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dimanche 11 octobre 2009

«MAMMERI A DIT» DE AOMAR AÏT AÏDER

Des écrits importants de Mouloud Mammeri et des lectures sur différents aspects de la question amazighe enrichissent le livre.

Les éditions l’Odyssée de Tizi Ouzou viennent de mettre sur le marché un nouveau livre sur l’écrivain Mouloud Mammeri. L’auteur, Aomar Aït Aïder a été l’hôte de la librairie Cheikh, jeudi dernier, pour présenter et dédicacer son ouvrage. Le livre en question regroupe plusieurs informations, mais principalement une longue interview réalisée par l’auteur sur un support audiovisuel en août 1984 dans la maison du romancier à Alger.

«Un quart de siècle après sa réalisation, nous la transcrivons pour la première fois sur support papier et nous la sauvons de la dégradation en la numérisant», explique l’auteur, enseignant à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. L’entretien en question avait été réalisé entièrement en langue kabyle. L’auteur a dû le traduire en français afin qu’il puisse être accessible à un plus grand nombre de lecteurs. Le choix d’éditer l’ouvrage 25 ans plus tard est suscité par le fait que l’interview en question reste d’actualité.

Selon Aomar Aït Aïder, les analyses qui y sont développées, n’ont rien perdu de leur pertinence. Le message véhiculé garde tout son sens. «Dans la traduction en français, nous avons tenu à reproduire fidèlement le propos de Mouloud Mammeri en évitant tout ajout de notre part», précise l’interviewé. Pour étoffer son ouvrage, l’auteur a eu recours à Internet d’où il a extrait de nombreuses informations, notamment des éléments caractérisant les personnalités historiques citées par Mouloud Mammeri.

L’auteur a eu l’honnêteté intellectuelle de signaler dans son introduction que ces informations sont relevées du site wikipédia sans se les attribuer. Il est aussi expliqué que le choix d’évoquer même succinctement ces figures ayant marqué Tamazgha (la Berbérie) permet de faire le lien avec «notre époque» et ce lien, c’est naturellement autour de Mouloud Mammeri qu’il s’établit: «En opérant la jonction entre une société berbère traditionnelle menacée de disparition et une société berbère moderne pour laquelle tous les espoirs d’épanouissement sont permis, Mouloud Mammeri entre dans la légende et rejoint ses illustres aïeux, se retrouvant ainsi dans une sorte de panthéon berbère», explique Aomar Ait Aider.

Au vu de son sommaire, le livre de Aomar Aït Aïder est davantage un recueil de documents qu’un essai. En plus des notes biographiques des personnages berbères historiques, l’auteur reproduit un article paru dans la revue Awal, signé par Tahar Djaout, et écrit au lendemain du décès de Mouloud Mammeri, en février 1989, dans un accident de la circulation à Aïn Defla. On peut aussi trouver, dans cet ouvrage un extrait de La Guerre de Jugurtha, de Salluste et la dernière interview accordée par Mouloud Mammeri, deux jours avant sa mort au journal marocain Le Matin du Sahara.

Le livre se termine sur une brève biographie de Mouloud Mammeri ainsi que sur des citations de l’auteur de La Colline oubliée.

L’interview que propose Aomar Aït Aïder dans son ouvrage tourne beaucoup plus autour de la langue amazighe, son passé, son présent et son futur. Des déclarations importantes de Mouloud Mammeri et des lectures sur différents aspects de la question amazighe enrichissent le livre. Mammeri raconte son expérience de l’enseignement de tamazight au début des années 70: «A l’indépendance, j’avais acquis tous les diplômes qui se délivraient sur tamazight, que ce soit à Paris, à Rabat ou en Algérie. J’avais donc décidé de l’enseigner à mon tour. Je me suis naturellement rapproché de ceux qui avaient en charge l’éducation et l’enseignement à l’époque. Ma proposition ne les emballa point.

Le pays a d’autres priorités, m’expliqua-t-on. Il m’a fallu chercher d’autres voies et moyens. A l’époque, j’enseignais à l’université un module d’ethnologie. Ce fut par le biais de ce module que j’introduisis tamazight à l’université. Son enseignement fut toléré jusqu’en 1973, même si la discipline que j’enseignais officiellement, l’ethnologie, fut supprimée entre-temps». Quand on lit ce témoignage et qu’on observe la situation de l’enseignement de tamazight aujourd’hui, il est aisé de conclure que l’avancée enregistrée par cette langue maternelle de millions d’Algériens constitue une vraie révolution en terme de politique linguistique dans notre pays.

Sur le plan scientifique, Mouloud Mammeri apprend au lecteur que ceux qui ont lu l’histoire savent que tamazight s’écrivait depuis les premiers temps, depuis l’antiquité. Elle s’écrivait avec des caractères qui sont les siens, ceux que nous appelons aujourd’hui tifinagh et qui sont appelés le libyque en français. L’alphabet berbère est l’un des premiers du monde, apprend-on.

«Ce n’est pas un alphabet que nous aurions mis au point ou qui serait le seul fait des Touareg actuels. Il a au moins deux mille ans d’existence. Ces écritures, on peut les retrouver sur des pierres qui sont restées de l’antiquité ou des monuments comme celui de Massinissa dans la région de Constantine».

«Les écriteaux qui sont sur le monument de Massinissa sont en tamazight. Ils sont le fait de son fils Makawsen», élucide Mammeri.

Aomar MOHELLEBI

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