Publicité

AdSense

mardi 31 janvier 2012

Décès de Chérif Kheddam, ouvrier spécialisé et musicien de génie

L’immense chanteur compositeur kabyle Cherif Kheddam est décédé hier après-midi, lundi, à Paris où il était hospitalisé. Il était âgé de 84 ans.
 

Né en 1927 à Taddert Boumessaoud (Aïn-El-Hammam), Cherif Kheddam, dont la famille est d’origine maraboutique, est envoyé par son père en 1936 pour poursuivre une formation d’imam à la zaouïa Boudjellil, dans la région de Tazmalt.

Il en sort le cursus coranique accompli en 1942 et gagne Alger où il est recruté dans une fonderie à Oued Smar qu’il quittera quelques années plus tard pour cause de différend syndical avec le patron. En 1947, il traverse la Méditerranée. Etabli dans la région parisienne, il travaille dans une fonderie puis dans une entreprise de peinture. Attiré par la musique, Chérif Kheddam prend, après son travail d’ouvrier, des cours du soir de solfège et de chant.

Ceci fait de lui l’un des rares compositeurs traditionnels à savoir écrire et lire la musique. Ses premières chansons sont diffusées dans les circuits de l’émigration. Comme tous les chanteurs de l’époque, il fréquente les cafés et les fêtes où se diffusaient ses chansons. Bientôt, l’une de ses premières chansons, Yellis n’tumert, est enregistrée et diffusée à la radio.

C’est le début d’une carrière singulière qui culminera par la signature d’un contrat avec Pathé Marconi en 1956. La qualité symphonique de ses compositions leur vaudra d’être jouées à plusieurs reprises par l’orchestre de l’ORTF sous la direction de Jean Duvivier. Il enchaîne alors ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les «tubes». Lorsqu’il rentre au pays en 1963, il a déjà un répertoire. Nadia, son titre culte, est récurrent sur les ondes depuis 1958.

A la Radio Chaîne II, en plus de son travail créatif, il invente et anime une émission pour les jeunes talents, «Ighennayen Uzekka», qui a fait connaître les artistes kabyles les plus importants d’aujourd’hui, de Aït Menguellet à Idir en passant par Malika Domrane, Ferhat et bien sûr Nouara. En 1995, il retourne en France pour des raisons médicales.

En 2005, il se produit au Zénith de Paris et à la Coupole à Alger pour fêter ses cinquante ans de chansons. Il avait alors 78 ans. Créateur inlassable, passeur, découvreur de talents, Cherif Kheddam demeure une source, un repère. Il n’est pas un chanteur qui ne doive quelque chose à l’ancien ouvrier spécialisé.
 

A. Metref

AdSense