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mardi 15 septembre 2009

VUE GÉNÉRALE SUR L’ÉDITION DU DOMAINE AMAZIGH : Une relative qualité

Quatre axes de production ont caractérisé à ce jour l’édition du domaine amazigh en général. Il y a l’axe des études des sciences humaines (l’anthropologie, l’ethnographie, la sociologie, l’histoire etc.).

Dans le domaine des sciences humaines, l’édition s’est articulée autour des analyses, d’exposés et des interprétations du monde amazigh. Les auteurs sont dans leur écrasante majorité étrangers, français particulièrement. Le second axe a trait au domaine de la description linguistique de la langue et de sa préparation à son enseignement mais sous la forme informelle et dans les années 1970.

Aux côtés des œuvres exceptionnelles du professeur Mouloud Mammeri, cet axe s’est enrichi de nouvelles productions. Le troisième axe, plus récent et plus développé, est celui de la production littéraire globale directement d’expression amazighe. En effet, depuis 1989, un foisonnement de publications a vu le jour dominé par les recueils de poésie (de création ou de reprise), de quelques nouvelles, de romans, d’éphémérides, d’agendas culturels, de traductions diverses, de revues périodiques plus ou moins à courte durée de vie (mis à part la revue Timmouzghra encore en parution).

Pour la seule institution du H.C.A, nous notons dans la collection Idlisen nnegh (nos livres) plus de 90 productions soutenues tous domaines confondus. Le quatrième axe se rapporte à une édition spécifique sous la forme d’actes de colloques, de séminaires, de compte-rendus de stages de formation etc. Deux productions complémentaires de ce dernier axe concernent d’une part le livre scolaire et para-scolaire didactique, encore à ses débuts et d’autre part une quantité notable de mémoires, d’études et d’enquêtes scientifiques substantielle et de bonne facture réalisée par les étudiants et leurs promoteurs au niveau des instituts amazigh de Bgayet, Tizi Ouzou et l’institut amazigh de Bouira, même de création récente).

Quant au cinéma d’expression amazigh, bien qu’il enregistre quelques titres, il demeure encore au stade de balbutiement. Le théâtre par contre occupe une place non négligeable. Le monde de la chanson est aussi une constante de la production. S’il est difficile et délicat d’émettre un avis sur la qualité des productions écrites, fond et forme, il est cependant aisé de relever une volonté dynamique qui anime des auteurs qui s’essaient à la création.

Toutefois l’effort fourni se débat face à l’absence de références thématiques, de modèles, de données, d’orientations et d’expériences de soutien à l’exemple des avantages d’époques cumulés ailleurs comme les belles-lettres, le théâtre, le cinéma, la musique etc. Autrement dit, nous n'avons pas de littérature berbère à “exhumer de la poussière des bibliothèques” pour alimenter, conseiller et orienter les besoins et les créations nouvelles. Le maigre patrimoine écrit hérité des anciennes générations est très insuffisant pour constituer une base de large indication hormis la célèbre compilation de Belaïd Aït Ali qui reste un best-seller en milieu kabyle.
Rappelons également que la langue amazighe s’est développée, jusqu’à une époque très récente, sans la contribution de l’école et de tout autre moyen moderne d’apprentissage, de croissance et de communication dont elle a été plutôt privée et dépossédée. Ce qui peut expliquer une relative qualité de l’édition amazighe constatée par divers avis. Avec sa nouvelle entrée dans le monde scolaire et universitaire, il est évident que l’écrit militant, néanmoins respectable, doit céder du terrain à l’initiative professionnelle.

Cela étant, les productions sont tributaires de la sanction populaire et les résultats sont encore longs à réaliser. En retour, la langue berbère a l’avantage de ne pas vivre de dualité et certains côtés embarrassants tels le classicisme et son corollaire l'opposition entre une langue ancienne et une langue savante moderne. Autrement dit, il n’y a pas de langue de “classe” qui subdivise la société amazighe en couches sociales. Il y a une langue dans son état naturel, non encore affectée ni asservie par le formalisme.

Elle demeure encore équilibrée, précise et surtout non prisonnière des “cadres rigides” d’où découlent les notions, le plus souvent imaginaires, de haute et de basse littérature. De plus la langue berbère se trouve à égale distance du passé et du temps présent.

Ce sont là autant d'atouts qui la prédisposent à pouvoir parler et témoigner de l’histoire comme elle peut accompagner l’homme dans ses visions présentes et futures. Mais la production actuelle semble buter, en terme de qualité, contre la transition et le passage de l’oral vers l’écrit. L’expérience est difficile à réaliser car délicate et fragile.

Par : Abdennour Abdesselam

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