi ne pas mettre en valeur leurs oeuvres adaptables pour le cinéma et le théâtre?...

Idir AMMOUR

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