Publicité

AdSense

samedi 31 octobre 2009

Meksa : 21 ans déjà !

Cette fois, le travail est plus modernisé avec l’introduction du piano, de la guitare basse et de la batterie. Avant de s’arrêtr, l’enfant de Mira produira, en 1982, “Amnekcham” et se consacrera à son travail d’information. Il décidera, par la suite, de revenir en registrant l’album qu’il n’aura pas le temps mettre, de son vivant, sur le marché puisque le destin en décidera autrement. En effet, Abdelkader Meksa enregistrera “Amaghar Azemni” contenant, entre autres, “Ayelli” et “Tamila” en juillet 1988, quelques mois à peine avant sa disparition tragique...

Sinistre fut le 31 octobre 1988 pour la culture kabyle, et pour cause ! Abdelkader Meksa disparaissait, en effet, dans un tragique accident de la circulation en France alors qu’il n’avait que 34 ans et qu’il venait d’enregistrer son 4e album “Amghar Azemni” signant ainsi son retour sur la scène artistique après un silence qui a duré depuis la sortie de son album “Amnekcham” en 1982.

L’enfant de Mira (Ath Djennad) commence sa carrière comme comédien à la Radio Chaîne II avant de se lancer dans la chanson. D’ailleurs, la première, Loundja, eut tout de suite un grand succès : c’était en 1973. Deux ans plus tard, Abdelkader Meksa Bouclera son premier album qui contient, justement, Loundja et d’autres titres qui ont eu énormément de succès tels que Assif Assif, Anzar et Tafsut : en tout, cet album contient huit chansons.

Deux années plus tard, Meksa reviendra avec un deuxième album, intitulé “Messinissa” et contenant également Zelgoum, Tagrawla, Arzaz t-tzizwa et Tafunast Igujilen. Cette fois, le travail est plus modernisé avec l’introductin du piano, de la guitare basse et de la batterie. Avant de s’arrêtr, l’enfant de Mira produira, en 1982, “Amnekcham” et se consacrera à son travail d’information.

Il décidera, par la suite, de revenir en registrant l’album qu’il n’aura pas le temps mettre, de son vivant, sur le marché puisque le destin en décidera autrement. En effet, Abdelkader Meksa enregistrera “Amaghar Azemni” contenant, entre autres, “Ayelli” et “Tamila” en juillet 1988, quelques mois à peine avant sa disparition tragique... D’ailleurs, à propos de sa mort, sa famille parle plutôt d’assassinat raciste.

En attendant, depuis la disparition de Meksa, l’ENTV n’a jamais daigné passer ses enregistrements pourtant diffusés de son vivant : Pourquoi ? Pire encore, à sa mort, seules les revues Actualités de l’émigration et Révolution africaine lui ont rendu hommage en novembre 1988.

Amastan S.

mardi 27 octobre 2009

Hommage à Medjahed Hamid : “Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons”

Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée que Medjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporelles sont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical, chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées.

L’hommage rendu hier à l’artiste polyvalent Medjahed Hamid était exemplaire. Une sympathique réception a été organisée en son honneur, au cours de laquelle, l’artiste a rencontré ses amis qu’il n’a pas revu depuis une dizaine années. La cérémonie a été marquée par une présence remarquable des différentes figures artistiques algériennes. Qu’ils soient, chanteurs, musiciens ou comédiens, ils étaient tous présent pour dire un seul mot à Medjahed Hamid «Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons». L’association «El Marhada» de Aïn Benian qui a concocté cet hommage, a accueilli pour sa part, des chanteurs pour puiser à cette occasion dans le répertoire du chantre de l’amazighité. La commémoration était certes organisée par l’association «El Marhaba», et a été parrainée par l’Office national des droits d’auteurs (ONDA).

Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée que Medjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporelles sont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical, chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées. De nombreux chanteurs de renom se succéderont sur scène, venus spécialement pour participer à l’événement. L’hommage aura ainsi ciblé une musique amazighe dans sa richesse et sa variété. Le coup d’envoi de cette célébration a été donné par le chanteur Izoran, en chantant l’une de ses meilleures chansons. Suivi par les autres chanteurs et chanteuses, parmi eux, on peut citer Louiza, Nouara, ldjida thamchtouht, Ahcene Abassi, Farid Faragui, ….et d’autres «voir les impressions ». L’ambiance était familiale et conviviale en même temps. Très ému, Medjahed Hamid n’a pas cessé, tout au long de la soirée, d’exprimer ses remerciements à ses invités et aux organisateurs de cet événement. Avec les invités et ses amis qu’il a reçus dans cette salle de fête, il s’est remémoré le long parcours, riche en bons… et en moins bons souvenirs. Une demi-journée consacrée à cet homme de la chanson Kabyle n’était pas suffisante pour remémorer dans ses moult détails une nostalgie commune, gravée dans la mémoire de cette famille artistique.

Akli Slimani

Medjahed Hamid : “Ma joie est immense”

La Dépêche de Kabylie : Après quarante ans de chansons, un humble hommage vous a été rendu aujourd’hui. Un hommage qui a regroupé la famille artistique dans cette salle a Aïn Benian, quelle est votre première impression ?

Medjahed Hamid : J’ai un sentiment de fierté, et c’est un double hommage parce que celui-ci me permet de revoir des amis que je n’ai pas vu depuis plus de vingt ans.

Et je suis fier d’être honoré par l’association «El Marhaba » de Aïn Benaïn, qui ont essayé de me contacter depuis plus d’une année, pour préparer cet hommage, et c’est plein d’émotion que je suis là, à la rencontre des amis artistes, comédiens musiciens que j ai invités.

Donc, j’ai invité pour cette occasion certains chanteurs que chacun chante une chanson. Parmi eux, les jeunes de la nouvelle génération, et les anciens bien évidemment.

Pour l’occasion, certains chanteurs qui ont passé dans votre émission radiophonique «Igneyen Uzeka» sont bien présents aujourd’hui, pour assister à votre hommage. Que pourriez-vous dire à ce sujet ?

Et ben voilà, c’est une occasion pour eux de se faire connaître parmi les anciens chanteurs. Je pense que c’est une bonne chose pour eux.

Apres ce long parcours dans la chanson Kabyle, comme animateur d’une émission qui a beaucoup contribué à la découverte de nouvelles voix. Quel sentiment ressentez-vous aujourd’hui ?

Comblé tout simplement, et je peux dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et mon plaisir est deux fois plus immense, et deux fois plus grand, car une association de Ain Benian a pensé à moi.

Leur geste est vraiment émouvant. Normalement, il y a d’autres organismes d’Etat, et d’autres institutions qui ont les capacités pour le faire, mais la chance n’a pas été avec moi, ce sont toujours de petites gens qui se souviennent de leur semblables. Et c’est avec plaisir, que j’ai répondu favorablement à cet événement.

Vous venez de reprendre, il y a quelques mois votre émission à la radio chaîne II, et qui s’intitule Ithran, est ce que l’objectif est resté le même, c'est-à-dire à la recherche de nouvelles voix ?

Bien sûr, j’ai repris l’émission depuis une année, d’où ont émergé deux chanteuses et huit chanteurs, dommage q’une chanteuse s’est absentée pour empêchements familiaux. Pourtant, elle chante bien, car c’est une aubaine pour elle de se faire connaître par tous les artistes. Donc, ces chanteurs savent ce qu’ils ont gagné.

Propos recueillis par A. S.

Hamid Medjahed : Le parcours d’un précurseur

Il est aussi difficile de parler d’un artiste polyvalent qui a réussi à marquer de son empreinte la chanson kabyle surtout lorsqu’on parle d’un grand chanteur tel Hamid Medjahed, né en 1949 à la Casbah (Alger). Originaire d’Ichelladhen, à Akbou, ou il n’a jamais coupé les liens. L’enfant de la Casbah s’intéressa depuis son très jeune âgée à la musique, notamment le Châabi, le style le plus répandu à cette époque. Après une longue durée d’essai, il tenta son premier passage à la radio algérienne Chaîne II en juin 1969. L’émission où il a été programmé s’intitule "le Music-hall dhi Mejdahed Radio" animée par Mehenni et Acherouf Idir, et réalisé par Kamel Hamadi. Une entrée bien annoncée pour Hamid Mejdahed. Il a réussi à enregistrer à la chaîne II, sa première chanson en décembre 1969 qui s’intitule "Ayghar Lakhdaa" (pourquoi la trahison). L’enregistrement était assuré par un orchestre dirigé à cette époque par Maâti Bachir. Par la suite, le chanteur à poursuivit son chemin d’artiste, avec les différents chefs d’orchestre de la Radio. Son répertoire est composé aujourd’hui d’une quarantaine de chansons toutes enregistrées à la radio. Les chefs d’orchestres ayant travaillé avec Medjahed Hamid sont nombreux. Citons parmi eux : Maati Bachir, Teyssir Aklah, Alaine Touhami, Ammari Maamar, Abdallah Kerriou, Mohamed Guechoud, Mohamed Mokhtari, Chérif Kortebi, Mahmoud Aziz ….et d’autres. Il a composé également plusieurs opérettes dont "Assegas Aachrine" de Meziane Rachid et une autre opérette. "Génération après génération", animée par Ben Mokhtar. Le parcours de Medjahed Hamid est ainsi marqué par l’aide qu’il a constamment apporté aux chanteurs et chanteuses kabyles. Il a composé plusieurs chansons aux chanteurs et chanteuses qui l’ont sollicité. Certains d’entre eux ont pu réussir au fil des ans à s’imposer dans la scène artistique. La liste est longue mais on peut citer à l’occasion Nouara, Djida, Mouloud Habib, Aït Meslayen, Abdelkader Meksa, Méziane Rachid, Tawès…etc.

Il a participé bénévolement en qualité de musicien dans les studios d’enregistrement, Il a guidé et orienté un grand nombre de chanteurs. Ces derniers vautraient ses qualités en tant qu’artiste. Ses œuvres témoigneront de ce qu’il est. Medjhed Hamid n’a jamais voulu éditer ses chansons sur le marché, partant sur le fait que c’est aux éditeurs de le solliciter et non le contraire. Ce n’est que 38 ans plus tard et sur l’insistance de son public qu’il a enfin accepté d’éditer trois volumes englobant une vingtaine des ses meilleurs chansons. Actuellement, il prépare l’édition du quatrième volume qui sera composé de plusieurs chansons inédites.

Hormis le chanteur, Hamid Medjhed a également et surtout était un animateur. Il a produit plusieurs émissions radiophoniques à la Chaîne II, dont la fameuse émission “Ighneyen Uzeka" les chanteurs de demain. La particularité de cette émission comme le témoignent certains chanteurs était la franchise de Medjahed Hamid. L’animateur était d’un franc-parler devant ses invités. Il s’exprime en toute franchise sur le produit présenté par les hôtes de son émission. Cette émission remonte déjà à une vingtaine d’années, d’où ont émergé plusieurs chanteurs amateurs devenus actuellement des vedettes incontournables. Aussi, il exerce son rôle de conseiller à l’égard des nouveaux chanteurs qui passent lors des différentes émissions diffusées à l’écran de la télévision algérienne. A présent, Medjahed Hamid continue sans cesse de défendre farouchement l’art pour l’art. Par sa franchise, il considère toujours que l’art ne fait vivre que celui qui le pratique.

Akli Slimani

Réactions :

Ldjida Thamachtohth, chanteuse : "On a travaillé ensemble, Il m’a fait des compositions "

“Hamid Medjahed est un grand chanteur, c'est notre frère, je lui souhaite longue vie et beaucoup de réussite dans son parcours qui est encore long. Il a beaucoup donné à la chanson kabyle, on a travaillé ensemble, il m’a fait des compositions. Je lui souhaite bonne santé et réussite, car c'est ce qui compte dans la vie.”

Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité : ''Hamid, on a encore besoin de tes chansons''

“La mémoire des hommes est oublieuse, on a tendance à oublier rapidement ceux qui ont servi l'Algérie, quel que soit le domaine d'activité. Je tiens donc à remercier l’association qui a pris cette initiative. Hamid n’a pas fait la chanson pour de l'argent, c'est de l'art pour l'art. Il a formé beaucoup de jeunes talents. Quand on écoute ses chansons, on a l'impression qu'il s'adresse directement à nous, ce qui n'est pas le cas pour d'autres chanteurs, surtout de la nouvelle vague que j'appelle des chanteurs fast-food, car ils utilisent l’électronique, pas comme Hamid, Aït Menguelet, Matoub Lounès, Akli Yahiyaten, Farid Ferragui, Si Moh... Hamid, on a encore besoin de tes chansons. Elles ont bercé ma jeunesse, notamment la chanson Kem".

Abdelmadjid Meskoud, chanteur : ''Hamid est un vrai moudjahid, je le lui dit aujourd'hui''

“C'est avec un grand plaisir que j'assiste, à cet hommage, rendu à ce grand chanteur. Hamid Medjahed m’a invité. Je suis là aujourd'hui pour lui, il mérite plus que cela. Car il a beaucoup chanté, et c'est un vrai régisseur à la télévision. Hamid est un vrai moudjahid. Je le lui dit aujourd'hui, toutes mes félicitations. Je te souhaite une longue vie.”

Lani Rabah, chanteur : “Il a tracé le chemin de différents chanteurs”

“Da Hamid est un grand chanteur et un bon conseiller. Il a réalisé beaucoup d'émissions radiophoniques, bien que ces dernières années il ait pris du recul. Da Hamid a tracé le chemin de différents chanteurs, c'est un honneur pour moi. J'ai les larmes aux yeux, parce que Da Hamid mérite un vibrant hommage. Le mérite revient à ces associations qui déterrent les grands chanteurs, parce que généralement, l’hommage se fait après le décès de la personne. C'est un témoignage et une façon de l’honorer. Aujourd'hui, nous sommes très heureux d’assister à cet hommage, et je tiens à remercier cette association qui a pensé à Da Hamid. Da Hamid, je te présente toutes mes sincères félicitations, je te souhaite longue vie, que Dieu te protège ainsi que ta famille.”

Ferhat Medrouh, chanteur : "Durant 40 ans de carrière, il n’a fait que du propre"

"Je remercie La Dépêche de Kabylie qui répond toujours présente en ces occasions et qui est venu couvrir l'évènement, tout comme je remercie cette association qui a organisé cet hommage. En ce grand jour, il mérite l’honneur de 40 ans de carrière, il n’a fait que du propre, espèrons qu'il y aura d'autres hommages pour les grands artistes qui sont si nombreux. Hamid longue vie."

Wardia Aïssaoui, chanteuse : "C’est grâce à lui que j'ai appris la chanson kabyle"

“Je suis déjà une grande fan de ce grand chanteur, avant même que je ne rentre dans le monde de la chanson, j'ai appris par coeur toutes ses chansons, c'est grâce à lui et à ses chansons que j'ai appris la chanson kabyle. Hamid je te remercie pour tout ce que tu as fait, personne ne peut oublier tous ces jeunes chanteurs qui sont passés dans ton émission. Ils se sont fait un nom grâce a toi. Je n’ai pas eu la chance de passer dans l'émission de Hamid, car, quand j'ai commencé la chanson, il a arrêté son émission Ighanayen ouzaka. Merci Hamid, longue vie et mille fois encore merci.”

Meziane Izourane : "Il faut qu'il fasse beaucoup de compositions"

“Cet hommage est quelque chose de bien, je remercie l’association Marhaba de Aïn Banian. Hamid Medjahed est parmi les grands et anciens artistes kabyles, il a beaucoup donné pour la chanson kabyle, comme il a aidé cette nouvelle génération, depuis l'émission Ighanayen ouzeka, c'est un grand monsieur qui a beucoup donné pour la chanson kabyle. A chaque fois qu'il s’agit d’un chanteur kabyle, on s'unit afin que la chanson kabyle ne meure jamais. Je lui dis bon anniversaire. On t'aime très fort, il est toujours en bonne santé et peut encore donner pour la chanson kabyle, il faut qu'il fasse beaucoup de compositions.”

Salima labidi, comédien : "Il mérite beaucoup plus"

“Il mérite beaucoup plus, car il a consacré sa vie pour la chanson kabyle et la musique kabyle. Hamid, je te souhaite longue vie, que Dieu te donne une bonne santé pour que tu puisses continuer ton parcours dans le monde de la chanson.”

Nouara, chanteuse : ''Hamid est un grand et il le restera pour toujours''

“J’espère que tous nos jours seront des fêtes, et inch’Allah, beaucoup de chanteurs seront honorés. Hamid est un grand et il le restera pour toujours car il le mérite bien. Toutes mes félicitations, Je te souhaite longue vie et une bonne santé.

dimanche 25 octobre 2009

BOUALEM RABIA (ÉCRIVAIN) : «Le roman amazigh doit prendre de l’essor»

La sortie d’un roman en langue amazighe est l’événement culturel le moins fréquent dans notre pays. Les romans écrits en tamazight se comptent sur des doigts d’une seule main. Le dernier roman en tamazight a été édité il y a plus de trois ans. La sortie du roman de Boualem Rabia, Nnig Usennan (éditions l’Odyssée) ne peut pas passer inaperçue. Dans cet entretien, l’auteur, qui a déjà publié un premier livre chez le même éditeur, intitulé Florilège de poésie kabyle, parle de son livre mais donne aussi sa vision de la littérature d’expression berbère.

L’Expression: Votre premier roman est écrit en tamazight. On se serait plutôt attendu à un roman en français, compte tenu de votre longue expérience professionnelle. Pourquoi le choix de tamazight?
Boualem Rabia: Si j’ai opté pour tamazight, c’est indéniablement parce que cette langue, qui est la nôtre, a plus que jamais besoin de produire par elle et pour elle, d’avoir sa propre création scripturale. C’est pourquoi j’ai décidé ainsi et brûlé mes vaisseaux. Ce que disait Robert Randau dans la phrase suivante, est à juste titre valable pour l’expression amazighe: «Il doit y avoir une littérature nord-africaine, parce qu’un peuple qui possède sa vie propre doit posséder aussi une langue et une littérature à lui.»
Si nous voulons que notre langue ait sa place au soleil, il faut absolument qu’elle cesse d’être à la botte des autres langues dont nous usons pour nous dire, dire notre société, notre vérité d’être...Pour vivre notre culture de l’intérieur, disons-la aussi et surtout dans la beauté de notre propre langue. Certes, il y a toute une pléthore de recueils de poèmes (certains sont extraordinaires et de portée universelle) mais cela reste très insuffisant: il faut que le roman (entre autres genres) prenne de l’essor. L’épanouissement de notre culture doit tenir compte de l’incontournable création littéraire dans toute sa diversité. Pourquoi le choix de tamazight? Parce que «le Printemps berbère» et «le Printemps noir» doivent être maintenant justifiés et honorés par un réel épanouissement de notre langue, de notre culture. Question idoine pour me rappeler la célèbre sentence de Kateb Yacine: «On ne sort pas d’une révolution pour fermer sa gueule!»

Le titre de votre roman, Nnig Usennan est saisissant. Que symbolise-t-il pour vous?
Nnig Usennan (Au-dessus de l’épine) est un titre tiré d’un proverbe kabyle (tamegra nnig usennan) qui, en substance, veut dire que nulle moisson n’est acquise, si l’on n’a pas prêté ses mains et ses bras aux épines du chardon et du pa-nicaut. Un titre qui symbolise pour moi le sacrifice, l’abnégation et le désintéressement dans toute lutte pour une cause juste...Ici, il m’appartient de dire que la «question amazighe» est utilisée par beaucoup de faux militants comme un cheval de Troie. Et c’est là aussi que gît une part du problème de tamazight.

Pouvez-vous résumer la trame de votre roman?
Une trame faite de rêves parfois impraticables et de réalités amères. Comme dans toute oeuvreromanesque, l’auteur a beau le nier, même inconsciemment, il s’y reflète. Il y met sa douleur et son espoir, son amour et ses dédains, ses doutes et ses certitudes...A travers les personnages (Ba Zemni, Sedda, Wecci...) aucune pensée, aucun comportement n’est invraisemblable ou fortuit. Symboliquement, la saga d’une tribu (At Nubel) transplantée, que le doyen, le patriarche (Ba Zemni, le dépositaire de la mémoire ancestrale) tente, avant sa mort, de ramener à la source, à l’identité première.

On n’écrit pas un roman sans avoir beaucoup lu et sans avoir été influencé, voire profondément marqué par certains auteurs. Quels sont vos écrivains préférés et pourquoi?
Effectivement, je lis énormément et depuis toujours. Influencé...naturellement, je le suis par Mammeri, Kateb Yacine, Zola, Kafka, Baudelaire...Enfin, comme dirait l’autre, en citer c’est en oublier. Pourquoi? Tout sottement, peut-être, en chacun, dès ma prime jeunesse, j’ai trouvé l’outil essentiel pour sculpter une facette de mon monde intérieur.

Souvent, on présente l’écriture romanesque comme une forme de thérapie. On écrit pour ne pas subir. Etes-vous d’accord avec cette définition?
Tout à fait d’accord! J’ai toujours écrit, traduit, peint, chanté des mélopées anciennes, fait partie du fameux groupe musical des années 70-80: Yougourthen, en vue d’exorciser la solitude, l’oubli des belles choses essentielles que l’absurdité tente de dénaturer, dévitaliser, voire annihiler.

Les écrivains écrivent aussi par nostalgie. On écrit parce que les temps révolus ne pourront plus revenir et qu’on pense que le bon temps est toujours derrière nous. Ce qui n’est pas toujours le cas. Quel est votre avis?
J’écris pour refuser le désenchantement d’un environnement de plus en plus déshumanisé, quedéserte progressivement toute poésie. Oui, dans le plus clair des cas, j’écris par nostalgie. D’ailleurs, ma muse s’appelle Nostalgie.

La production romanesque en tamazight se limite à moins d’une vingtaine de romans plus ou moins sérieux. A quoi est due, d’après vous, cette faiblesse?
Triste réalité. A mon humble avis, cette carence résulte du fait que la langue amazighe est fraîche émoulue de l’oralité. Elle n’est enseignée que depuis une date très récente. Une langue multimillénaire marginalisée, frappée d’interdit sur son propre territoire! Si elle est encore parlée par des millions de Maghrébins, très peu savent l’écrire. Toutefois, s’il y a une réelle volonté des Etats concernés de promouvoir cette langue (cette culture, que l’on aurait plutôt tendance à folkloriser), ils doivent prendre des initiatives conséquentes, sincères, allant dans le sens de cette promotion, en y mettant les moyens adéquats et en visant un public plus vaste, au lieu de la cantonner dans des régions bien définies...Inutile de s’étaler là-dessus! Sinon, même si le roman est le genre littéraire qui tarde le plus à se consolider dans le domaine amazigh, l’espoir ne fait pas défaut: il existe de jeunes talents qu’il suffit d’encourager. L’effort et la volonté des écrivains amazighophones, qui écrivent dans d’autres langues, seraient d’un apport considérable dans l’usage cultivé de leur langue maternelle, pour le panorama littéraire amazigh.

Parlez-nous de votre expérience dans le domaine de la traduction. Il est très difficile de traduire du tamazight vers le français, surtout s’agissant de poésie. Comment vous vous y prenez?
C’est toujours par amour pour cette langue que j’écris ou traduis (du kabyle au français ou inversement). «Traduire, c’est trahir», dit-on. Ce n’est pas toujours faux. Mais au moins, quand on veut éviter les coups de Trafalgar dans ce domaine (poésie), l’on doit se sentir à l’aise dans les deux langues, l’on doit sentir que le souffle poétique n’est pas uniquement dans la rime, encore moins dans la traduction littérale du vers. Il faut une certaine relation charnelle avec le verbe, l’âme du verbe. C’est tout comme en musique: la chose se sent mais ne s’explique point.

Qu’en est-il de votre expérience dans les scénarios de l’audiovisuel?
Une expérience édifiante. En tout, six ou sept productions depuis les dialogues et les décors de La Montagne de Baya de A.Meddour jusqu’à H’nifa, une vie brûlée de S.Allam et R.Iftini. Il me reste quelque part un goût de déconvenue, quant aux dialogues kabyles.
Par la force des choses, on a souvent «charcuté», rendu insipide telle ou telle phrase, tel ou tel passage dans ma version kabyle, qui tente de réhabiliter un mot, une expression...Et étant perfectionniste, quant à l’expression dense mais exhaustive, c’est là toute la beauté du verbe kabyle, j’ai dû assez souvent essuyer des convenues sur le plateau ou à la sortie du film. Mais les quelques films amazighs culturellement valables ont, en dépit de tout, le mérite d’exister. Pour le reste, l’on est en train de reproduire l’hécatombe qu’a déjà subie la chanson.

Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI

jeudi 22 octobre 2009

Entretien avec Abdelaziz Hammouche : ''Il faut résider dans la capitale pour se faire connaître''

Abdelaziz Hammouche a commencé à apprendre à jouer de la guitare et à chanter en 1979. A cette époque, il avait à peine 20 ans. Dès la fin de l’année 1981, il se sent prêt à se produire sur scène comme chanteur amateur. C’est ainsi qu’il a eu à animer des galas artistiques à El-Kseur et ses environs. Avant d’avoir un répertoire, il fera comme tous les débutants, des reprises de Salah Sadaoui, Ali Yahiatène, Youcef Abjaoui, Hsissen, Dahmane El-Harrachi et, surtout, El-Hasnaoui. Ce dernier est son chanteur préféré au point qu’à El-Kseur, on l’appelle carrément El-Hasnaoui puisqu’il connaît parfaitement tout son répertoire. Quant au style qu’il a fini par adopter pour son répertoire, Abdelaziz Hammouche a choisi le Chaâbi kabyle modernisé. Primé dans plusieurs festivals et concours même s’il ne participe pas beaucoup à ce genre de manifestations culturelles, il se décide enfin à mettre sur le marché un produit. Nous l’avons rencontré à El-Kseur, dans son atelier de couture, un artiste ayant atteint une grande maturité : Il aura 50 ans le 10 novembre 2009.

La Dépêche de Kabylie : Cela fait 30 ans que vous chantez et vous avez même votre propre répertoire. N’avez-vous pas l’intention de produire ?

Abdelaziz Hammouche : Justement, je suis en train d’enregistrer un double-album de 10 chansons.

Mise à part une reprise, les neuf autres chansons datent des années 80, plus exactement entre 1982 et 1984. En fait, pour la reprise, il s’agit d’une musique marocaine à laquelle j’ai écrit mes propres paroles. Elle date de 1991.

 

Avant d’en revenir à votre répertoire, parlez-nous de cette musique marocaine que vous avez reprise.

Je l’ai faite pour moi-même et elle est destinée aux fêtes. Le chanteur marocain qui l’a composée s’appelle si je me souviens bien Mohamed El-Maghrabi.

D’ailleurs, elle a même été reprise par Akli Yahiatène et El-Aouinet. Quant au texte que j’ai écrit, je l’ai composé comme je le ressens.

 

Parlons-en maintenant de votre répertoire. Qu’est-ce qui vous a empêché de produire un album puisque ces chansons datent des années 80 ?

Pour la simple raison qu’à l’époque je ne faisais que chanter sans avoir aucune connaissance en musique. Je n’étais pas sûr de moi.

Ce n’est que depuis une dizaine d’années que mon ami Boubekeur Terki, que je considère comme étant mon maître, m’initia au solfège, aux genres et à l’histoire de la musique, et cela, après avoir étudié à l’ITE de Bouzaréah d’où il est sorti professeur de musique.

C'est-à-dire que, déjà à l’époque, vous étiez conscient que la musique est une science en plus de son côté artistique.

Exactement. Aujourd’hui, je suis capable de dire dans quelle gamme je chante par exemple. J‘ai beaucoup appris depuis dix ans.

 

A part les connaissances que vous avez acquises, que vous ont apporté ces années de perfectionnement ?

Avant de parler de perfectionnement, je vais essayer de vous résumer brièvement ma carrière. J’ai donc commencé en 1979 avec des reprises avant de créer mon propre répertoire à partir de 1982. Ensuite, il y a eu le service militaire de 1983 à 1985. A ma sortie, j’ai été occupé par la construction de ma maison sans oublier les problèmes familiaux et le travail. Il y a eu aussi mon mariage et les obligations que cela entraîne. Durant cette période, il m’est arrivé de ne pas toucher à mon instrument durant plus de six mois. Donc, il m’était impossible de me perfectionner à cette époque. C’est ainsi que ce n’est que depuis 1991 que je me suis remis sérieusement à la musique avec l’aide, comme je vous l’ai dit, de mon maître, Boubekeur Terki, que je connais depuis 1977. A l’époque déjà, nous jouions ensemble. Par la suite, il a étudié la musique à l’ITE de Bouzaréah.  La suite, vous pouvez la deviner facilement. Ce qui m’a comblé et je le tiens à vous le dire, c’est que lorsque j’ai appris les gammes et acquis une base, je me suis rendu compte que, quand même, durant les années 80, je chantais juste.  Toutefois, il y a un point que j’aimerais souligner car il me tient vraiment à cœur depuis longtemps : il faut reconnaître que mis à part les chanteurs engagés, il faut résider dans la capitale pour se faire connaître.

 

Est-ce une question de moyens, d’opportunités ou de public ?

A Alger, même avec peu de moyens, on peut faire une bonne carrière puisque tout se trouve là-bas : L’ENTV, les Radios et les écoles. Il suffit d’un dinar pour se rendre par exemple à la Chaîne 2, ce qui n’est le cas pour nous car il nous faudra beaucoup de dépenses. Constatez-le vous-même, toutes les grandes vedettes résident à Alger. Et cela n’est pas valable uniquement pour la musique. Par exemple, étant tailleur de métier et faisant de la haute couture, si je résidais à Alger, je ne peux même pas vous dire où est-ce que j’en serais aujourd’hui.

 

Vous venez de parlez d’une réalité...

Encore une fois, faites le constat vous-même. D’El-Anka à Mohamed Allaoua, toutes les grandes vedettes ont habité Alger : El-Anka, Ezzahi, Chaou… J’irai même jusqu’à prétendre que Chérif Kheddam en personne ne serait pas devenu une célébrité s’il n’était pas à Alger. Les exemples ne manquent pas.

 

Revenons-en au double album que vous êtes en train d’enregistrer. Pouvez-vous nous parlez de son contenu ?

Il y a donc les chansons que j’ai composées entre 1982 et 1983, puis celles que j’ai écrites lorsque j’étais sous les drapeaux. Ce sera donc le premier album. Le deuxième suivra quelques mois plus tard. Bon, pour les thèmes, ils sont toujours d’actualité puisqu’ils traitent de l’amour et du social. Bien entendu, il y a aussi une chanson qui traite des conditions difficiles dans lesquelles les militaires appelés passent leur service national. Maintenant pour les arrangements, mon ami et mon maître, Boubekeur Terki s’en occupe avec l’aide des musiciens qui ont une grande expérience dans ce domaine. En tout cas, je veux que cela soit un bon produit. De plus, je tiens beaucoup à ce que le premier album sorte le 10 novembre 2009 car, ce jour-là, j‘aurai 50 ans.

 

A part la musique, que faites-vous dans la vie ?

Je suis tailleur et je fais même de la haute couture. J’ai des clients qui viennent même d’Alger et de Boufarik. C’est pour cela que je vous ai dit tout à l’heure que si je résidais à Alger, je ne sais pas où est-ce que j’en serai aujourd’hui. A El-Kseur, c’est grâce au bouche à oreille que cela marche sans oublier aussi les fêtes. En effet, je fais également les robes de fiançailles et de mariages. Toutefois, je suis tailleur pour hommes et femmes. Avant d’être tailleur et jusqu’à 1987, j’étais dans l’enseignement à El-Kseur.

 

Le mot de la fin ?

Je garde un très bon souvenir du passage de Médjahed Hamid à El-Kseur en 1981. Je suis donc passé à la Chaîne 2 en interprétant une chanson d’El-Anka et "A tir El-Qefs" de Hsissen. Sinon, je ne participe pas beaucoup aux festivals. Enfin, je tiens à remercier les associations, le C-RA et l’APC de Seddouk qui m’invitent chaque année.

Propos recueillis par Amastan S.

Entretien avec Mohamed Benbaba, commissaire du festival : ''Il y aura beaucoup de surprises''


La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu du 3 au 8 décembre 2009 à la Maison de la culture Taos Amrouche de Bgayet. C’est ce que nous a déclaré Mohamed Benbaba, directeur de cet établissement qui a été nommé commissaire du festival après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Nous nous sommes rapprochés du nouveau commissaire du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles pour en savoir plus sur cette deuxième édition.

La Dépêche de Kabylie : La deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles aura lieu en décembre et vous avez été nommé commissaire de cette manifestation après le départ d’Ahmed Aici à Mostaganem. Pourquoi ce retard ?

Mohamed Benbaba : Effectivement, Ahmed Aici ne peut plus s’occuper de ce festival puisqu’il a d’autres tâches et un emploi du temps très chargé à la Maison de la culture de Mostaganem. Quant à moi, j’ai été nommé à sa place, par Mme la ministre de la culture,  tout récemment et vu l’importance de cette grande manifestation, les passations de consignes ont pris beaucoup de temps. Toutefois, j’estime que la date du 3 au 8 décembre 2009 est idéale puisque, juste après, le Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes sera organisé à Tamanrasset du 19 au 25 décembre 2009. En effet,  nos artistes, qui représenteront la Kabylie, seront encore frais pour le national et auront la même bravoure à Tamanrasset.

 

En dehors du concours, que comptez-vous faire durant cette deuxième édition du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles ?

Personnellement, j’ai mon idée et ma vision. Ce sera un grand festival. Le jour de l’ouverture, il y aura un grand défilé de la place Gueydon à la Maison de la culture avec des artistes qui vont porter des masques de grandes figures de la chanson kabyle. C’est ainsi que la population de Bgayet verra, par exemple, un Slimane Azem marcher durant ce défilé et entrer à la Maison de la culture. Nous allons confectionner une vingtaine de masques pour les artistes qui ont beaucoup donné à la chanson kabyle. De plus, la façade de la Maison de la culture sera relookée. Ce sera une citadelle. A l’intérieur, nous souhaitons également exposer l’histoire de la musique de l’époque grecque à nos jours… etc. En tout cas, il y aura beaucoup de surprises. J’ai un autre objectif qui consiste à faire participer la population à ce festival, pas uniquement en tant que spectatrice.

 

Cela est vraiment nouveau. Vous venez de parlez des grandes figures de la chanson kabyles. Justement, comptez-vous inviter celles qui sont encore vivantes, comme Kamal Hamadi, Chérif Kheddam, Ferhat Mehenni, Malika Domrane, Idir… etc. ?

Nous allons inviter tout le monde. Ce sera à eux d’accepter ou de décliner l’invitation. Personnellement, j’aimerais bien que les artistes kabyles qui sont à l’étranger reviennent au bercail.

 

Il y a aussi le colloque qui a eu lieu durant la première édition du Festival en partenariat avec le commissariat du film amazigh. Sera-t-il maintenu ?

Non seulement il sera maintenu, mais il y aura aussi des ateliers pour les artistes. Cette deuxième édition verra également la présence de grands musicologues, de docteurs et d’académiciens qui donneront des conférences. Je vous le répète encore, il y aura beaucoup de surprises.

 

Et côté moyens, est-ce que le ministère de la Culture et la wilaya de Bgayet se sont impliqués comme cela ce fut le cas l’année passée ?

Oui. Ils attachent beaucoup d’importance à ce festival. Ils ont toujours été à nos côtés durant toutes les manifestations culturelles importantes.

 

Le mois de décembre n’est pas loin. Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Nous avons déjà élaboré un programme provisoire et nous continuons à contacter ceux que nous voulons ramener pour animer ce festival. Donc, en plus des docteurs en musicologie et académiciens qui auront à animer les conférences, le jury sera aussi composé de spécialistes de cette trempe car il faut donner plus de crédibilité à ce festival.

 

Pour conclure ?

J’aimerais bien faire participer la population de Bgayet, pas uniquement comme spectatrice mais aussi comme actrice. Quant au programme, je n’ai pas voulu le divulguer entièrement car je tiens à réserver au public de grosses surprises lors de l’ouverture et la clôture du festival.

 

Entretien réalisé par Amastan S.

mardi 20 octobre 2009

Boudjima (Tizi Ouzou) : La commune oubliée


En été comme en hiver, les citoyens de Boudjima ont développé une patience très particulière, celle de vivre sans eau !? Malgré que cette municipalité se trouve à 30 km, seulement, du fameux barrage de Taksebt, l’alimentation en eau potable reste son problème fondamental. Tenez-vous bien, la population n’est desservie, généralement, qu’une fois par semaine.

Or, les gens ont payé les compteurs, contre près de 3000 DA et reçoivent les factures régulièrement de l’ADE. Ainsi l’Algérienne des eaux réclame à ses abonnés « d’office », 300 DA d’abonnement chaque mois pour une eau qu’il n’auront pas eu. Toutefois, l’eau se fait vraiment précieuse. Les robinets sont oxydés à force de l’absence de ce liquide inestimable. En outre, la plupart des conduites sont anciennes et les fuites surviennent d’une manière régulière. En attendant de résoudre l’embarras de l’eau définitivement, les citoyens refusent de payer leurs factures. « Tant que je n’aurai pas de l’eau quotidiennement à domicile, je ne payerai pas un sou », déclare un habitant, en colère. Outre la défaillance dans la dotation de l’eau, ladite commune se débat dans des problèmes qu’on n’arrive guère à dénouer. Juste après ce problème majeur, les campagnards se plaignent des coupures d’électricité et des chutes de tension répétées. D’ailleurs, ils accusent la Sonelgaz de délestage durant la saison de la grande chaleur. Un quinquagénaire souligne : « Ils font exprès de nous couper l’électricité pour permettre aux grandes villes de l’avoir, c’est toujours nous, les montagnards, qui payons la mal-gérance dans ce pays. » Pour régler ce problème, les autorités locales ont alerté la Sonelgaz.

Depuis, la situation s’est améliorée. Néanmoins on signale souvent des coupures de courant de courte durée et des chutes de tension. Les clients de cette société nationale la mettent en garde contre une situation semblable durant l’hiver prochain. Dans le même sillage, la localité de Boudjima est privée de l’une des commodités les plus élémentaires, à savoir l’alimentation en gaz de ville. Pour cela, les foyers utilisent le gaz butane. La bouteille est cédée contre 220 DA par les dépôts et les stations Naftal existants dans la commune. Ce qui fait un fardeau de plus sur les bourses moyennes et modestes, très nombreuses, dans cette contrée. En plus, la bouteille du butane fait l’objet de spéculations à chaque saison hivernale. Le raccordement au réseau de gaz de ville reste le rêve. Aucune personne dans cette circonscription ne songe à voir un tel projet se réaliser dans les quelques années à venir. « Du gaz de ville à Boudjima ? Même pas dans les rêves ! », s’exclame un jeune étudiant. Paradoxalement, la canalisation, conçue pour alimenter la commune limitrophe de Ouaguenoun, est fin prête.

Chômage galopant

Le réseau routier est également dans un mauvais état. Les routes dépourvues de fossés et de caniveaux deviennent impraticables durant certaines périodes de l’année. De plus, on note l’inexistence complète des trottoirs dans toutes les routes, même au chef-lieu de cette localité. Quoique plusieurs pistes aient bénéficié des projets communaux de revêtement, plusieurs quartiers s’indignent de la façon dont la mairie a désigné les priorités des pistes à bitumer. « C’est irresponsable de la part de l’APC de ne pas permettre le bitumage du chemin reliant notre quartier à Ldjamaâ Oumzug et Tighiltarkisth. Pourtant, ce projet une fois réalisé, permettra de désenclaver tout un village, sinistré a chaque fois que quelques gouttes tombent du ciel. Il permettra aussi, à certains propriétaires de garages de les transformer en locaux commerciaux fleurissants, une activité presque absente dans le village. Des fonctionnaires de l’urbanisme sont venus plusieurs fois pour prendre les mesures mais sans donner une suite jusqu’à maintenant », s’agace un habitant du quartier Thissiraydou.

Sur un autre volet, des grands villages tels qu’Assekren, Afir et Tarihant réclament l’achèvement de la ligne téléphonique limitée, depuis des années, au chef-lieu de la commune et ses environs. Malgré la couverture excellente des réseaux de la téléphonie mobile, les jeunes de ces villages veulent bénéficier des services qu’offre la téléphonie fixe dans notre pays. Particulièrement, ils désirent s’abonner à Internet, l’ADSL de préférence. « Étant accro à l’Internet, je suis obligé de me déplacer chaque jour au chef-lieu de la commune pour me connecter dans un cybercafé. Sans oublier que ceci me coûte, aussi, une petite fortune », explique Madjid, un jeune passionné de la toile virtuelle. Ce service des télécommunications est devenu le seul refuge pour les jeunes et les chômeurs, en l’absence d’infrastructures culturelles et sportives et la persistance du chômage.

Ce fléau généré par une exclusion sociale pousse de plus en plus les jeunes, vers les zones urbaines (Tigzirt, Tizi Ouzou et Alger). Ils cherchent d’autres alternatives, quasi inexistantes dans leur localité, pour un cadre de vie meilleur. Un retraité de la fonction publique rétorque : « Tout le monde veut quitter cette misère. Les étudiants n’attendent que leurs diplômes pour partir ailleurs, très loin d’ici. Les autres se débrouillent n’importe comment pour avoir un visa qui leur permettra de rallier l’occident. Si ça continue comme ça, il ne restera que les vieux et les enfants dans notre commune. » Quelques jeunes artisans et commerçants dénoncent, également, le laxisme et le laisser-aller des responsables concernant le projet des « locaux du président ». Ils n’ont eu aucune trace de ladite formule depuis que le président de la République l’a annoncée. On note aussi que les bénéficiaires des logements ruraux qualifient d’« une lenteur exagérée » les procédures pour l’octroi de l’aide à l’auto-construction. En matière d’éducation, les citoyens réclament le transport scolaire pour leurs enfants et le chauffage dans les salles de classes. Les parents espèrent aussi, dans le moyen terme, avoir un nouveau lycée. Le lycée de Boudjima est, en fait, un ensemble de chalets préfabriqués dépassés par le temps. La moindre petite neige ou goutte d’eau renvoit les lycéens chez eux. Le secteur de la santé, quant à lui, est en état de latence. Bien qu’il y ait un dispensaire, les malades souffrent le martyre. Pour une simple urgence, une radiographie médicale, une prise sanguine ou simplement pour avoir une carte de groupage, il faut se déplacer vers Tikoubaïne, le secteur sanitaire le plus proche.

Un minimum de commodités

Concernant le domaine du siècle, l’environnement, les habitants des frontières forestières de Sahel crient : « Halte au génocide contre la nature verte et pure de Yaffadjen. » Cette petite mechta, « la porte des oliviers », est réduite à une simple décharge publique. Jour après jour, les images de cette belle nature vont disparaître et la chance de boire de l’eau pure dans un petit lac, de la forêt de Sahel, se volatilisera dans l’air, tout pourri, tout pollué. Plus grave encore, on a pensé même à l’élargir pour qu’elle puisse recevoir les ordures de toute la région !? Pourtant Sahel comme Cheriâa au nord peuvent devenir un grand pôle du développement rural générateur de plusieurs postes de travail. Les responsables ont négligé leurs capacités touristiques ; les magnifiques scènes de Cheriâa et les sites paradisiaques de Sahel. En exploitant correctement toutes leurs richesses, Sahel et Cheriâa ont les moyens de se transformer en joyaux touristiques et agricoles qui pourraient, à eux seuls, éradiquer le chômage et tout ce qui s’en suit. Dans ce sens, l’APC a initié une vaine campagne de mise en valeur, gratuite, des terres agricoles de la région.

Néanmoins, c’est une bonne voie pour tenter de réanimer l’agriculture locale qui était très forte avec ses terres fertiles et son oliveraie. En attendant que la politique du bricolage s’arrête et qu’on se mette au travail sérieux, les citoyens de Boudjima exigent des autorités locales plus d’attention pour leurs carences. « Nous ne demandons pas un miracle, juste le minimum de commodités pour un cadre de vie décent et faire revivre, dans nos cœurs, l’esprit de la citoyenneté et la fierté de l’appartenance à un pays libre et si riche », soutient un moudjahid de la région. De la sorte, Les gens retrouveront, peut-être, le sourire perdu, il y a longtemps. Ils étaient jusque-là inquiets par le règne de l’insécurité. Plusieurs quartiers sont devenus le fief des agressions, la consommation de la drogue et la vente illicite des boissons alcoolisées. Certes, cette situation s’est compliquée davantage depuis les événements de Kabylie de 2001. Toutefois, elle est le résultat logique de l’état d’une population désespérée et agacée par la dégradation incessante du cadre de vie sociale. Mais elle est, surtout, l’œuvre d’une jeunesse effrayée par un avenir sombre.

Par Samir Ghezlaoui

Abdenour Ziani, : “Le cinéma est aussi une arme par l’image”

La Dépêche de Kabylie : Les ateliers de formation de la 3ème édition de Béjaïa Doc se sont déroulés du 08 au 18 du mois courant et aujourd’hui, mardi 02 octobre 2009, vous allez entamer les projections pour le public. Malheureusement, la formation n’a pas eu lieu comme prévu à la cinémathèque de Bgayet.


Abdenour Ziani : Eh bien, cela reflète bien l’état des lieux des salles de cinéma en Algérie car Bgayet ne fait pas exception. Les travaux traînent depuis deux ans et cela a été aussi le cas pour le Théâtre qui était resté fermé pendant trois ans et c’est vraiment dommage. Sinon, effectivement, nous aurions vraiment souhaité organiser cette 3ème édition de Béjaïa Doc à la cinémathèque qui est le lieu adéquat pour cela mais…

Le coup de starter des projections sera donné aujourd’hui, en nocturne, à la Maison de la culture Taos-Amrouche de Bgayet. En attendant, pouvez-vous nous parler des ateliers de formation qui ont eu lieu du 08 au 18 du mois courant ?

En fait, Béjaïa Doc sont des rencontres cinématographiques organisées par Cinéma et Mémoire en partenariat avec Kaïna Cinéma. Nous en sommes à la 3ème édition. Ce n’est donc pas un festival et, effectivement, la priorité est donnée à la formation documentaire. Durant la 1ère édition, nous avons pu réaliser 6 documentaires et cette année 7 ; nous espérons en réaliser plus l’année prochaine. Pour cette année, les ateliers de formation ont eu lieu, dans une résidence appartenant à un ami militant socioculturel, à huis clos. Les stagiaires ont été sélectionnés selon les synopsis qu’ils ont présentés et qu’ils devraient développer avec les formateurs en scénarios tout en apprenant également les techniques du cinéma à l’instar du développement de sujets, de l’analyse et de l’éducation à l’image l’analyse du genre documentaire. En tous cas, ils sortiront après toutes les étapes de la formation et d’accompagnement, car, ils ne viennent de terminer que la première, concernant les métiers du cinéma et l’analyse. Donc, plus tard, nous allons accompagner ces stagiaires dans le tournage et le montage de leurs films documentaires que nous espérons présenter l’année prochaine.

Quel est l’objectif de ces formations ?

Il s’agit de donner l’occasion à ceux qui veulent s’exprimer, ou même raconter leur vécu par l’image, comme cela se fait par écrit avec la narration. D’autant plus qu’à part l’INADC qui veut relancer l’audiovisuel, il n’y a rien en termes de formation en Algérie.

Venons maintenant aux projections puisque le coup de starter sera donné ce soir à la maison de la culture Taos-Amrouche. Est-ce que vous allez aussi présenter les documentaires réalisés par les stagiaires que vous avez formés en 2007 et 2008 ?

Oui, bien sûr. Mais, vous n’ignorez pas que nous sommes tombés sur des dates fatidiques, à savoir, le 17 octobre 1961, le 1er-Novembre-1954 sans oublier le 28 octobre 1989 qui est la date de la mort de Kateb Yacine. Pour cela, il y aura des hommages à de grandes figures. D’ailleurs, l’ouverture débutera pas un hommage à Ali Zammoum avec le film de 53’ Les racines du brouillard de Dounia Bovet-Woltèche en présence de Boudjemaâ Karèche. Pour la clôture, nous avons choisi La chine est encore loin de 90’ de Malek Bensmaïl ce qui est paradoxal puisqu’il y a un hadith du prophète qui dit : Demandez le savoir même en Chine. En fait, c’est pour dire que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Tout cela sans oublier les leçons de cinéma qui auront lieu chaque jour à partir de demain, mercredi 21, de 10h à midi.

Avez-vous un message pour le public ?

J’invite les jeunes à venir découvrir ce qu’on fait afin de prendre conscience sur le fait que l’image est une arme. En effet, c’est une façon de porter un regard sur l’autre, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur et de communiquer. C’est ce que j’appelle l’arme par l’image.

Entretien réalisé par Amastan S.

L’Akfadou, un parc national en attente de classement

La wilaya de Béjaïa recèle de nombreux sites de grande valeur écologique, paysagère et historique à l’image de la cascade de kefrida, des gorges de Kherrata, de la grotte féerique d’Aokas et du parc national de Gouraya avec ses différents vestiges.

Le massif forestier d’Akfadou n’attend qu’une prise en charge étatique pour intégrer cette kyrielle de sites qui font la fierté de la région.

Les autorités locales en collaboration avec les services compétents tentent tout leur possible pour faire accepter l’idée de hisser ce site au rang d’aire protégée.

“Je tiens à informer l’assistance que j’ai officiellement saisi la direction générale des forêts pour leur proposer le classement du parc national d’Akfadou” avait déclaré le premier magistrat de la wilaya lors de la récente visite à Béjaïa du ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

Cette bonne nouvelle a réjoui l’ensemble des présents notamment la famille forestière laquelle, il y a trois années de cela, avait organisé, pour ce faire un séminaire s’inscrivant dans le cadre du classement et de la création de trois nouvelles aires protégées dont le parc national d’Akfadou.

Des cadres et scientifiques de différents horizons y avaient débattu de l’importance qu’il y a lieu d’accorder à la multiplication des catégories d’aires protégées tout en rappelant que le parc naturel a un impact très positif dans la préservation et la protection de la biodiversité d’où l’importance que mérite la protection de la nature dans le pays en la dotant d’un ancrage juridique par la mise en place d’un cadre législatif. La diversité floristique et la faune de la forêt d’Akfadou sont le principal outil de valorisation de la future aire protégée. S’imposant sur les deux wilayas voisines Béjaïa et Tizi Ouzou et s’étalant sur une superficie d’une dizaine de milliers d’hectares, le massif forestier d’Akfadou est considéré comme l’un des plus beaux et le plus riche en sites.

Culminant à 1646 mètres d’altitude, ce dernier représente l’un des plus grands complexes de forêts caducifoliées d’Algérie constituées essentiellement de chênes zen dont l’espèce règne presque sans partage tant dans la strate arborescente que dans la strate arbustive. L’autre espèce qui y cohabite dans ce royaume vert est le chêne afares qui pousse et se maintient assez bien en altitude. La forêt d’Akfadou est très riche avec son demi-millier d’espèces de plantes dont un tiers médicinales en sus de la vingtaine d’espèces de mammifères qui y ont élu domicile.. Ces derniers sont représentés majoritairement par le chacal, le singe Magot, l’hérisson, le porc épic, le renard et le sanglier.

Dans le domaine de l’avifaune, ce massif forestier abrite une centaine d’espèces d’oiseaux représentant une trentaine de familles allant des sylvidès aux accipitriformes en passant par les turcidés, cela en sus, de l’importante population de petits oiseaux vivant en colonies ou couples isolés.

Tout ceci pousse à croire au classement de l’Akfadou afin d’augmenter le nombre d’aires protégées en Algérie. Il existe actuellement une douzaine de parcs nationaux, trois parcs culturels, quatre réserves naturelles et autant de centres cynégétiques. Selon le directeur du parc national de Gouraya, ce mouvement de création d’aires protégées symbolise l’aboutissement d’une prise de conscience aiguë. Toutefois, il est utile de rappeler que la création de parcs nationaux remonte à la période coloniale et que le premier parc national post-indépendance fut celui du Tassili, crée une décennie après l’indépendance.

A. Gana / T. Arezki

Fermeture de 20 écoles à Tizi-Ouzou

La fermeture des écoles à travers le territoire national ne risque pas de s’estomper. Ces établissements scolaires ont été contraints de fermer leurs portes en raison d’une mauvaise planification et faute du transfert des élèves vers d’autres établissements.

La wilaya de Tizi-Ouzou a, à elle seule, enregistré la fermeture de 20 établissements scolaires, dont 15 écoles primaires du nombre totale de 35 structures fermées dans différentes wilayas, notamment Alger, Oran et Sidi Bel-Abbès.

Ce chiffre s’élève à 70 établissements scolaires fermés depuis la fin de l’année scolaire précédente (2008-2009).

S’agissant du budget alloué par le ministère de l’Education nationale, pour la restauration du lycée l’Emir-Abdelkader, le ministre dira qu’il est évalué à 12 milliards de centimes du budget global de 10 milliards de dinars, destiné à la réhabilitation de pas moins de 1 000 établissements scolaires.

Après un long exposé sur plusieurs points ayant trait à la rentrée scolaire devant les membres de la commission de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique de l'Assemblée populaire nationale (APN), le premier responsable du secteur a souligné qu’ " un budget de 10 milliards de DA pour la restauration des établissements scolaires ".

" Nous avons consacré une enveloppe financière de 61 milliards de dinars depuis l’année 2002, pour la restauration et la réhabilitation des structures éducatives ", a affirmé le premier responsable du secteur. Par ailleurs, et en ce qui concerne le transport scolaire, le département de Benbouzid a annoncé l’acquisition de 1 300 autobus, suite à l’accord signé entre Sonacom, en concertation avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales.

Le nombre des autobus augmente pour atteindre actuellement 4 800 véhicules scolaires. Ces derniers serviront à transporter les élèves, habitant dans des zones déshéritées et enclavées.

Lemya Ouchenir

dimanche 18 octobre 2009

SAMIA AÏT ALI YAHIA: Les stèles de la Grande Kabylie

L’auteur a effectué un travail de terrain puisqu’elle a photographié toutes les stèles que comprend son ouvrage.

De plus en plus, des universitaires réalisant des recherches pour leurs thèses, finissent par convertir leur travail en livre et l’éditent afin qu’il soit accessible au grand public. Surtout quand le thème peut susciter l’intérêt du lecteur en général.

C’est le cas de Samia Aït Ali Yahia, enseignante au département des langues et culture amazighes de l’université «Mouloud Mammeri» de Tizi Ouzou. Elle vient de publier un livre aux Editions l’Odyssée, intitulé Les stèles à inscriptions libyques de la Grande-Kabylie. L’ouvrage présente, d’une manière simple, la description des stèles libyques découvertes en Grande-Kabylie. Le but, explique l’auteur, est de décrire le système d’écriture utilisé par les anciens Amazighs depuis l’antiquité.

L’auteur a effectué un travail de terrain puisqu’elle a photographié toutes les stèles que comprend son ouvrage. Elle s’est déplacée dans plusieurs localités pour procéder à l’analyse des stèles en question. Parmi les localités où des stèles berbères ont été découvertes on peut citer Abizar, Boudjima, Souama, Tigzirt, El Kalaâ, Azaghar, Taguemount, Sidi Naâmane, Moknéa, etc. De nombreux autres points sont abordés dans le livre comme l’écriture libyque, l’alphabet oriental, l’alphabet occidental, l’alphabet saharien ancien et un aperçu historique des inscriptions libyques. En Algérie, la majorité des inscriptions berbères ont été découvertes à l’ouest de Constantine, en Kabylie et autour d’Oran.

En Kabylie, les documents actuellement connus, sont peu nombreux. L’auteur précise que son recueil cite onze stèles épigraphiques découvertes en Grande-Kabylie; et que par la suite, d’autres documents sont venus s’y ajouter. Samia Aït Ali Yahia explique aussi que son livre réunit les stèles de Kabylie portant des inscriptions libyques déjà connues plus les inédites.
Parmi les inscriptions libyques découvertes récemment, l’auteur cite le fragment de stèle de Moknéa (Bouzeguène), la stèle d’Ihitocen (Bouzeguène), la stèle de Sidi Naâmane et d’autres stèles découvertes il y a longtemps, analysées brièvement par certains auteurs. Les stèles dont il est question sont exposées au Musée des antiquités d’Alger.

D’autres sont exposées à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Il faut rappeler que la première écriture libyque (ancêtre des caractères berbères) fut découverte en 1631 dans le mausolée de Dougga, l’antique Thougga (Tunisie) par Thomas d’Arcos. Cette inscription était bilingue (libyque - punique), Arcos fit envoyer un relevé à sa compatriote Peirese, laquelle tenta de la déchiffrer, sans succès.

Aomar MOHELLEBI

L’armée ratisse les maquis d’Iferhounène et Imsouhal

Les forces de l’ANP, appuyées par plusieurs éléments de la gendarmerie et de la garde communale, ont entamé, depuis jeudi, une impressionnante opération de ratissage dans les maquis limitrophes aux localités d’Imsouhal, Illiltène et Iferhounène.

Selon les (nombreux) échos qui nous sont parvenus de la zone des opérations, l’armée semble résolue a en découdre définitivement avec le groupe armé qui a été signalé récemment dans la région et qui serait composé, à en croire des sources sécuritaires d’une vingtaine d’éléments. En effet, d’importants moyens humains et matériels ont été déployés sur les périmètres ciblés par l’opération, et ce afin d’assurer un maximum d’efficacité.

Nos sources assurent qu’une dizaine d’hélicoptères bombardiers ont intensément pilonné la région dès la matinée de jeudi dernier. Les raids militaires se sont ensuite poursuivis, toujours avec la même cadence, avec la mise à contribution de l’artillerie lourde et des mortiers qui, un week-end durant, n’ont cessé d’“arroser” les endroits suspectés d’abriter le groupe recherché.

Le tout se déroule, apprend-on encore, sous une main de fer imposée par l’impressionnant bouclier dressé par les militaires sur plusieurs kilomètres à la ronde. Ces derniers se sont en effet postés au niveau de toutes les routes, pistes et autres sentiers qui mènent vers la zone des opérations. La mission de repérer et de neutraliser le groupe recherché a été confié à une unité de parachutistes qui aurait atterri sur les lieux dès la nuit de jeudi.

Il va sans dire que, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’opérations, aucune information précise ou officielle n’a filtré sur l’état d’avancement du ratissage, encore moins sur son bilan. Nos sources n’ont également pas pu affirmer si ladite opération risque de s’inscrire davantage dans la durée. Nous y reviendrons.

Ahmed. B.

mardi 13 octobre 2009

Kamel Tahir ancien gardien de but de la JSK : ''Je souhaite que la JSK retrouve son lustre d’antan''

Connu pour son tempérament de gagneur, il a pu conquérir le cœur des supporters kabyles, pendant les sept années, qu’il a passées avec la JSK. Kamal Tahir s’est donné corps et âme pour les couleurs du club phare du Djurdjura, aujourd’hui, il nous relate son passage avec les Canaris.

La Dépêche de Kabylie : Qui est Kamel Tahir ?

Kamel Tahir : Je suis originaire de Draâ El Mizane et je suis né en 1945 à St-Eugène, j’ai commencé à taper dans le ballon comme tout jeune de mon époque dans mon quartier, d’ailleurs, lors de mes débuts dans le football, je jouais comme avant-centre avant de me reconvertir au poste de gardien de buts parce que j’étais influencé par les grands gardiens de buts de l’époque. J’ai signé ma première licence en cadets avec la formation de St-Eugène, juste après l’indépendance, ensuite, je suis parti au Danemark où j’étais resté une année avant de revenir au pays et intégrer l’équipe de l’USM Alger .

Comment avez-vous intégré la JSK ?

Après avoir passé 4 années avec l’USMA , où j’ai prouvé mes capacités, Amar Zegrour, qui était responsable de la JSK, est venu me contacter pour rejoindre le club, il faut dire aussi, que durant la saison 68-69, j’ai fait un grand match face à la JSK à Tizi Ouzou.

Alors, j’ai tapé dans l’œil des dirigeants de l’époque, qui cherchaient un gardien de buts, donc je suis allé voir le président Abdelkader Khalef, auquel je veux rendre un vibrant hommage au passage, car c’était lui qui a mis la JSK sur les rails et c’est grâce à sa gestion que la JSK est devenue un grand club.

Racontez-nous vos débuts avec la JSK ?

Avant que je ne débarque à Tizi Ouzou, j’ai vu effectivement, le président Abdelkader Khalef, c’était en 1970, et je me rappelle qu’il y avait un tournoi où la JSK a pris part, au coté du CRB, une équipe Tchèque et l’équipe nationale de la police. J’avais fait un grand tournoi et le président m’avait convoqué encore une fois, pour négocier mon transfert, donc mon aventure avec la JSK a commencé en 1970.

Comment avez-vous trouvé la JSK à l’époque ?

Un grand club professionnel au sens propre du terme. On avait tout à notre disposition. Certes, j’ai trouvé un peu de difficultés au début, mais avec le temps, je me suis imposé grâce à ma classe et à mon caractère. En ce qui concerne le groupe, en lui-même, on vivait comme dans une vraie famille, on se respectait mutuellement et on se donnait à fond sur le terrain.

On jouait pour les couleurs du club et c’était justement là, où résidait la force de la JSK de cette époque.

Vous avez gagné plusieurs titres avec la JSK quel est le titre qui vous a le plus marqué ?

Avec la JSK, j’ai gagné surtout un nom car ce club m’a beaucoup donné, il ne faut pas être ingrat vis-à-vis du club. Pour le titre, j’ai gagné trois championnats et une Coupe d’Algérie, je dirais que le premier titre remporté par le club, restera gravé à jamais dans ma mémoire. C’était le jour que toute la Kabylie attendait depuis longtemps, voire son club remportait le championnat ! Toute la région était plongée dans une joie indescriptible, moi étant acteur de cette consécration, j’étais heureux et surtout fier de ma modeste contribution.

Vous avez fait plusieurs clubs avant d’atterrir à la JSK, quelle est la différence entre ces derniers et la JSK ?

Il y avait comme on dit Irgazen, des hommes, et à leur tête Abdelkader Khalef qui aimait vraiment le club et ils ont tout fait pour que ce dernier reste toujours au sommet.

Ajoutant à cela, cette rage de vaincre et cette motivation pour représenter dignement toute une région, d’ailleurs la JSK était une équipe à battre à chaque déplacement et on vivait une pression terrible avant chaque match dans les vestiaires.

On nous disait que celui qui a peur, n’a qu’à céder sa place, donc on était prêt à mourir sur le terrain pour les couleurs du club.

En quelle année avez-vous quitté la JSK ?

J’ai quitté le club en 1977 soit à l’âge de 32 ans, je pouvais encore continuer, malheureusement j’ai préféré arrêter car le climat était devenu de plus en plus insupportable pour moi, surtout avec l’arrivée du frère du président à la barre technique du club, je ne pouvais pas supporter sa gestion et surtout son tempérament.

Un jour, en coupe magrébine, il a fait joué CERBAH, alors que moi qui étais titulaire et en pleine forme, j’étais laissé sur le banc, disant que c’était la goutte qui a fait déborder le vase, j’ai pris la décision de quitter le club et de ne pas rejouer malgré que j’ai eu des propositions de la part d’autres clubs.

Vous avez été aussi sélectionné en équipe nationale ?

Absolument ! J’étais sélectionné à plusieurs reprises en catégories juniors, espoirs et l’équipe A, j’ai pris part aussi aux éliminatoires de la coupe du monde de 1974

Après votre retraite comme joueur, avez-vous entamé une carrière d’entraîneur ?

Au départ, quand j’ai rejoint la JSK, le président m’a proposé un boulot au sein d’une entreprise, après ma carrière de footballeur dans la section sports et travail. Entre temps, j’ai eu mon diplôme d’entraîneur de 2ème degré en 1992, ce qui m’a permis d’entraîner plusieurs clubs à l’image de l’USM Alger, le NAHD et le MCA et j’ai fait aussi partie du staff technique de l’équipe nationale en 2001 avec Djadaoui

Vous étiez alors l’entraîneur de Bougherara quand on a perdu face à l’Egypte par 5 buts à 2 ?

Ecoutez, il y avait beaucoup de choses qui ont été dites sur ce match et sur le rendement du gardien de buts, étant entraîneur des gardiens je tiens à préciser une chose, à la vielle du match, le gardien était venu me voir et il m’a dit qu’il se sentait bien, je lui ai dit que c’est une match à 200 à l’heure, il faut vraiment être au top de ta forme, je l’ai, donc incorporer d’entrée, avant qu’il n’encaisse ce but bête sur balle arrêtée.

Après, il a fait signe de la main pour le faire sortir.

Au retour, on lui a fait une échographie et le médecin ma confirmé qu’il n’avait rien.

Que pensez-vous des gardiens de l’actuelle équipe nationale ?

Je pense qu’ils ont un bon niveau et surtout qu’il y a une relève, même si Gaouaoui part, il y a de jeunes gardiens qui émergent, pas seulement en équipe nationale mais aussi dans les clubs comme Zammamouche qui est jeune et a un avenir promoteur devant lui, pourvu qu’il travaille et se stabilise, d’ailleurs c’est la chose que je repproche à Chaouchi, à mon avis il ne devait pas quitter la JSK, car la JSK est un grand club ; moi personnellement, j’avais eu des propositions quand j’étais joueur mais je les ai toutes refusées car j’étais convaincu que je ne trouverais pas meilleur club que la JSK.

Un dernier mot pour conclure ?

Je souhaite de tout cœur que le JSK retrouve son lustre d’antan, car elle représente toute une région, voire un pays.

Sur un autre volet, j’espère que nos responsables prennent en considération la formation, actuellement nos jeunes sont abandonnés; la preuve et que l’équipe nationale est composée essentiellement de professionnels. Je vous remercie enfin pour cet espace que vous m’avez offert, afin de remémorer les moments que j’ai vécus avec la JSK.

Rubrique animée par Hamid Oukaci

Entretien avec Amgid, le Prolétaire : "L’artiste doit chercher ses mots !"

Natif du village Tizit dans la commune d’Illiltèn, le chanteur Amgid, de son vrai nom Merabet Amokrane, revient dans cet entretien sur l’évaluation de la chanson kabyle à travers la poésie. Brillant chanteur, cet artiste se dit plus poète que musicien, pour lui, il n y a pas d’art sans recherche.

La Dépêche de Kabylie : A quand remonte votre début dans la chanson .

Amgid : Cela remonte aux années 80 et même un peu avant. Au début, j’ai dénoncé toute forme d’impérialisme et de dictature, la ligne politique de l’Amérique et celle de l’ex URSS. Un chanteur de gauche quoi, mais je ne cautionnais aucun extrémisme. Il s’avère que le capitalisme dans son essence est immoral, peu enclin à la justice... Après ce fut les évènements du Printemps 80, ce qui a donné une autre dimension à la chanson kabyle. Avec beaucoup d’autres, comme Ferhat, nous avons soutenu la cause berbère , je chante encore en faveur de celle-ci, car je crois qu’on n’en a pas encore fini avec les dérives du pouvoir d’Etat actuel. Au cours de la même année, en 80, je fus arrêté à l’aéroport d’Alger à cause de certains titres de mes chansons. Il est utile de signaler que mes deux premiers albums avaient un ancrage prononcé avec la réalité politique algérienne.

Quel est votre avis sur la chanson kabyle actuelle ?

Musicalement chacun est libre d’écouter ce qu’il veut, mais en matière de langue, nous devons respecter le contexte et le texte. On entend des chansons composées en trois langues ! Cela porte préjudice à notre culture en général et à la langue en particulier, il se trouve que l’on fuit la recherche et l’originalité la base de toute œuvre artistique. On évite de puiser dans nos sources et ressources pour tomber dans la facilité et le simplisme, pourtant, nous avons une langue et une culture très riches, un patrimoine de vitalité. Actuellement , il y en est qui veulent faire de Tamazight du Créole, une demi-langue. Chacun est libre aussi de chanter avec d’autres langues, mais pas en usant de slogans passés et repassés ! Celui qui ne peut pas faire de la poésie kabyle, au sens propre du terme, doit chercher ses mots et respecter sa langue.

Cette débauche de production en tout genre semble voulue sur le plan politique. Il faut qu’on arrive à produire en Tamazight, à produire bien et à promouvoir la qualité du contenu comme de la forme, on devrait pouvoir faire des documentaires culturels et scientifiques par exemple. Les proverbes, les contes, les anecdotes, l’histoire, les expériences de la vie, tout doit être transmis. Il ne faut pas faire de notre culture une lettre perdue en cours de route, c’est quelque chose de mémorable et de vivant !

Des slogans, qu’est ce que vous voulez dire par cela ?

Il n y a pas de poésie dans la chanson actuelle, surtout pas dans le“spécial fête”, c’est une chanson d’appoint et d’ambiance, sans aucune recherche musicale ou politique pouvant apporter un plus à notre culture.

En ce qui me concerne, je me considère plus comme poète. Voyez Edith Piaf, elle a une force vocale extraordinaire, et encore on n’a pas besoin de connaître le français pour sentir cela. En matière de musique, chaque style à son auditoire. Il n’y a pas de musique intelligente au sens rap, il faut dire que chaque style à sa vocation. Ce qui se passe reste un effet de mode, peut être que la chanson kabyle vit une période de transition, elle vit son époque comme on dit. La vision change d’une époque à l’autre est-ce mieux ? Est-ce plus moderne ? Chanter l’amour oui, mais pas de manière vulgaire ! Il n y a plus de messages à transmettre ? ça c’est grave ! Il faut chanter dans une langue travaillée, c’est la moindre des choses.

On sent que la culture occidentale domine. Pour sa qualité. Nous devons pouvoir produire en tamazight des textes et une musique modernes en accord avec les exigences de notre temps.

Propos recueillis par A. Boufatis

lundi 12 octobre 2009

Émeutes cycliques, routes barricadées et protesta rythment la vie sociale à Tizi Ouzou

La colère est montée d’un cran dans les quartiers de la ville de Tizi Ouzou depuis quelques jours. Désormais, pour exprimer leurs doléances, souvent nombreuses, les citoyens recourent à l’action de la rue. Plusieurs quartiers ont manifesté leur colère par le recours aux barricades et autres émeutes sociales. Samedi dernier, ce sont les habitants de la cité 5-Juillet, appelée communément les 240-Logements, à l’entrée ouest de la ville des Genêts, qui ont manifesté leur courroux en bloquant la RN12, à proximité de la gare routière. Dès le matin, les jeunes du quartier ont barré la route, un axe routier au trafic important, à l’aide de pneumatiques usagés et de blocs de pierres. Une gigantesque fumée noirâtre se dégage des pneus enflammés. Les automobilistes qui arrivent sur place sont contraints de rebrousser chemin.

Le maire de Tizi Ouzou a tenté de convaincre les manifestants de surseoir à leur action, en vain. “Apparemment, c’est le seul langage que comprennent les pouvoirs publics”, fulmine un manifestant visiblement en colère. Son courroux semble justifié si l’on prend en considération les revendications qu’il énumère devant l’édile municipal. “Le ramassage des ordures n’est pas assuré de manière régulière, la conduite d’assainissement a éclaté par endroits avec tous les risques sur la santé publique, le programme de l’aménagement urbain a zappé notre quartier”, proteste notre interlocuteur. C’est parce que les canaux traditionnels du dialogue ont montré leur manque d’efficacité que les citoyens recourent à cette forme d’expression, tente d’expliquer un représentant du quartier.

Car, selon ce dernier, le comité de quartier n’a pas cessé de “moisir” dans les couloirs de l’administration. Mais à chaque fois, les délégués des citoyens reviennent bredouilles. “Que de promesses !”, dénonce-t-on. Les manifestants menacent de revenir à la charge si jamais leurs revendications ne trouvent pas d’oreille attentive auprès de qui de droit. La semaine passée, ce sont deux autres quartiers qui ont exprimé leur ras-le-bol par le même procédé. Et pratiquement pour les mêmes motifs. Il s’agit du quartier Krim-Belkacem de la Nouvelle-Ville et de la cité Bekkar.

Les manifestants, en fermant la route, ont voulu dénoncer le délaissement de leurs quartiers par les pouvoirs publics. Ils réclament notamment le bitumage de la route, la viabilisation de leurs cités respectives et le ramassage des ordures. Le 28 septembre, deux autres quartiers résidentiels, où il faisait bon vivre, il n’y a pas longtemps, ont recouru au langage de la rue en fermant deux importants axes routiers. Les habitants des quartiers les Tours-Villas et Bouaziz avaient procédé à la fermeture des rues Khodja-Khaled et Kerrad-Rachid.

Le déplacement du chef de daïra de Tizi Ouzou sur les lieux de la manif n’a pas dissuadé les manifestants à crier leur colère. La cité les Tours-Villas, qui a acquis la renommée de quartier chic dans un passé récent, est livrée à son triste sort aujourd’hui. Le quartier est situé dans une zone inondable. Et à chaque approche de la saison des pluies, les habitants vivent avec une angoisse qui fait arracher les cheveux. La rue principale qui balafre le quartier est complètement défoncée. Même les trottoirs ont disparu, puisqu’il n’y a ni pavé ni carrelage, et les caniveaux, quand ils existent, sont dans un piteux état, regrette-t-on par ailleurs. Enfin, avec la montée au créneau des victimes de l’attentat à la bombe qui avait pulvérisé le siège des renseignements généraux de Tizi Ouzou, le 3 août 2008, c’est la boucle de la protesta qui est bouclée. Les riverains du siège de la police revendiquent l’indemnisation de leurs véhicules que l’engin explosif avait réduit en tas de ferraille.

Par : Yahia Arkat

dimanche 11 octobre 2009

Glissements de terrain à Aïn El Hammam

Le bureau d’études chargé de l’examen du mouvement des terrains qui menace les villes de Aïn El Hammam et de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a livré avant-hier, son rapport préliminaire.

La première étape des investigations entamées depuis la fin juin 2008 a permis de localiser avec exactitude la surface vulnérable concernée par le glissement et le dégagement des mesures d’urgences à mettre en place en attendant la fin de l’étude. Cette dernière devra, selon, le représentant du bureau, prendre encore 6 mois avant de déterminer définitivement les solutions idoines pour stopper le mouvement, mais surtout épargner la perte de vies humaines. Les techniciens du groupement franco-algérien ont, toutefois, affirmé que « la premier étape de l’étude démontre qu’il n’y a aucun mouvement ou un événement en préparation dans la région de Aïn El Hammam.

Mis à part la superficie vulnérable soumise à l’étude, il n’y a pas d’autres points de glissement dans cette zone ». Cependant, ils confirment de manière scientifique que le glissement de Aïn El Hammam est en perpétuel mouvement au niveau de la rue Amirouche, la rue Bounoir jusqu’à la crête du village Sidi Saïd sur une superficie de 2 ha. Après les sondages carotiques, il est démontré également que la partie urbanisée sujette au glissement est érigée sur 4 à 10 m de remblai et de schiste altéré. A noter que sur les 187 ha mis à l’étude, la zone concernée par le glissement s’étend sur 10 ha. La même technique a prouvé également, qu’en plus de la présence du remblai, plusieurs zones de dépression dont des poches d’eaux on été repérées.

S’agissant des causes du glissement, les techniciens se sont montrés prudents, étant donné que l’étude n’est qu’à 50% de sa première étape. Ils avancent, cependant, que : « D’après l’étude topographique et les images satellitaires, les causes du mouvement ont un rapport avec le relief pentu du sol et l’inclinaison des couches. Et, probablement aussi aux nombreuses zones humides qui expliquerait la rupture des couches. » Les prochaines précipitations sont appréhendées par les spécialistes.

« Ça va encore bouger ! Le glissement dépend des précipitations ; pis encore, il y a toujours des inconnues (des données techniques) ». À cet effet, le bureau préconise : « Dans l’urgence, la mise en place de la surveillance réseau : un dispositif de surveillance et d’alerte. En deuxième lieu, la démolition du bâti dans la zone urbanisée pour soulager le glissement au niveau du boulevard Amirouche et le captage des eaux pluviales. » Du côté de Tigzirt, le danger est de moindre importance, indique-t-ils.

Il s’agit, pour les scientifiques, d’une coulée de roches qui se précipite dans la mer, aidée par la pente et l’érosion marine et le ruissellement des eaux pluviales. Se voulant rassurant, le chargé de l’étude explique : « La partie urbanisée n’est pas concernée, mais en aval, la route nationale sera touchée. » Au terme du conseil, le wali de Tizi Ouzou a insisté sur le volet humain. A cet effet, une commission mixte a été mise en place pour examiner les dossiers des commerçants qui ont perdu leurs locaux. Par-là même, il ordonna à la DTP de prendre en charge le confortement de l’école primaire du chef-lieu.

Par Nordine Douici

«MAMMERI A DIT» DE AOMAR AÏT AÏDER

Des écrits importants de Mouloud Mammeri et des lectures sur différents aspects de la question amazighe enrichissent le livre.

Les éditions l’Odyssée de Tizi Ouzou viennent de mettre sur le marché un nouveau livre sur l’écrivain Mouloud Mammeri. L’auteur, Aomar Aït Aïder a été l’hôte de la librairie Cheikh, jeudi dernier, pour présenter et dédicacer son ouvrage. Le livre en question regroupe plusieurs informations, mais principalement une longue interview réalisée par l’auteur sur un support audiovisuel en août 1984 dans la maison du romancier à Alger.

«Un quart de siècle après sa réalisation, nous la transcrivons pour la première fois sur support papier et nous la sauvons de la dégradation en la numérisant», explique l’auteur, enseignant à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. L’entretien en question avait été réalisé entièrement en langue kabyle. L’auteur a dû le traduire en français afin qu’il puisse être accessible à un plus grand nombre de lecteurs. Le choix d’éditer l’ouvrage 25 ans plus tard est suscité par le fait que l’interview en question reste d’actualité.

Selon Aomar Aït Aïder, les analyses qui y sont développées, n’ont rien perdu de leur pertinence. Le message véhiculé garde tout son sens. «Dans la traduction en français, nous avons tenu à reproduire fidèlement le propos de Mouloud Mammeri en évitant tout ajout de notre part», précise l’interviewé. Pour étoffer son ouvrage, l’auteur a eu recours à Internet d’où il a extrait de nombreuses informations, notamment des éléments caractérisant les personnalités historiques citées par Mouloud Mammeri.

L’auteur a eu l’honnêteté intellectuelle de signaler dans son introduction que ces informations sont relevées du site wikipédia sans se les attribuer. Il est aussi expliqué que le choix d’évoquer même succinctement ces figures ayant marqué Tamazgha (la Berbérie) permet de faire le lien avec «notre époque» et ce lien, c’est naturellement autour de Mouloud Mammeri qu’il s’établit: «En opérant la jonction entre une société berbère traditionnelle menacée de disparition et une société berbère moderne pour laquelle tous les espoirs d’épanouissement sont permis, Mouloud Mammeri entre dans la légende et rejoint ses illustres aïeux, se retrouvant ainsi dans une sorte de panthéon berbère», explique Aomar Ait Aider.

Au vu de son sommaire, le livre de Aomar Aït Aïder est davantage un recueil de documents qu’un essai. En plus des notes biographiques des personnages berbères historiques, l’auteur reproduit un article paru dans la revue Awal, signé par Tahar Djaout, et écrit au lendemain du décès de Mouloud Mammeri, en février 1989, dans un accident de la circulation à Aïn Defla. On peut aussi trouver, dans cet ouvrage un extrait de La Guerre de Jugurtha, de Salluste et la dernière interview accordée par Mouloud Mammeri, deux jours avant sa mort au journal marocain Le Matin du Sahara.

Le livre se termine sur une brève biographie de Mouloud Mammeri ainsi que sur des citations de l’auteur de La Colline oubliée.

L’interview que propose Aomar Aït Aïder dans son ouvrage tourne beaucoup plus autour de la langue amazighe, son passé, son présent et son futur. Des déclarations importantes de Mouloud Mammeri et des lectures sur différents aspects de la question amazighe enrichissent le livre. Mammeri raconte son expérience de l’enseignement de tamazight au début des années 70: «A l’indépendance, j’avais acquis tous les diplômes qui se délivraient sur tamazight, que ce soit à Paris, à Rabat ou en Algérie. J’avais donc décidé de l’enseigner à mon tour. Je me suis naturellement rapproché de ceux qui avaient en charge l’éducation et l’enseignement à l’époque. Ma proposition ne les emballa point.

Le pays a d’autres priorités, m’expliqua-t-on. Il m’a fallu chercher d’autres voies et moyens. A l’époque, j’enseignais à l’université un module d’ethnologie. Ce fut par le biais de ce module que j’introduisis tamazight à l’université. Son enseignement fut toléré jusqu’en 1973, même si la discipline que j’enseignais officiellement, l’ethnologie, fut supprimée entre-temps». Quand on lit ce témoignage et qu’on observe la situation de l’enseignement de tamazight aujourd’hui, il est aisé de conclure que l’avancée enregistrée par cette langue maternelle de millions d’Algériens constitue une vraie révolution en terme de politique linguistique dans notre pays.

Sur le plan scientifique, Mouloud Mammeri apprend au lecteur que ceux qui ont lu l’histoire savent que tamazight s’écrivait depuis les premiers temps, depuis l’antiquité. Elle s’écrivait avec des caractères qui sont les siens, ceux que nous appelons aujourd’hui tifinagh et qui sont appelés le libyque en français. L’alphabet berbère est l’un des premiers du monde, apprend-on.

«Ce n’est pas un alphabet que nous aurions mis au point ou qui serait le seul fait des Touareg actuels. Il a au moins deux mille ans d’existence. Ces écritures, on peut les retrouver sur des pierres qui sont restées de l’antiquité ou des monuments comme celui de Massinissa dans la région de Constantine».

«Les écriteaux qui sont sur le monument de Massinissa sont en tamazight. Ils sont le fait de son fils Makawsen», élucide Mammeri.

Aomar MOHELLEBI

HISTOIRE : Réédition de Recherche sur l’origine des Berbères

Des livres qui évoquent la culture, la langue et l’histoire berbères sont innombrables, mais l’exclusion dont a fait l’objet cette langue jusqu’à 1995, a fait qu’elle a été d’autant plus marginalisée même sur le plan éditorial. Ce genre de livres, une fois épuisés, ne font plus l’objet de rééditions comme c’est le cas pour les autres domaines.

Certains de ces ouvrages ne sont disponibles qu’à l’étranger, principalement en France. Mais depuis une quinzaine d’années, les choses évoluent dans le bon sens grâce à une certaine ouverture, mais aussi compte tenu de l’apport important des éditeurs privés. L’un des ouvrages qui est proposé aux lecteurs et s’intéressant au domaine berbère est Recherches sur l’origine des Berbères de M.G Olivier.

L’auteur de cet ouvrage explique que, de la position géographique de la Berbérie, «il m’a semblé légitime de conclure que ce long littoral avait dû recevoir ses premiers colons de l’Asie, de l’Italie, de l’Espagne et de l’Espagne, peut-être avant l’Italie et l’Asie elle-même.
Cherchant alors quelles races de peuples avaient dû sortir de ces trois pépinières humaines, j’ai trouvé tout d’abord trois principaux facteurs probables de la race berbère: à l’Orient, les Laones ou Aouas, désignés par leurs voisins sous le nom de Libyens; au Centre et au Couchant sans doute les Ausones et les Ibères, ensuite au couchant encore les Celtes, Gadhels ou Gétules. Plus tard, seraient venus se mêler à ces premières assises, des Iraniens, s’il faut en croire Hiempsal et les traditions puniques». Cet extrait de la conclusion du livre de M.G.Olivier n’est qu’une partie infime des données historiques que l’auteur y développe dans ce livre de 140 pages.

Des informations qui sont à même de faire découvrir nos origines les plus lointaines.

Aomar MOHELLEBI

Nnig Usennan de Boualem Rabia

Boualem Rabia est incontestablement l’un des auteurs les plus compétents dans le domaine amazigh. Un véritable spécialiste dans la traduction français-tamazight et tamazight-français.

Cela ne pourrait pas être un hasard si les réalisateurs de films en tamazight lui font souvent appel et lui font confiance pour l’écriture des dialogues à partir de scénarios rédigés dans les deux langues, française et kabyle.

Cet enseignant de français au lycée d’Azazga est très discret. Il écrit, traduit et produit, loin des lampadaires. C’est pourquoi, la parution d’un nouvel ouvrage de cet écrivain est toujours un événement culturel dans la région de Kabylie et dans le milieu littéraire berbère.

Il a déjà publié un excellent ouvrage Florilège de poésie kabyle dans lequel il est allé puiser des poèmes du terroir kabyle. Puis, il en fait une traduction d’un très bon niveau. Le livre devient une référence en la matière. Un précieux ouvrage que les universitaires gagneraient à consulter et à lire régulièrement pour avoir une idée de ce qu’est un véritable travail de recherche.

Boualem Rabia est devenu, par cet ouvrage et par ses traductions ainsi que ses dialogues dans les films amazighs, une véritable référence en la matière. Au moment où on croyait que sa vocation se limitait uniquement à la traduction, même si la traduction est un art très difficile à maîtriser, voilà que Boualem Rabia rebondit avec un nouveau genre littéraire, celui de romancier.

Quand on sait combien le roman est le parent pauvre de la production livresque en langue amazighe, on ne peut que se réjouir de l’annonce de la parution d’un nouveau roman dans cette langue qui renaît de ses cendres depuis son introduction en 1995 dans le système éducatif. Boualem Rabia publie ainsi, un premier roman intitulé Nnig Usennan. Le roman est publié dans le cadre de la collection «Aru, études et textes amazighs» des Editions l’Odyssée.

Le roman est préfacé par Mohand Akli Salhi, enseignant au département des langue et culture amazighes de l’université de Tizi Ouzou.

Aomar MOHELLEBI

AdSense