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jeudi 13 octobre 2011

Jean de Crescenzo est décédé le 24 septembre à Paris : Un amoureux de Tizi Ouzou a tiré sa révérence

Jean De Crescenzo nous a quittés le 24 septembre 2011, à l’âge de 78 ans. Il était de ceux qui aimaient Tizi Ouzou et sa Kabylie natale plus que tout. Il vouait une véritable passion pour cette ville qui l’a vu naître un certain 17 décembre 1932.

Issu d’une famille européenne installée à Tizi Ouzou depuis 1880, Jean de Crescenzo avait aussi un arrière-grand-père arrivé à Dellys en 1844. En plus de ses origines italiennes et espagnoles, il avait également un de ses arrière- grands-pères qui était d’origine kabyle, plus précisément de la famille Hassen. Dès son jeune âge, Jean de Crescenzo habitait l’école primaire Gambetta de Tizi Ouzou, où son père Fernand De Crescenzo était instituteur. Passionné de l’histoire de Tizi Ouzou et de plusieurs autres villes et villages de Kabylie, Jean avait entrepris, vers les années 1980, un travail colossal de recherches généalogiques sur sa famille en consultant la presse locale de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Ces 30 années de recherche et de labeur lui ont permis de fouiner inlassablement dans l’histoire de la Kabylie ancienne et de recueillir ainsi d’importantes informations parfois inédites sur tous les événements quotidiens propres à la ville de Tizi Ouzou et de toute sa région. Les journaux édités depuis les années 1880 étaient déjà légion en Kabylie, à l’image du Sémaphore de la Kabylie, Le Djurjura, Le Courrier de Tizi Ouzou, Le Petit Kabyle, etc. Et le fait de les compulser un à un sur une longue période de près d’un demi-siècle est certainement un travail de fourmi fort méticuleux et une tâche tout simplement colossale.

Pour reconstituer “les premières heures” de la création de la ville de Tizi Ouzou, Jean de Crescenzo a eu également recours aux archives du service historique de l’armée de terre française ainsi que les archives de la France d’outre-mer à Aix-en-Provence. C’est dire que le fruit de ses trente années de recherche et de documentation est tout simplement impressionnant.

Et pour preuve, Jean De Crescenzo a eu le grand mérite d’éditer deux livres à compte d’auteur en France. Le premier, intitulé Chroniques Tizi Ouziennes 1844-1914, a même été édité en Algérie en 2007 aux éditions Alpha, à Alger. Le 2e tome de Chroniques Tizi Ouziennes 1914-1928 n’est disponible pour le moment que sur internet, plus précisément sur un site d’édition de livres à la demande (www.lulu.com).

Dans ces deux ouvrages d’une valeur inestimable, on trouve pratiquement tous les événements dignes d’intérêt sur la vie et l’histoire du “tout Tizi”, mais aussi d’autres localités de la région. Cela va du nom des premiers colons arrivés à Tizi Ouzou jusqu’à la construction de tous les édifices, en passant par les dates de construction des routes, des lignes de chemin de fer en Kabylie, la date d’électrification de la ville ou encore la création des clubs de football de la région.

Par ailleurs, Jean de Crescenzo avait un projet qui lui tenait tant à cœur, en l’occurrence la rédaction d’un 3e tome des Chroniques Tizi Ouziennes qui devait retracer les événements de la période allant de 1928 jusqu’aux années 1950, mais malheureusement la mort l’a emporté avant qu’il ne réalise son œuvre. C’est ainsi que partent malheureusement les hommes de grande conviction et qui auront eu certainement le grand mérite d’avoir laissé derrière eux un véritable patrimoine historique et culturel. Le seul regret réside très certainement dans le fait que Jean n’a jamais revu Tizi Ouzou depuis 1957, date où il a quitté sa Kabylie natale pour rallier la France s’inscrire à l’école supérieure d’électricité (Supelec).

Il avait tellement peur de ne plus retrouver le Tizi Ouzou de sa jeunesse qu’il remettait à chaque fois la date de son pèlerinage. Depuis le retour fabuleux à Tizi Ouzou de son ami d’enfance Marcel Lagarde, qui en est revenu enchanté, Jean de Crescenzo parlait de plus en plus d’un éventuel retour dans la ville des Genêts, mais il continuait à se demander “si c’était réellement une bonne chose”.

Hélas, un tel vœu n’a pu être exaucé puisqu’il rendit l’âme le 24 septembre dernier, et fut inhumé le 29 septembre au cimetière de Père Lachaise, en présence de sa famille et de nombreux Tizi Ouziens résidant à Paris. Repose en paix Jean.

Par : Belkacem Haouchine

Yacine Temlali au Café littéraire de Béjaïa : " Une langue est un instrument pour accéder à la culture"

L’impact de la littérature et du cinéma dans la société, la question de l’engagement et du militantisme dans la production romanesque et cinématographique, ainsi que l’actualité politique et sociale, ont été les principaux axes du débat qui a réuni le journaliste chroniqueur et critique littéraire, Yacine Temlali, avec le public du Café littéraire de Béjaïa, samedi dernier, lors d’une table ronde au niveau du théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh.

La question ayant suscité le plus de réactions de la part de l’assistance, était celle relative à ce que certains critiques appellent « la littérature de l’urgence » et qui, de l’avis de bien de spécialistes, sacrifie l’architecture esthétique et poétique. L’urgence de dire le drame et de «témoigner » de la tragédie de la décennie noire (1990-2000) étant la priorité. « Un label » que conteste Yacine Temlali, sans pour autant disqualifier cette littérature-là, car pour lui, « ce n’est pas l’urgence qui va déterminer la qualité ou la validité du témoignage, cette appellation est une sorte de trouvaille éditoriale, parce qu’elle est porteuse au niveau commercial.

Cette littérature est éditée à l’étranger, principalement en France, en raison de l’intérêt majeur pour le contexte tragique de cette période et qui en a été déterminant dans le choix de ces écrivains… ». Nécessité donc, pour le critique littéraire de se détacher du carcan de ce terme et d’observer l’œuvre littéraire d’un point de vue formel d’abord…, il en veut pour preuve, la littérature produite dans les années cinquante, à l’exemple de Dib, Kateb et Mammeri, qui en s’appropriant la langue de l’ancien colonisateur, ont dépassé le simple témoignage pour fonder une esthétique propre au roman algérien, affirmant par là, l’existence d’un peuple conscient de sa condition et faisant de cette langue un instrument de lutte… Nedjma n’a-t-elle pas témoigné des massacres du 08 Mai 1945, et pourtant…

Le constat est le même s’agissant de le production filmique , « je reproche à certains réalisateurs la proximité du discours politique sur la tragédie et j’ai pu voir, dans certains films, comme Rachida de Yamina Bachir-Chouikh, une sorte de traduction cinématographique d’un discours sur la guerre civile, qui de mon point de vue, était un discours un peu sommaire qui ne va pas forcément au fond des choses », affirme le conférencier, et d’insister pour dire que l’œuvre littéraire n’est pas forcément le produit d’un contexte politique.

L’idéal ne serait-il pas de concilier devoir de vérité et devoir esthétique, car littérature est aussi du domaine social en plus d’être celui de l’esprit ? Toujours sur la thématique de la littérature, Yacine Temlali soutient qu’elle ne se doit pas d’être nécessairement engagée : « je ne crois pas que la littérature se doit d’être engagée, il y a des écrivains engagés, d’autres non, ce n’est pas l’engagement qui est déterminant dans la valeur esthétique de leurs œuvres. Il y a des écrivains nombrilistes qui ne parlent que d’eux- mêmes et qui ont la haine du peuple, mais qui sont extrêmement talentueux… Cossery ne porte pas de discours revendicatif sur son peuple, mais l’a servi en parlant de lui et de la condition dans laquelle il vit … » Abordant la problématique linguistique en Algérie et son corollaire à travers la littérature, Yacine Temlali fustige la Francophonie, qui est, selon lui, un simple argument de vente.

Il trouve stérile et sans fondement la polémique de Othmane Saadi sur la politique linguistique en Algérie: « Le fait de connaître une langue, c’est avoir un instrument pour accéder à un patrimoine, à une connaissance, à une culture… ». Sur la question d’un intervenant, contestant le choix des auteurs sélectionnés dans l’ouvrage Algérie, chroniques ciné-littéraires de deux guerres, Ed Barzakh 2011, notamment le choix de Boudjedra comme corpus d’étude, Temlali souligne que bien qu’il ne partage pas les positions politiques de Boudjedra, il ne reste pas moins le meilleur écrivain algérien à ses yeux, qu’il le préfère de loin à Malek Haddad qu’il juge «ennuyeux et d’une naïveté désarmante » …

Le journaliste et critique littéraire se mit à répondre aux questions du public, dans un échange passionné et passionnant. Ainsi, évoquant le métier de journaliste, l’invité du Café Littéraire estime que ce dernier se doit d’être dans un rapport de revendication et non dans un rapport d’amitié avec sa hiérarchie. Il regrette l’absence de critiques littéraires spécialisés dans la presse, notamment écrite, ce qui aurait participer, à coup sûr, à une meilleure approche des œuvres littéraires ! Concernant le traité d’amitié Algéro-Français, le chroniqueur affirme que ce n’est pas « un traité d’amitié qui mettra fin au passif douloureux entre les deux pays (…), l’exemple de la Libye et de l’Italie en est révélateur.

Le traité d’amitié Italo-libyen, signé en 2009, n’a pas empêché l’Italie de faire partie de la coalition… De mon point de vue, l’enjeu majeur demeure les relations économiques privilégiées qu’entretiennent la France et l’Algérie… ce qui est intéressant, pour ma part, c’est comment sont traduits ces rapports sur le plan cinématographique et littéraire… ». Il est à noter que cette séance a été ponctuée par la projection de caricatures réalisées par le talentueux dessinateur, Ghilas Aïnouche.

Nabila Guemghar

Belkacem Hadjadj honoré à Agadir ( Maroc)

Le réalisateur algérien Belkacem Hadjadj, a été honoré, jeudi, 6 octobre, durant la soirée, à l’occasion du coup d’envoi de la cinquième édition du festival international du film amazigh Isni N’Ourgh qui se déroule dans la ville d’Agadir, au Maroc.

Agadir, Maroc

De notre envoyé spécial

Belkacem Hadjadj a realisé plusieurs films algériens, dont on peut citer, entre autres, le long métrage en Tamazight, intitulé Machahou tournée dans la région de Kabylie.

La cérémonie d’ouverture de cette manifestation s’est tenue en présence de plusieurs hommes du cinéma et du représentant de l’institut royal de la culture amazigh (IRCAM).

« Le cinéma amazigh connaît un essor remarquable ces dernières années. Je considère que l’ouverture de la culture amazigh est liée à l’ouverture de la culture politique », a déclaré Belkacem Hadjadj.

Les organisateurs de cette manifestation ont également rendu hommage au peuple libyen. Le chercheur et universitaire, Hassan Aourid, est revenu aussi, dans sa langue allocution, sur le combat des militants de la cause identitaire, notamment en Algérie, citant, entre autres, le travail de l’anthropologue et écrivain Mouloud Mammeri, le parcours du chantre de la chanson kabyle Matoub Lounes, assassiné en 1998 .

Le président d’honneur du FINIFA a rappelé également les événements d’avril 1980 et de 2001 en Kabylie, avec une pensée particulière à Guermah Massinissa et tous les martyrs du printemps noir.

Par ailleurs, dans la salle, nous avons également remarqué la présence du comédien algérien Fawzi Saichi, dit Remimez , le commissaire du festival du film oriental de Genève, Tahar Houchi, le réalisateur péruvien Cisar Galido et Ali Bouhouf, président de l’association sud nord évolution qui organise, chaque année, la semaine du cinéma algérien à Lille, en France ainsi que Hamid Rebahi, représentant du commissaire du festival du film amazigh en Algérie.

Hafid Azzouzi

Le film documentaire La langue de Zahra se distingue à Agadir : Emotion et nostalgie

Projeté samedi dans une salle archicomble à Agadir (Maroc), ce documentaire de la réalisatrice algérienne Fatima Sissani, qui a décroché le premier prix du Festival international du film amazigh, a donné des frissons à l’assistance qui a suivi avec beaucoup d’attention ce long métrage.

Agadir (Maroc)
De notre envoyé spécial

Le documentaire intitulé La Langue de Zahra, réalisé par Fatima Sissani, une journaliste originaire d’Iferhounène, en Kabylie et qui vit en France depuis l’âge de 6 ans, a suscité beaucoup d’émotion et de nostalgie lors de sa projection, samedi, en soirée, à Agadir, au Maroc, dans le cadre du Festival du film amazigh. Ce produit a décroché le premier prix de cette édition qui s’est clôturée en apothéose, dimanche. Projeté dans une salle archicomble, ce film a donné des frissons à l’assistance qui a suivi avec beaucoup d’attention ce long métrage qui parle de la vie des Kabyles en France. Il évoque aussi l’attachement d’une mère à sa terre natale. Ce produit a été tourné en France et dans les villages d’Iferhounène, avec les images magnifiques d’Azrou N’Thour, un endroit féerique perché sur les hauteurs des majestueux monts du Djurdjura.

C’est là où est organisé, chaque saison estivale, le rituel Assensu, une fête grandiose qui draine des milliers de personnes. «Les Kabyles existent d’abord par la parole. Chaque geste et chaque instant de leur quotidien peut donner lieu à une langue poétique pleine de métaphores, de proverbes… Ne dit-on pas que dans des contreforts montagneux dont ils sont les hôtes, la joute oratoire était un exercice courant. Dans une société de l’immigration, les hommes et les femmes kabyles, souvent analphabètes, sont exclusivement relégués aux rangs d’ouvriers ou de femmes au foyer… On imagine mal les orateurs qu’ils deviennent quand ils retournent à leur langue.

Cette réalité, je l’ai présentée et j’en ai réalisé toute l’acuité mesurée en filmant ma mère, son quotidien et son histoire», nous dira la réalisatrice lors des débats à la fin de la projection : «L’essentiel de mon travail tourne autour de l’immigration, de l’exil. L’exil m’obsède, me fascine et me colle à la peau. Cette fois-ci, c’est ma mère que j’ai laissé s’interroger sur des morceaux de la vie que je n’avais pas trouvé le moment ou l’audace de questionner», nous a-t-elle ajouté.

Notons que le documentaire de Fatima Sissani sera projeté en novembre prochain au Festival Trace de vie à Clermond Ferrand et à Saint-Denis, durant le même mois. En décembre, il sera également à l’affiche à Grenoble, au Mans, en janvier et à Montpellier en février. Par ailleurs, durant la même journée, on a assisté également à la projection des films Hmed Oulkadhi, un roi berbère de l’Algérien Djamel Aït Iftène, La Caravane du Marocain Abdeslam Idrissi, La Chanson de la vie du Péruvien Cisar Galindo, Izenzarene de Christian Lorre, entre autres.

Rappelons, par ailleurs, que la veille, le jeune Farid Cherfaoui avait présenté son court métrage Les bergers du Djurdjura tourné dans la commune d’Aït Bouadou, en Kabylie. Originaire des Maâtkas, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Farid est un jeune réalisateur qui entame une carrière prometteuse dans le cinéma. Il a, pour rappel, décroché le Prix spécial du jury lors de la dernière édition du Festival du film amazigh qui s’est tenu, en mars dernier, dans la ville d’Azeffoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Hafid Azzouzi

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