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mercredi 7 octobre 2009

Les feintes de Hannachi, le poujadiste

Invité, hier soir, de l’émission Addal+ de Berbère TV, le président de la JSK a tenté d’expliquer la situation du club et a été surtout interpellé, par de nombreux courriels, sur le sulfureux contrat de sponsoring signé avec le quotidien Echourouk.

Un premier dérapage antisémite d’abord. « Echorouk n’est pas un journal juif que je sache ! », tempête Hannachi en direct depuis Paris, la ville lumière.

Passons, l’antisémitisme étant intégré comme un « vice normal » dans la culture nationale, d’autant que l’animateur oublie de relever cet écart et semble même lui donner acte en apostrophant son invité par un :
« C’est justement Echourouk qui traite les Kabyles de juifs ! »

Globalement, Hannachi a fait mine de ne pas comprendre le fond des critiques essuyées à propos du parrainage d’Echourouk, dont la ligne éditoriale s’inscrit dans les « non-valeurs » – le vocable est de Abdou Bouziane – islamo-populistes. L’ancien stoppeur de la JSK choisit la feinte affolée et le « botage » en touche. Il tente de réduire le sujet à un problème de langue arabe, de concurrence avec La Dépêche de Kabylie, dont il convoquait la pertinence, par ailleurs, lors d’une diatribe anti-Lang à propos de la méforme des joueurs, le journal ayant noté que la JSK avait gagné sans brio face à l’AS Khroub.

Brouillon, il met au défi ceux qui sont contre le sponsoring de lui procurer « 1,2 milliard de centimes » de manque à gagner qui en résulterait, un défi qui traduit une approche mercenaire de la question du financement du club et un déni de critique à l’encontre de tous les supporters moins les éventuels milliardaires d’entre eux. Hannachi qui avoue ne pas lire l’arabe, tente de défendre, plutôt mal que bien, Echorouk. « S’il dit du mal de la région, il ne peut le tenir que des Kabyles qui appartiennent à sa rédaction. » Acculé, il prétend qu’Echorouk va s’amender du fait de son rapprochement avec la JSK. Le monde à l’envers quoi ! Ce serait celui qui paye qui s’adapterait aux exigences de celui qui reçoit ? « Echourouk est un journal algérien et je ne vois pas pourquoi je vais me défaire de son sponsoring », croit triompher Hannachi.

Ainsi l’ algérianité est présentée comme un mérite en soi qui dispenserait de tout autre considération, un peu l’inverse de la judéité, une tare inexpiable comme chacun le sait. Pourtant c’est là une qualité que partagent tant de gens, de Bokhaüs, le gendre félon d’un certain Jugurtha, à ceux qui saignent à blanc l’économie nationale en passant par les éventreurs de femmes. Mais Hannachi, qui joue son jeu tout en se cachant derrière son jeu, ne tardera pas à perdre le ballon. Il cesse enfin de parler de napperons là où il est question de… torchon. Une phrase prononcée par le chairman trahit une nette perception des enjeux liés au dossier de sponsoring d’Echourouk. « On m’a donné le choix de transcrire le nom du journal en arabe, en tamazight ou en latin et j’ai opté pour cette dernière graphie », révèle-t-il.

Ouf ! Il n’est donc pas bête l’animal ! Car cette latitude graphique, qui jure avec toutes les théories du marketing et de la gestion d’image, n’est consentie, on s’en doute, à aucun autre club algérien. Au total, Hannachi confirme tout le bien que beaucoup pensent de lui : un poudjadiste, c’est-à-dire un politicien à courte vue, qui a fini par désincarner un fort symbole de la région kabyle. Sa gestion faite d’un continuel « rentre-dedans » avec les valeurs de démocratie, de pluralité et de progrès partagées par l’immense majorité des supporters des Canaris aura fini par donner un club, qui collectionnait les lauriers de guerres, sur un brouillage notable de sa mission et de son identité dont l’affaire Echourouk n’est qu’un énième avatar.

Du maladroit hommage aux «sinistrés de Bab El-Oued» au plus fort de la répression contre la Kabylie durant le Printemps noir au burnous offert à Belkhadem, parfait parangon du crypto-islamiste officiel, combien de fois les supporters ont dû ravaler leur rage par la faute d’un Hannachi, aux troubles ambitions, qui fait tout pour faire de la JSK ce qu’elle n’est pas ? La mythique JSK qui soulevait l’enthousiasme des foules et la verve des poètes n’est plus qu’un « club comme les autres » auxquels ses supporters, qui s’accrochent à une résurrection sans cesse ajournée, vouent un ambigu rapport d’attraction-répulsion.

La régression des ambitions, avec cette incapacité de passer au challenge de la Champions League africaine, se conjugue avec la stagnation organisationnelle, avec le refus de transformer la JSK en SPA, idée novatrice et transparente suggérée par Rebrab puis Haddad, deux potentiels bailleurs avec lesquels Monsieur Hannachi refuse de s’entendre. Tant et si mal que la grande JSK a fini par devenir une pale copie d’elle-même en jouant au petit-bonheur-la-chance le championnat et en se contentant de challenges dont elle a, depuis longtemps, épuisé le charme.

Mohamed Bessa

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