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mardi 13 octobre 2009

Kamel Tahir ancien gardien de but de la JSK : ''Je souhaite que la JSK retrouve son lustre d’antan''

Connu pour son tempérament de gagneur, il a pu conquérir le cœur des supporters kabyles, pendant les sept années, qu’il a passées avec la JSK. Kamal Tahir s’est donné corps et âme pour les couleurs du club phare du Djurdjura, aujourd’hui, il nous relate son passage avec les Canaris.

La Dépêche de Kabylie : Qui est Kamel Tahir ?

Kamel Tahir : Je suis originaire de Draâ El Mizane et je suis né en 1945 à St-Eugène, j’ai commencé à taper dans le ballon comme tout jeune de mon époque dans mon quartier, d’ailleurs, lors de mes débuts dans le football, je jouais comme avant-centre avant de me reconvertir au poste de gardien de buts parce que j’étais influencé par les grands gardiens de buts de l’époque. J’ai signé ma première licence en cadets avec la formation de St-Eugène, juste après l’indépendance, ensuite, je suis parti au Danemark où j’étais resté une année avant de revenir au pays et intégrer l’équipe de l’USM Alger .

Comment avez-vous intégré la JSK ?

Après avoir passé 4 années avec l’USMA , où j’ai prouvé mes capacités, Amar Zegrour, qui était responsable de la JSK, est venu me contacter pour rejoindre le club, il faut dire aussi, que durant la saison 68-69, j’ai fait un grand match face à la JSK à Tizi Ouzou.

Alors, j’ai tapé dans l’œil des dirigeants de l’époque, qui cherchaient un gardien de buts, donc je suis allé voir le président Abdelkader Khalef, auquel je veux rendre un vibrant hommage au passage, car c’était lui qui a mis la JSK sur les rails et c’est grâce à sa gestion que la JSK est devenue un grand club.

Racontez-nous vos débuts avec la JSK ?

Avant que je ne débarque à Tizi Ouzou, j’ai vu effectivement, le président Abdelkader Khalef, c’était en 1970, et je me rappelle qu’il y avait un tournoi où la JSK a pris part, au coté du CRB, une équipe Tchèque et l’équipe nationale de la police. J’avais fait un grand tournoi et le président m’avait convoqué encore une fois, pour négocier mon transfert, donc mon aventure avec la JSK a commencé en 1970.

Comment avez-vous trouvé la JSK à l’époque ?

Un grand club professionnel au sens propre du terme. On avait tout à notre disposition. Certes, j’ai trouvé un peu de difficultés au début, mais avec le temps, je me suis imposé grâce à ma classe et à mon caractère. En ce qui concerne le groupe, en lui-même, on vivait comme dans une vraie famille, on se respectait mutuellement et on se donnait à fond sur le terrain.

On jouait pour les couleurs du club et c’était justement là, où résidait la force de la JSK de cette époque.

Vous avez gagné plusieurs titres avec la JSK quel est le titre qui vous a le plus marqué ?

Avec la JSK, j’ai gagné surtout un nom car ce club m’a beaucoup donné, il ne faut pas être ingrat vis-à-vis du club. Pour le titre, j’ai gagné trois championnats et une Coupe d’Algérie, je dirais que le premier titre remporté par le club, restera gravé à jamais dans ma mémoire. C’était le jour que toute la Kabylie attendait depuis longtemps, voire son club remportait le championnat ! Toute la région était plongée dans une joie indescriptible, moi étant acteur de cette consécration, j’étais heureux et surtout fier de ma modeste contribution.

Vous avez fait plusieurs clubs avant d’atterrir à la JSK, quelle est la différence entre ces derniers et la JSK ?

Il y avait comme on dit Irgazen, des hommes, et à leur tête Abdelkader Khalef qui aimait vraiment le club et ils ont tout fait pour que ce dernier reste toujours au sommet.

Ajoutant à cela, cette rage de vaincre et cette motivation pour représenter dignement toute une région, d’ailleurs la JSK était une équipe à battre à chaque déplacement et on vivait une pression terrible avant chaque match dans les vestiaires.

On nous disait que celui qui a peur, n’a qu’à céder sa place, donc on était prêt à mourir sur le terrain pour les couleurs du club.

En quelle année avez-vous quitté la JSK ?

J’ai quitté le club en 1977 soit à l’âge de 32 ans, je pouvais encore continuer, malheureusement j’ai préféré arrêter car le climat était devenu de plus en plus insupportable pour moi, surtout avec l’arrivée du frère du président à la barre technique du club, je ne pouvais pas supporter sa gestion et surtout son tempérament.

Un jour, en coupe magrébine, il a fait joué CERBAH, alors que moi qui étais titulaire et en pleine forme, j’étais laissé sur le banc, disant que c’était la goutte qui a fait déborder le vase, j’ai pris la décision de quitter le club et de ne pas rejouer malgré que j’ai eu des propositions de la part d’autres clubs.

Vous avez été aussi sélectionné en équipe nationale ?

Absolument ! J’étais sélectionné à plusieurs reprises en catégories juniors, espoirs et l’équipe A, j’ai pris part aussi aux éliminatoires de la coupe du monde de 1974

Après votre retraite comme joueur, avez-vous entamé une carrière d’entraîneur ?

Au départ, quand j’ai rejoint la JSK, le président m’a proposé un boulot au sein d’une entreprise, après ma carrière de footballeur dans la section sports et travail. Entre temps, j’ai eu mon diplôme d’entraîneur de 2ème degré en 1992, ce qui m’a permis d’entraîner plusieurs clubs à l’image de l’USM Alger, le NAHD et le MCA et j’ai fait aussi partie du staff technique de l’équipe nationale en 2001 avec Djadaoui

Vous étiez alors l’entraîneur de Bougherara quand on a perdu face à l’Egypte par 5 buts à 2 ?

Ecoutez, il y avait beaucoup de choses qui ont été dites sur ce match et sur le rendement du gardien de buts, étant entraîneur des gardiens je tiens à préciser une chose, à la vielle du match, le gardien était venu me voir et il m’a dit qu’il se sentait bien, je lui ai dit que c’est une match à 200 à l’heure, il faut vraiment être au top de ta forme, je l’ai, donc incorporer d’entrée, avant qu’il n’encaisse ce but bête sur balle arrêtée.

Après, il a fait signe de la main pour le faire sortir.

Au retour, on lui a fait une échographie et le médecin ma confirmé qu’il n’avait rien.

Que pensez-vous des gardiens de l’actuelle équipe nationale ?

Je pense qu’ils ont un bon niveau et surtout qu’il y a une relève, même si Gaouaoui part, il y a de jeunes gardiens qui émergent, pas seulement en équipe nationale mais aussi dans les clubs comme Zammamouche qui est jeune et a un avenir promoteur devant lui, pourvu qu’il travaille et se stabilise, d’ailleurs c’est la chose que je repproche à Chaouchi, à mon avis il ne devait pas quitter la JSK, car la JSK est un grand club ; moi personnellement, j’avais eu des propositions quand j’étais joueur mais je les ai toutes refusées car j’étais convaincu que je ne trouverais pas meilleur club que la JSK.

Un dernier mot pour conclure ?

Je souhaite de tout cœur que le JSK retrouve son lustre d’antan, car elle représente toute une région, voire un pays.

Sur un autre volet, j’espère que nos responsables prennent en considération la formation, actuellement nos jeunes sont abandonnés; la preuve et que l’équipe nationale est composée essentiellement de professionnels. Je vous remercie enfin pour cet espace que vous m’avez offert, afin de remémorer les moments que j’ai vécus avec la JSK.

Rubrique animée par Hamid Oukaci

Entretien avec Amgid, le Prolétaire : "L’artiste doit chercher ses mots !"

Natif du village Tizit dans la commune d’Illiltèn, le chanteur Amgid, de son vrai nom Merabet Amokrane, revient dans cet entretien sur l’évaluation de la chanson kabyle à travers la poésie. Brillant chanteur, cet artiste se dit plus poète que musicien, pour lui, il n y a pas d’art sans recherche.

La Dépêche de Kabylie : A quand remonte votre début dans la chanson .

Amgid : Cela remonte aux années 80 et même un peu avant. Au début, j’ai dénoncé toute forme d’impérialisme et de dictature, la ligne politique de l’Amérique et celle de l’ex URSS. Un chanteur de gauche quoi, mais je ne cautionnais aucun extrémisme. Il s’avère que le capitalisme dans son essence est immoral, peu enclin à la justice... Après ce fut les évènements du Printemps 80, ce qui a donné une autre dimension à la chanson kabyle. Avec beaucoup d’autres, comme Ferhat, nous avons soutenu la cause berbère , je chante encore en faveur de celle-ci, car je crois qu’on n’en a pas encore fini avec les dérives du pouvoir d’Etat actuel. Au cours de la même année, en 80, je fus arrêté à l’aéroport d’Alger à cause de certains titres de mes chansons. Il est utile de signaler que mes deux premiers albums avaient un ancrage prononcé avec la réalité politique algérienne.

Quel est votre avis sur la chanson kabyle actuelle ?

Musicalement chacun est libre d’écouter ce qu’il veut, mais en matière de langue, nous devons respecter le contexte et le texte. On entend des chansons composées en trois langues ! Cela porte préjudice à notre culture en général et à la langue en particulier, il se trouve que l’on fuit la recherche et l’originalité la base de toute œuvre artistique. On évite de puiser dans nos sources et ressources pour tomber dans la facilité et le simplisme, pourtant, nous avons une langue et une culture très riches, un patrimoine de vitalité. Actuellement , il y en est qui veulent faire de Tamazight du Créole, une demi-langue. Chacun est libre aussi de chanter avec d’autres langues, mais pas en usant de slogans passés et repassés ! Celui qui ne peut pas faire de la poésie kabyle, au sens propre du terme, doit chercher ses mots et respecter sa langue.

Cette débauche de production en tout genre semble voulue sur le plan politique. Il faut qu’on arrive à produire en Tamazight, à produire bien et à promouvoir la qualité du contenu comme de la forme, on devrait pouvoir faire des documentaires culturels et scientifiques par exemple. Les proverbes, les contes, les anecdotes, l’histoire, les expériences de la vie, tout doit être transmis. Il ne faut pas faire de notre culture une lettre perdue en cours de route, c’est quelque chose de mémorable et de vivant !

Des slogans, qu’est ce que vous voulez dire par cela ?

Il n y a pas de poésie dans la chanson actuelle, surtout pas dans le“spécial fête”, c’est une chanson d’appoint et d’ambiance, sans aucune recherche musicale ou politique pouvant apporter un plus à notre culture.

En ce qui me concerne, je me considère plus comme poète. Voyez Edith Piaf, elle a une force vocale extraordinaire, et encore on n’a pas besoin de connaître le français pour sentir cela. En matière de musique, chaque style à son auditoire. Il n’y a pas de musique intelligente au sens rap, il faut dire que chaque style à sa vocation. Ce qui se passe reste un effet de mode, peut être que la chanson kabyle vit une période de transition, elle vit son époque comme on dit. La vision change d’une époque à l’autre est-ce mieux ? Est-ce plus moderne ? Chanter l’amour oui, mais pas de manière vulgaire ! Il n y a plus de messages à transmettre ? ça c’est grave ! Il faut chanter dans une langue travaillée, c’est la moindre des choses.

On sent que la culture occidentale domine. Pour sa qualité. Nous devons pouvoir produire en tamazight des textes et une musique modernes en accord avec les exigences de notre temps.

Propos recueillis par A. Boufatis

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