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dimanche 15 novembre 2009

LA DERNIÈRE CIGARETTE DE ALI BERKENOU : Une fiction sur le marasme de la jeunesse

«Qui aurait le courage de mettre son argent dans un domaine gangrené par le piratage?»

Son deuxième film, entièrement en langue amazighe, intitulé La Dernière cigarette, n’est pas du tout passé inaperçu. Le public a apprécié cette production qui vient combler un vide en la matière. Ali Berkenou, rencontré à Tizi Ouzou, avoue que la réalisation de son film n’a pas du tout été une sinécure. Il a travaillé dans des conditions très difficiles et avec des moyens financiers plus que dérisoires. «Quand nous avons donné le premier coup de manivelle, nous disposions de 30.000 DA», révèle-t-il. Mais là où l’argent manque, la volonté peut parfois le remplacer. C’est donc la volonté conjuguée du réalisateur et de tous les comédiens qui a permis au film La Dernière cigarette de voir le jour. Le film de 66 minutes a nécessité deux années entières de travail. Le film raconte le marasme de la jeunesse dans le milieu rural kabyle. L’auteur du scénario a voulu mettre en exergue les facteurs qui incitent les jeunes au suicide, entre autres l’absence de communication dans nos familles. Amar, le personnage principal décide de se suicider pour des tas de raisons. A chaque fois qu’il est contrarié, il fume une cigarette qui le rapproche de plus en plus du geste fatidique. Le long métrage a été tourné au village Ikharbane, dans la région de Maâtkas, wilaya de Tizi Ouzou. C’est un ancien comédien et notaire, à savoir Abderrahmane Kamel qui a financé la location de la caméra. Ce dernier a joué le rôle de Menache dans la Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh, adapté du roman de Mouloud Mammeri. D’autres scènes du film ont été jouées à Djemâa Saharidj et dans la ville de Tizi Ouzou, précise le réalisateur, qui ajoute qu’une fois visionné, le film était parfait sauf en matière de prise de son. Des lacunes y avaient été relevées. C’est difficilement qu’il a été possible de corriger ce problème qui aurait pu faire évaporer un travail de si longue haleine. Finalement, la bande a pu être récupérée et retravaillée. A la sortie du film, les cinéphiles ont salué les efforts du réalisateur et des comédiens qui ont pu produire un tel travail avec si peu de moyens. Ali Berkenou nous confie, que certains spectateurs lui ont reproché la faiblesse des dialogues. Il répond que c’est la trame du film qui a exigé un tel scénario. Le personnage principal est un candidat au suicide, autiste de son état. Il était de ce fait introverti et peu communicatif. En outre, le cinéma est plus un langage de l’image. Ce film a participé à l’édition 2008 de Sétif du Festival du film amazigh. Le problème du piratage a également touché Le Dernière cigarette. A peine a-t-il été produit en DVD qu’il a fait l’objet de piratage. Le film s’est vendu et se vend encore à 80 DA sur les trottoirs. Le réalisateur déplore ces actes et dit qu’il aurait souhaité récupérer un peu d’argent afin de récompenser les comédiens qui ont travaillé sans contrepartie. Ali Berkenou a déjà produit une première fiction ayant été primée en 2002 lors du Festival du film amazigh d’Oran. Le film est intitulé D awal kan. C’est ce film qui lui a permis d’ouvrir une brèche vers le cinéma amazigh. Ali Berkenou est actuellement sur un nouveau projet de film, intitulé Le chant des cigales. Il avoue que le film, dans notre pays, n’est pas rentable du tout. «Il n’existe pas de producteurs et c’est tout à fait normal. Qui aurait le courage de mettre son argent dans un domaine gangrené par le piratage? Nous exerçons ce métier beaucoup plus par passion et par amour», conclut Ali Berkenou.

Aomar MOHELLEBI

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